Chroniquer un
Live n'est pas un exercice particulièrement amusant sauf, et c'est le cas de celui-ci, lorsqu'il raconte une histoire, dépoussière certaines choses et finalement, permet de mieux comprendre une partie de l'histoire d'un groupe.
Cerise sur le gâteau un DVD restitue le concert et offre quelques bonus plus sympathiques qu'indispensables.
Ce
Live at Donington 1990 n'est rien d'autre qu'une étape du
Slip of the Tongue tour et cet album aura définitivement marqué une étape dans l'histoire du
Serpent Blanc, flashback.
Si
David Coverdale s'est fait connaître pour avoir fait partie de
Deep Purple lorsqu'il quitte ce qu'il reste alors du Pourpre Profond, il n'en mène pas large, sa voix chaude et puissante et son talent pour écrire des chansons il va le mettre à profit dans son nouveau groupe,
Whitesnake.
Les deux deux premiers albums rencontrent un succès d'estime : la presse aime mais le public ne suit pas, le
Live...in the heart of the city mettra tout le monde d'accord. On est en
1980.
Deux autres albums vont suivre, le groupe monte en puissance et arrive la pierre angulaire de leur discographie l'album 1987.
Cet album reprend en les dépoussiérant, deux titres de
Saints and Sinners, les mythiques
Crying in the Rain et
Here I Go Again. Le groupe va alors atteindre des sommets. On s'attend à ce que tout s'accélère, le groupe tourne jusqu'à l'usure et au terme de presque trois ans de route, il faut donner un successeur à ce... putain d'album.
Beaucoup pensaient que rien ne changerait, on prend les mêmes... oui mais là, au moment d'entrer en studio,
Adrian Vandenberg se casse la main.
Beaucoup de guitaristes connus viennent frapper à la porte mais, Coverdale veut propulser plus fort son groupe, quitte à prendre des risques. Il sent que le vent tourne,
Van Halen cartonne depuis 10 ans déjà et son inénarrable chanteur historique
David Lee Roth les a quittés et à sortit deux albums qui ont tout balayé sur leur passage: Eat 'em and smile et Skycraper, à la guitare un jeune prodige,
Steve Vai.
Coverdale va alors le contacter mais Vai ne veut pas le rencontrer, pas plus que les autres musiciens, en revanche il veut bien écouter les bandes et si cela lui plaît, ajouter ses pistes de guitare, ah oui, il veut aussi s'il joue, co-produire l'album.
Aussi incroyable que cala paraisse, Coverdale lui envoie les bandes et le résultat consistera en un album The
Slip of the Tongue qui divisera à tout jamais les fans du
Serpent blanc. Le son a changé, ce n'est plus du pur Blues, pas vraiment
Metal mais en tout cas plus du
Hard Rock, des titres comme
Judgement Day, Kitten Got
Claws ou Sailing Ships vont transfigurer
Whitesnake.
Dans la presse Coverdale est dur, les journalistes aiment et lui demandent si il va tourner avec Vai, si il va enregistrer cette tournée, la réponse est: "Steve est très gentil, très poli avec moi, avec tous mais lorsqu'il est là, les autres musiciens sont d'une telle déférence, ils l'appellent le sorcier et puis, vous imaginez
Steve Vai jouant
Crying in the Rain ?"
Pas vraiment assumé cet album et pourtant, contrairement à ses dires, il va partir en tournée avec Steve et
Adrian aux guitares, Rudy Sarzo à la basse et Tommy Aldridge derrière les fûts, une équipe de tueurs.
Ce
Live correspond à l'étape anglaise, Donington en 90, la setlist est impériale allant jusqu'à intégrer des titres du Passion and
Warfare de
Steve Vai. Le son a été retravaillé tant pour les deux CD que sur le DVD, avec des résultats pourtant différents, si sur les CD on sent une envie de mixer les guitares de Steve et
Adrian sur le même plan, cela entraîne un truc étrange car ces deux mecs ne jouent pas la même chose, si
Adrian est un guitariste représentatif de son époque et cela se ressent dans son jeu, Steve lui, amène des choses jamais vues ou entendues jusque-là. Le contraste est étonnant et du coup, ce choix de mix parait bien étrange.
Si les titres passent bien, la voix de Coverdale est au top, un poil plus aiguë que lors de ses derniers enregistrements, quant à la sensualité qui en émane... c'est renversant.
Tout les classiques sont là de
Slide It in aux paroles sexuées (glisse là/ jusqu'au bout/ jusqu'au bout/ glisse là)
Crying in the Rain, Bad Boys, There Ain't No Love, TOUS les hits sont là plus les titres illuminés par Vai.
Les deux CD sont im-pé-riaux, bien sur, ce foutu mix à titre purement perso me chagrine mais cette remarque ne doit pas vous perturber, c'est un cri émanant du cœur d'un fan.
Et nous arrivons au DVD et là m'sieurs dames, le rideau se lève et enfin, du moins c'est que j'ai ressentis, on accède enfin à la compréhension, des questions comme "pourquoi Vai et Coverdale n'ont-ils pas fait un autre album ? Pourquoi n'ont pas encore tourné ensemble ? Comment s'entendaient-t-ils ?" reçoivent enfin des réponses. Tout est là, dans ces images.
Bon soyons clairs, si le son est au Top, les images...ont vieillies, n'attendez pas de miracle de ce côté-là, les couleurs sont baveuses, parfois saturées, le noir et blanc passe moyen mais bon, on s'en fout, complètement.
Le show est superbe, vraiment superbe, Coverdale joue à la maison, le public est entièrement acquis à sa cause (sa réponse sur Ain't no Love et autres titres) mais les cameramen ne s'y trompent pas, dès que Vai ondule dans son coin, il est filmé, Vai est charmeur mais surtout, il fait le show aussi fortement que Coverdale changeant de guitare tous les deux titres (sa triple manche en forme de cœur est kitch à souhait),
Adrian reste dans son coin, Rudy Sarzo tente de l'approcher mais Coverdale ne le contrôle pas.
La gifle vient surtout du fait que même si sur les deux CD on ne l'entend pas vraiment, la différence de jeu entre
Adrian Vandenberg et
Steve Vai est inouïe, si
Adrian est un joueur superbe, Vai joue des techniques invraisemblables, la différence entre le solo de l'un et celui de l'autre est sans commune mesure.
Ces images démontrent à quel point Vai ne peut pas faire partie d'un groupe si bon soit-il, Vai est un spectacle à lui seul. Reste que ce concert est superbe, un grand moment. Il aura fallu attendre très longtemps pour enfin, le voir (je fais abstraction des copies pirates de merde).
Les bonus sont des images d'époque sur lesquelles Coverdale appose un commentaire, parfois marrant, parfois nostalgique, jamais désabusé. On l'entend dire que Vai avec sa sept cordes aura apporté quelque chose de très fort, on assiste à deux embryons de chansons jamais finies et une séquence ou Coverdale se moque de David car il est filmé jouant de la guitare.
Voilà, pour résumer deux CD gavés d'émotions contenant une setlist infernale et un DVD dont le côté un poil vieillot ajoute au charme du truc, un bon moment en perspective pour tout fan ou curieux voulant découvrir ce groupe à l'un des zéniths de sa carrière.
Have fun.
VAn Halen reste pour moi l'homme qui a tout changé, il y a un "avant" et un "après" Van Halen (je réfère au premier album).
Steve Vai c'est différent, je pense qu'il faut être amateur voire, joueur de guitare pour comprendre et encore plus mesurer tout ce qu'il a apport à la guitare instrumentale; la déclinaison de ses influences au sein de divers gratteux et groupes est monumentale, du moins, de mon point de vue.
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