Les bouchers d’
Outre-Rhin (regardez le live de «
Mein Teil », vous comprendrez) livraient en 2005 leur cinquième opus studio du nom de «
Rosenrot », successeur de l’agréable « Reise Reise » sorti à peine un an auparavant. «
Rosenrot » a surpris de nombreux fans et en a déçu pas mal. La faute à un manque surprenant d’originalité ? Pour ma part, je ne le pense pas.
C’est en 1996 que les allemands font entendre parler d’eux à l’international grâce à la B.O du film «
Lost Highway » de David
Lynch, le réalisateur hors normes. Produite par Trent Reznor, cette bande originale contenait deux titres de
Marilyn Manson (les excellents « Apple of
Keine Lust » et « I Put a
Spell On You »), un inédit de
Nine Inch Nails (l’inoubliable « The Perfect Drug »), le sublime « Eye » de
Smashing Pumpkins (étonnant quand on connait la haine que cultivent Trent envers
Billy Corgan) ET deux morceaux de
Rammstein, tirés de l’efficace «
Herzeleid » (premier album de Till et ses potes), «
Rammstein » et « Heirate Mich », qui feront un tabac aux USA et dans l’Europe entière. Suivra en 2001 le génial «
Mutter », disque inoubliable comme en témoigne les très nombreux hits extraits de celui-ci comme «
Mein Herz Brennt », «
Ich Will », «
Sonne », «
Feuer Frei », "
Links 234" ou encore le sulfureux « Zwitter », le récit d’un être humain hermaphrodite et nombriliste…puis en 2004 vînt « Reise Reise » et son lot de bombes sonores (
Keine Lust,
Mein Teil, Stein Um Stein,
Amerika) et ses surprises (Dalai-Lama », « Moskau », «
Reise, Reise »). Allons bon ! Revenons-en à nos teutons…euh ! A nos moutons avec ma chronique de «
Rosenrot »
«
Rosenrot » s’ouvre telle une fleur de glace sur l’inflammable «
Benzin » et son introduction où synthé, cymbales puis tambours s’emmêlent de manière naturelle, se languissent sur un riff qui, crescendo, passe de la douceur à la violence pure (et non brute). Till Lindenman pose une voix tranquille sur une composition s’enflammant vite mais assez simpliste car structurée autour du jeu de batterie de Christoph «
Doom » Schneider et du touché velouté de Paul Landers sur sa bécane ESP…s’en suit une explosion cataclysmique où Till et son grain de voix indémodable
Sonne comme une Stielhandgranate qu’on dégoupille !! Richard et
Oliver accompagne le chanteur de loin et c’est ce dernier qu’on entend chantonner en parlant par-dessus les riffs distants. Comme dans presque tous les titres de
Rammstein, le dénouement est puissant et soudain ! Le morceau-éponyme «
Rosenrot (Single) », s’articule (lors des couplets) autour d’une basse volatile et des coups un peu timides du batteur sur ses tambours et timbales. Les décibels montent en flèches lors du refrain entêtant car simple à retenir (germanophone ou non). Sur le pont musical, les deux guitaristes de
Rammstein lâchent de violentes et solides ondes électriques afin de dynamiser une chanson impeccable quoique assez monocorde. Surtout à cause des riffs de 6-cordes ressemblant à s’y méprendre à ceux de l’intermède musical de « Stein Um Stein » (écoutez et comparez), très bon titre de « Reise Reise » par ailleurs…
« Stirb Nicht Vor Mir » en français, « Ne meure pas avant moi ! », est une chanson de pop-rock romantique qui débute par le riff séduisant de la gratte acoustique de la non moins charmante Sharleen Spiteri (du groupe
Texas). Elle et Till échange quelques couplets sur l’amour à distance entre un allemand et une américaine. Un oasis de tendresse avant que la véritable tuerie de «
Rosenrot » ne déclenche son compte-à-rebours…un sample de vocaux orientaux propage ce quasi-Hiroshima qu’est « Zerstören ». Ce morceau est agressif, mordant, génial, violeur de tympans. Il nous prend à la gorge et ne nous lâche presque jamais. Lors de l’intermède, Till braille avec son chant atypique avant l’épilogue ironique voire car sonnant comme une comptine pour endormir traders et gros actionnaires. « Zerstören » est un pamphlet cynique sur l’ultralibéralisme, le mondialisme, et donc la déconstruction de notre civilisation, l’infection gangrénant nos démocraties. Dans lesquelles, l’économie de marché compte autant pour la classe politique que le droit de vote de leurs peuples !!!
Transfusés, tous autant que nous sommes, avec cette drogue qu’on appelle argent et dont nous sommes tous accro à différentes echelles…
On va terminer ce tour d’horizon de «
Rosenrot » avec « Te Quiero Puta ! », où l’humour allemand (ça existe, oui !) prospère. Dans cette chanson, Till Lindenman donne la réplique à une certaine
Carmen Zapata sur une compo hispanisante grâce à la trompette de Christian Hermanndos et le mid-tempo des musiciens de
Rammstein, composition dominée par la basse d’
Oliver Riedel lors des couplets et matée par la guitare de Paul Landers et Richard Kruspe au moment du refrain. A noter que le couplet chanté par Carment est assez déridant, il faut l’avouer…
Un album qui, ma foi, est surement l’un des meilleurs opus de
Rammstein. Un chouia en dessous de «
Mutter », «
Rosenrot » nous offre un métal industriel glacial mais créatif, déroutant sans pour autant étonner. Cet album demeurera un classique de métal indus pour moi.
Bj
Commencons point par point: le seul titre que tu trouves sympathiques est Benzin, si tu veux écouter Rammstein, pour avoir ta dose d'indus rentre dedans, froid et violent, passe ton chemin: R est bien plus que cela. D'ailleurs ce Benzin est le titre le plus faible, R veut montrer qu'il est encore aggressif, mais il n'arrive qu'à la redite agréable
Non, le groupe se magnifie largement plus sur des titres comme Spring, Hilf mir ou Rosenrot et comme (seul point positif de ta chronique) tu l'as bien soulignés Wo Bist Du?
A mon sens cet album est bien plus qu'une compilation de titre oublié de Reise, Reise. Le rendu est bien trop homogène, la thématique trop évidente pour qu'il s'agisse d'un simple recyclage de déchet.
En tout cas, un bien bel album, beaucoup plus intimiste et mélancolique, moins "total" que les précédents car n'explorant qu'une facette du groupe, il n'en reste pas moins excellent.
Je te conseille juste au vu de ton envie irrépressible de violence: va écouter Herzeleid, bien plus froid et tranchant (mais en bon chroniqueur honnête cela doit être déjà fait) ou sinon va écouter un groupe excellent de black-indus Italien, Aborym là tu devrais avoir ta dose de violence.
Après je sais pertinamment que personne ne répondra à cela, mais avoir défendu mon groupe préféré en écrivant cette petite bafouille m'a fait plaisir, alors...
Point de vu intéressant mais que je ne peux rejoindre en aucun point, même si j'ai bien conscience que le tien est largement majoritaire. Attendre de Rammstein qu'ils ne refassent que du Herzeleid et du Sehnsucht alors qu'ils avaient fait le tour de la question de leur indus-martial est bien dommage. Il n'y a qu'à voir le total manque d'inspiration de Liebe Ist Fur Alle Da qui prétend revenir aux sources pour s'en rendre compte (album qui fait pourtant l'affaire vu que la plupart des fans de Rammstein veulent retrouver systématiquement le bourrinage indus des premiers albums).
Rosenrot est pour moi un album particulièrement inspiré comme avaient pu l'être Mutter et Reise Reise, sachant renouveler les ambiances réchauffées des débuts (complètement cramées avec le dernier album). Pour moi rien est à jeter dans cet album. Par contre le fait qu'il soit fait de chutes de Reise Reise se ressent beaucoup dans les ambiances similaires (même si les morceaux restent singuliers) et peut-être auraient-ils du en faire un double album pour plus de cohérence.
Globalement Rosenrot est la continuation de Reise Reise, qui délaisse le côté purement industriel pour vers plus d'expérimentation, surtout vers des contrés plus mélodiques et à l'ambiance plus posées. J'avais été pas mal déçu par Reise Reise que je trouvais mou, surtout après Mutter que j'avais adoré, forcément Rosenrot ne m'a pas marqué plus que ça. Je le trouve même beaucoup moins nerveux et plus expérimental que Reise Reise, mais aussi moins inspiré avec trop de chansons anecdotiques. Des chansons comme Zerstoren ou Fueur Und Wasser sont franchement d'une profonde chianteur, là où un Spring ou un Benzin sont justes génials.au point de prétendre au titre de classiques.
Bref, très mitigé par rapport à cet album, il reprend les mêmes qualités mais surtout les mêmes défauts que Reise Reise, avec parfois des chansons à longueur où il ne se passe presque rien.
J'(avais attribué une bonne note à cet album, mais à la (ré)écoute, je le trouve mal équilibré en ce sens que les 6 premiers titres sont assez costauds et tiennent bien la reoute, mais que la fin de CD (à partir donc du n°7) subit une nette baisse de régime et chute en qualité; je n'y retrouve pas la hargne et la métronomie qui caractérisent le groupe. Je précise toutefois que je ne suis pas un fan inconditionnel du groupe. Donc, à mon avis de profane, un album assez remarquable dans sa première partie, mais terriblement effacé vers la fin; un album "tiède" qui démarre super bien, mais qui finit en charentaises.
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