Après un certain silence ponctué de tournées localisées et d'émissions d'éditions plus ou moins collector,
Agalloch revient avec un album dont l'édition démocratique n'est pas limitée à 2000 copies (mais la Black Box, si) et donc accessible à (à peu près) tout le monde. Il suffit de l'ironie, plongeons-nous au cœur du disque...
L'album commence avec une longue intro pour le moins bucolique : dans le cadre d'une nature piou-pioutante et ruisselante, un violoncelle égrène une mélodie langoureuse et mélancolique, qui me fait presque penser à du
Virgin Black, et j'ai peur que la suite ne soit trop doom / mélodramatique.
Que nenni. Car d'un coup, c'est le souffle, la bourrasque, un coup de blizzard de coeur d'hiver qui balaie le paysage précédemment dépeint,à n'en plus reconnaître la nonchalance du groupe : "Into the Painted
Grey". Impression qui s'estompe vite, car le disque vous réexpédie aussi sec sur les cimes de l'essence du
Metal, avec ces plaintes tirées d'une guitare. C'est bien
Agalloch. Le nouveau-né se montre de prime abord sauvage, très axé Black
Metal. Et la voix de John Haughm s'élève, pour lancer une tirade, une litanie obscure qui durera tout le disque... Car
Marrow of the Spirit, c'est ça :
Agalloch qui s'éclate. Qui arrête de sectionner ses morceaux en trois parties. Qui déterre l'humus noirçi pour le lécher sur fond sonore hérité de la Wilderness septentrionale, qu'importe les boudeurs qui les traiteront de néo-païens, d'expérimenteux à deux balles.
Les longs morceaux suivent le schéma de construction de ceux de
Pale Folklore ou
Ashes Against the Grain, alternant coups de speed, voix gutturale et pauses contemplatives : nous avons donc des repères solides qui définissent le style du groupe, avec quelques notes de piano perdues au milieu de la tempête de riffs par exemple, ou l'alternance des voix de John Haughm. Et ceux connaissant le groupe savent qu'ils marquent très souvent une "pause, cet album ne fait donc pas exception - à la fin du 3è morceau, "The Watcher's
Monolith". On y retrouve de ces enregistrements de bruit de nature qui ponctuent souvent les œuvres signées
Agalloch. Qui sait faire du simple bruit du vent le cœur d'un morceau.
Enchaînée, "Black
Lake Nidstång" est LA longue piste de 17:34, pas moins. Une longue intro qui sonne drone, ce qui est peu habituel. Il paraîtrait que
Sunn O))) ait collaboré sur cet album, et c'est bien là leur patte... Le morceau qui s'étend un peu en longueur, en langueur, qui explore les sonorités les plus nouvelles.
Point négatif ? L'entrée en matière de "Ghosts of the
Midwinter Fires" me fait penser à un morceau antérieur, peut-être issu de "The Mantle", encore faut-il y faire attention.
La piste finale, "To Drown", met fin au disque en douceur avec de nombreux rappels du contenu du disque : le côté drown, la mélodie d'intro, les percussions pour le moins étranges ("petrified bones, glass and metal sheets" selon le livret). Il y a là un certain côté dramatique qui ferait presque penser à une musique de film, quelque scène de mort ou de désolation, post-bataille, de marche silencieuse, de mouvement de foule gigantesque.
Au carrefour des genres sombres du
Metal, cet album est à mon goût équilibré. Plusieurs écoutes s'avèrent nécessaires pour en saisir la complexité, la profondeur. En contextualisant
Marrow of the Spirit dans le parcours d'
Agalloch, on sent très bien que ce disque marque comme un petit tumulus sur un chemin, il est un point nodal dans leur évolution. Et puis, pour ceux qui entendent parler du groupe pour la première fois, pourquoi ne pas essayer avec ce petit dernier, après tout ? Je vous y encourage, ayant globalement beaucoup apprécié l'album.
A écouter en marchant sous la neige au lever du jour : effet magique garanti.
Et pis bon, Abbath qui n'est pas un bon batteur et qui n'est pas en rythme sur Battles in the north, en a vendu 35 000 exemplaires alors desfois....
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