Vous souvenez-vous du
David Coverdale, membre de «
Deep Purple » ? Je sais, ça remonte aujourd’hui. Le grand séducteur de l’époque tente de remettre le couvert après son disque «
Forevermore », très moyennement inspiré, qui révélait un David vieillissant mis à l’abri par des guitares issues des grands déserts arides de l’Ouest américain, qui doit donc beaucoup au duo
Doug Aldrich /
Reb Beach. Comme il est désormais récurrent au sein de la formation «
Whitesnake », les duos de musiciens sont éphémères. Au bout des années qui suivent,
Doug Aldrich annonce son départ, ça a été préalablement au tour du batteur Brian Tichy. Ils seront relevés par deux prestigieux musiciens : le guitariste Joel Hoekstra, qui s’est fait connaître avec «
Night Ranger » ; le batteur de prestige Tommy Aldridge, qui fait office de revenant, puisqu’il avait été membre de «
Whitesnake » provisoirement dans la foulée de ses passages chez «
Ozzy Osbourne » et chez «
Gary Moore ». C’est avec ce nouveau line-up que David va s’attaquer à une œuvre purement nostalgique, consacrée à son passage chez «
Deep Purple », 40 ans après son arrivée au sein de la prestigieuse bande britannique qui fut le véritable tremplin de sa carrière. Tout en simplicité, cette œuvre de reprises est intitulée « The Purple Album ». Tout juste un hommage. Un vieillard qui pleure sa jeunesse. Rien d’autre. Du haut de ce disque le poids de plus de quarante années de carrière se fait sentir.
Ne vous attendez pas à du spectaculaire. Ce n’est qu’un album de reprises, Les line-up de «
Deep Purple » à l’Ere Coverdale, étaient énormes, n’en déplaisent aux musiciens actuelles de la formation «
Whitesnake », et
David Coverdale avait alors tout juste un peu plus de vingt printemps, frais comme un bouquet de primevères. La performance de cet album de 2015 ne me être que moindre. C’est écrit sur papier et ça se constate parfaitement à l’écoute du disque. Celui-là comporte des chansons de trois albums de «
Deep Purple » où
David Coverdale a été présent (et dont il a participé à l’écriture), à savoir «
Stormbringer », «
Burn » et « Come
Taste the Band ». Trois albums de très bonne facture qui plus est, revisités par David près d’une quarantaine d’années plus tard. De grands classiques comme «
Burn », « The Gypsy » ou encore « Love Child » changent de peau. Toujours aussi performants, ces titres perdent un peu de leur sensibilité originaire au profit d’un son plus torride. La transformation est légère, mais n’est pas insignifiante. Ainsi, la patte «
Whitesnake », bien bluesy vient s’y incorporer. Vous entendiez l’harmonica sur le titre « You Fool
No One » des Purple ? Et bien l’instrument figure sur l’entame de la version faite par les serpents blancs.
«
Mistreated » qui avait déjà une forte énergie blues passe définitivement de l’autre côté de l’Atlantique, mais le résultat est moindre, le son s’avère moins prononcé, plus relâché. Tout comme c’est le cas avec « Might Just Take Your
Life » qui compte parmi les grands perdants de la nouvelle version. Certes, ça paraitra plus enthousiaste dans le ton, mais on est loin du niveau d’autrefois.
David Coverdale y est pour beaucoup dans cette contre-performance. On le découvre à peine inspiré sur «
Soldier of
Fortune », alors qu’il fut magistral sur cette sublime ballade, qui pouvait presque égaler
Robert Plant sur l’exceptionnel «
Stairway to
Heaven ».
Question ballade, on ne s’attendait pas à voir brader la folie de « Sail Away » pour un son acoustique délicat mais sans réel relief. David relève un peu plus la pente sur l’autre ballade « Holy Man », mais les deux versions diffèrent là aussi. L’originale parait excentrique, vivante, la seconde nettement plus convenue. Ça n’a pas été non plus une brillante idée de moderniser le titre «
Stormbringer ». Imiter un morceau qui était assez fouillé et étrange pour l’époque, n’était visiblement pas une mince à faire. La guitare rythmique s’accorde trop cette fois d’un riffing brut et massif, sans grande conviction. Il y avait en 1974 un certain Ritchie Blackmore à la baguette. Le nouveau duo de guitares a beau produire des sons chaleureux d’assez bonne qualité, en revanche, ils ne parviendront aucunement à égaler ce géant de la guitare.
Un album de reprises est rarement un grand album, c’est souvent un coup pour du beurre ou tout simplement un produit pour faire patienter les fans. Un os à grignoter en attendant le gigot. Néanmoins, difficile de ne pas grimacer après un tel forfait. « The Purple Album » est bien plus qu’un album de reprises. Déjà, parce que les titres en question sont issus du répertoire d’un des plus grands groupes de hard rock de tous les temps, et aussi car son principal interprète y à figurer il y a … de nombreuses années. C’est un défi entre le
David Coverdale d’aujourd’hui et celui du passé. Les photos des années 70 ont certes jaunies, mais David était tellement extraordinaire à cette période. Le chanteur a depuis perdu de son souffle ; sa voix d’or s’est changée en airain. Il peut faire avec cet album le bilan de ce qu’il a perdu, un album qui ressemble en fait plus au plan sonore à son précédent effort «
Forevermore » qu’à du «
Deep Purple » du milieu des années 70. La comparaison est douloureuse. L’œuvre nostalgique va au final éreinter l’image d’un chanteur admirable, mais qui est désormais proche du stade de la momification.
12/20
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