2005:
Rosenrot parait et la tournée mondiale de
Reise, Reise qui a permis d'assurer à
Rammstein une réputation mondiale (déjà bien commencée avec
Mutter) scelle la fin de l'ère
Reise, Reise.
Les
Six allemands commencent alors une longue pause pour pouvoir prendre de la distance avec
Rammstein et se renouveller musicalement.
2009: La nouvelle tombe tel un soulagement et fait l'effet d'une bombe. Le 16 octobre 2009 sortira "
Liebe Ist für Alle Da" le successeur de
Rosenrot destiné à apporter sa pierre à l'édifice du mastodonte de Berlin. Pour faire patienter durant les derniers moments, le groupe publie le single "
Pussy". Et là, grosse claque !
Rammstein nous signe une chanson très novatrice et inédite dans son registre, un titre electro rock avec quelques grosses guitares, le tout très influencé par Depeche Mode. Par la suite, le single est doté d'un clip érotico-pornographique, une première dans l'histoire du rock ! Pour le coup, le groupe revêt des uniformes et clichés des films pornographiques des années 80.
Enfin l'album ! Il aura fallu quatre longues années d'attente dont deux années de travail pour accoucher du monstre qui restera sans aucun doute un sommet dans la discographie des
Six de Berlin. Deux dures années de tensions inouïes qui écrasent totalement celles de
Mutter qui avaient failli détruire le groupe à l'époque, mais aussi et surtout deux années de travail acharné, de création et de composition.
Un mot sur la pochette et l'artwork d'abord. On comprend bien que l'on n'est pas au cirque. Totalement novatrice par rapport à l'oeuvre antérieure, elle montre Till
Lindemann en train de découper Vénus, la déesse de l'amour pour la donner à manger a ses camarades dont certains ont des poses plus que douteuses. Dans le livret, une image qui vaudra une partie de la censure du magnifique objet en Allemagne: Richard en train de fesser une femme. On trouve aussi un Till ivre mort, un
Oliver très affairé.. le livret est organisé comme une grande fresque et la pochette comme une Vanité picturale.
Nous avons entre les mains l'album le plus conceptuel de
Rammstein. "L'amour est là pour tous" va explorer l'amour sous toutes ses coutures: amour impossible, amour fusionnel, sadomasochisme... Le groupe s'est posé la question: "Est ce que tout le monde a le droit d'éprouver de l'amour ?" en en étudiant les différentes facettes. L'amour est un droit humain et tout le monde a t'ils le droit de le connaitre ?
Pour cet opus, ils ont tenté et réussi haut la main le pari de compiler tout ce qu'il savent faire et de proposer des nouveautés bien plus qu'alléchantes.
Les premières notes de Rammlied retentissent. Et la comment ne peut on pas immédiatement penser au magnifique "
Mutter" devant les orchestrations qui
Sonnent comme "Mein Herz Brent" et le riff monstrueux absolument digne de "
Sonne" et "
Feuer Frei !" ? Till nous remercie de notre attente et introduit l'opus de sa voix toujours aussi sublime. Quand le refrain se déchaîne, c'est vers les origines que l'on se penche, avec "
Herzeleid" et particulièrement "Wollt ihr dar Bett in Flammen sehen" et "
Rammstein". Que demander de plus ? Après cette intro absolument monstrueuse, on rentre dans le vif du sujet. "
Ich Tu Dir Weh" et "
Pussy" parle de l'amour de manière pornographique et sadomasochiste.
Pussy est bel et bien une dénonciation -celle du tourisme sexuel en Allemagne- malgré le fait que certains n'y ont vu que grosse blague virile de
Herr Lindemann.
Pussy surprend par ses sonorités Depechemodienne tandis que
Ich Tu Dir Weh est une pure chanson de
Rammstein et un excellent choix de deuxième single doté d'un clip très réussi.
On demande de la violence? L'album en recèle bien plus que ses deux prédécesseurs. "
Waidmanns Heil", à la fois novatrice et brise-cervicales parle d'une chasse à la femme illustrée par des métaphores poétiques et sexuelles. "B********" est probablement un des titres les plus violents que le groupe ai composé avec un riff totalement monumental et un Till qui nous gratifie d'un nouveau panel vocal: des grunts ! "Bückstabüüü ! !" Une très grande réussite ! L'interprétation de la chanson est plus obscure et surtout très libre puisque que "B********" peut être remplacé par n'importe quel mot.
Rammstein ce n'est pas que des riffs mammouths, c''est aussi de superbes ballades. Le groupe nous en offre cette fois ci deux: D'abord "Roter
Sand" qui clôt l'album et ou l'on a un aperçu du spectre vocal du génie qui assure ce poste. La chanson raconte l'amour impossible d'une femme et de deux hommes avec un très beau texte riches en images. La seconde ballade est la très réussie "Frühling in
Paris" avec un intro accoustique jusqu'au second refrain. Till nous narre l'histoire d'un premier amour et chante la première partie des refrains en français, deux phrases issues de la chanson d'Edith Piaf "Non, je ne regrette rien" (1961). Le groupe signe ici une superbe ballade, sublimée en concert.
Dans sa quête de nouvelles sonorités et des questions sur l'amour, le groupe atteint son paroxysme en liant totalement musique et texte. Et pour ce faire il a choisi un monstrueux exemple: le tragique fait divers de l'histoire de Joseph Fritzl. Joesph Fritzl est un autrichien qui a détruit la vie de sa fille en la séquestrant et violant pendant 24 ans, lui faisant ainsi 7 enfants. Et là, je met quiconque au défi de ne pas fris
Sonner en écoutant dans de bonnes conditions et en connaissant l'histoire "Wiener
Blut". Après une intro orchestrale et des samples de pleurs d'enfant, Till endosse le rôle du malade mental se faisant gentil pour nous attirer dans les ténèbres ou déchainant sa fureur terrible par des hurlements monstrueux. La violence éclate totalement après "Wilkommenn.. in der
Dunkelheit" Les paroles, absolument horribles et liées au fait divers et à la musique -notamment soutenue par une rythmique en acier trempé- font passer bon nombre de groupes de black metal pour des Village People. De très loin une des plus grandes réussites du groupe.
Plus posé "
Haifisch" rappelle les premiers efforts plus electro du groupe avec une batterie toujours plus géniale. Ici, Till a choisi l'image du requin (
Haifisch) pour illustrer la dépression amoureuse mais aussi le regard des gens et évoque enfin le groupe au complet.
Le titre éponyme est pour ma part le titre que je trouve le plus mauvais de l'album bien qu'il soit bien plus intéressant en concert. Dans une construction plus simple (avec une batterie qui nous assène de jolies doubles pédales mais des guitares moyennes) le titre confirme qu'il y a bien de l'amour pour tout le monde.
"Mehr" enfin sort plus ou moins du lot par son texte que je rapproche plus des problèmes sociaux que traverse le monde actuellement que d'une quelconque recherche sur l'amour. Le titre est assez classique pour le groupe malgré un final très réussi.
Un mot sur le CD2. Il contient 3 inédits et 2 nouvelles versions de "Roter
Sand" plus ou moins intéressantes. Mais rien que pour les inédits il vaut réellement le coup. D'abord "Führe Mich" qui me rappelle beaucoup par son rythme les deux premiers albums auquel on aurait ajouté le talent que
Rammstein possède depuis. Un très bon titre. Ensuite, "Donaukinder" alors là, quelle grosse tuerie. Une des plus belles semi-ballades de
Rammstein si ce n'est la plus belle. Ici, Till choisit sa voix le plus douce pour nous confier une sorte de secret. Un texte sublime tout en étant assez évasif sur un sujet très triste et énigmatique à la fois. Du
Rammstein mélancolique, oui ça existe ! Musicalement très beau avec des guitares très mélodiques notamment un super solo assez rare pour être souligné. Un excellent titre qui ne figure pas sur l'album à cause je pense du texte qui ne parle pas de l'amour. "Halt" rappelle également les premiers opus du groupe par un rythmique très martiale et heurtée. Cependant le refrain n'aura pas surpris sur "
Reise, Reise".
Alors que dire de plus sinon que
Rammstein a abattu un boulot de géant et que le résultat est là, bien là.
Et même si la crise du disque frappe insatiablement les groupes et les artistes, et même si la censure est tombée sur l'album, sachons remercier dignement les musiciens qui signent une musique d'une telle qualité.
De très loin l'album de l'année.
Eux seuls doivent la connaitre ! :)
Apparemment il y aurait un chœur en plus. "Liese" reprend le même thème mais avec un texte différent.
Je reviens un instant sur "Pussy" : j'ai parlé de la vidéo du morceau, comme R la définissait "l'exploitation abusive du sexe dans les clips". Mais il y a un autre aspect ; et c'est dans le texte que ça se trouve. Avec une ironie bien horrible, ce titre parle du tourisme sexuel. "Je ne peux pas baiser en Allemagne..." ... et donc il s'en va dans d'autres pays où l'ordre et la morale sont moins regardant, voire corrompus ("Où est le problème ? Hop ! Faisons-le vite !").
En plus, il y a quelques jeux de mots bien grivois : "Ma saucisse dans ta choucroute !"
Ce titre paraît moins futile quand on sait ça.
surtout d'avoir écouté cet album à la con.
Donc vraiment très bof.
Comme d'autres personnes l'ont écrit, ça s'écoute bien de temps en temps, mais bon, à part les deux premiers Rammstein, je trouve rarement l'envie de réécouter les autres.
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