Formé en 1986 par le néerlandais Patrick Mameli et l'allemand
Randy Meinhard (futur
Sacrosanct), tous deux guitaristes, rejoints deux semaines plus tard par le batteur par Marco Foddis,
Pestilence lâche durant ses premières années un thrashmetal aux riffs rapides & agressifs, sous influence slayerienne, tout en commençant à assimiler le deathmetal outre-Atlantique encore naissant (Death,
Sepultura). Après la première demo-tape
Dysentery, le groupe recrute le vocaliste Martin Van Drunen (également bassiste durant les sessions live) et enregistre une seconde maquette,
The Penance, qui lui ouvre les portes du label Roadrunner en avril 1988. La célèbre écurie envoie alors son jeune poulain en studio avec Kalle Trapp, l’ingénieur du son de
Destruction,
Paradox ou
Violent Force, débouchant sur la sortie de
Malleus Maleficarum en fin d'année, muni une pochette sur fond de torture moyenâgeuse.
L’album débute sur une introduction à l’atmosphère épaisse, s’enchainant sur les bons Anthropomorphia &
Parricide, munis d'un couple basse / batterie qui soutient les riffs rapides & techniques de Patrick &
Randy, et leurs soli furieux. Avec des titres de bonne facture, à l’image de Subordinate To
Domination & Chemo
Therapy, ou encore de l’intro acoustique de Commandments & de l'interlude
Osculum Infame,
Malleus Maleficarum renferme une intensité constante et une ambiance particulière durant ses 38 minutes.
Pointant déjà en direction de la scène deathmetal l’époque,
Pestilence ne bénéficie toutefois pas des moyens techniques qui lui auraient permis d’obtenir la lourdeur recherchée. La production de Kalle Trapp (
Destruction, etc.) formate les compositions dans un format thrashisant, ne correspondant pas forcément aux nouvelles aspirations du jeune groupe hollandais. Le chant de Martin Van Drunen est quant à lui éraillé et déjà singulier, sans posséder encore cette profondeur gutturale décoiffante.
Intrinsèquement,
Malleus Maleficarum reste une solide entrée en matière, un album riche, agressif et accrocheur.
Pestilence manque juste d’un brin d’expérience et de maturité, se laissant guider par son label et son ingénieur du son sans obtenir ni la lourdeur ni l’identité désirées, qui lui auraient permis de s’imposer d’entrée parmi les leaders du paysage extrême européen de l'époque. Une seule année et un
Consuming Impulse culte à en mourir suffiront cependant à hisser définitivement la formation batave aux premières places fin 1989.
Fabien.
Ah mais, en effet, la chronique de Fabien, plus axée sur le devenir de Pestilence que sur cette réalisation en tant que telle ne rend pas forcément justice de la furie qui se dégége de ces compositions à la fois furieuses, fort bien construites et accrocheises tout au long de l'album. Découvert pour ma part avec la compile Roadrunner "Stars on Thrash" à la pochette célèbre pour son bon goût, le titre "Comandments" fait partie de mes 10 titres thrash préférés toutes époques et pays confondus tant la montée en intensité ne possède que peu d'équivalent. L'album reste, encore aujourd'hui, une référence et constitue, sans appréhender ce qui suivra, un album à classer entre Serpent Temptation, Shredding of Skin ou Schizophrenia. Soit un top album 80's en tharsh/death. Aucun titre faible et un sens avéré de la compo qui tue.
ce skeud détruit tout! Il donne la patate bien flambée!
J’ai eu la chance de connaitre Pestilence à cette période, et d’acheter quasiment coup sur coup les deux premiers LP. Je me remémore parfaitement une interview de Patrick Mameli dans Metal Hammer (fin 89/début 90) à la sortie de Consuming Impulse, où le jeune leader disait notamment avoir déjà quinze années de pratique de guitare derrière lui, expliquant le gros bagage technique de Pestilence. Pour en venir au sujet, ce dernier disait aussi avoir été déçu du traitement de Malleus Maleficarum en studios, ce que j’écris dans le troisième paragraphe. Je me souviens que, pour expliquer la différence entre ses deux albums, séparés seulement d’une année, Mameli disait que sa formation était passée d’un « thrash banal » (le mot est un peu fort mais je reprends son terme, pour autant que je m’en souvienne) à « un deathmetal alliant idéalement la lourdeur des rythmiques et la finesse des mélodies » (toujours pour reprendre au mieux ses dires de l’époque). Son point de vue était la façon dont j’ai ressenti les deux albums à cette période, avec ma vision finalement inchangée plus de vingt-cinq ans après. Bref, lorsque je relis cette chronique vieille de dix ans, elle reste en accord avec ma vision actuelle et restitue fidèlement les mots originels de son leader. Entendons-nous bien pour terminer, d’une part je n’essaie pas de me justifier, car les goûts appartiennent à chacun et c’est tant mieux, d’autre part j’apprécie aussi grandement ce beau premier album, sans lui accorder toutefois le statut de « culte » que j’ai souvent entendu, et que que je réserve à son immense successeur, ayant hissé Pestilence au panthéon, parmi les groupes deathmetal les plus influents de cette fin des eighties, et Dieu sait combien ces pionniers n’étaient pas encore légion en Europe, à comparer aux Etats-Unis. FABIEN.
Oui, Fabien, je me rappelle aussi de ses interviews du père Mameli, pas toujours forcément objectives à mon sens, entre le dénigrement de ce premier album, le départ de MVD, et son côté égocentrique prononcé. Pour ma part, j'ai acheté le premeir album à sa sortie, et le coup de poing fut immédiat, avant donc l'acquisition de Consuming Impulse (guêtté à sa sortie comme un lièvre le jour de l'ouverture de la chasse) que j'aime beaucoup également, bien évidemment.
Quasiment pas le même groupe, entre le changelment stylistique et le passage de Mameli au micro. Sans doute ma perception initiale de Malleus a t'elle influée sur mon appréciation en son temps de Consuming, mais en tout cas ces deux disques restent des références, et si Consuming a su obtenir son statut aujourd'hui, ce n'est pas (encore) le cas de Malleus que j'encourage à découvrir pour les néophytes avides de thrash/death de qualité.
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