1971, une année importante pour
Alice Cooper. Si les deux premiers albums du groupe (car il s'agissait encore d'un groupe à l'époque) n'avaient pas rencontré de véritable succès, au début de cette année sortit
Love it to Death, qui marqua enfin le début d'une vraie reconnaissance du groupe, avec notamment le titre "I'm
Eighteen", toujours joué de nos jours en concert. Fort de cette réussite durement acquise, le groupe s'en alla enregistrer son quatrième album,
Killer, qui sortit la même année. Alors certes, ils n’ont pas traîné, mais comme on dit, c’était vite fait, bien fait.
Et dès le départ, l’auditeur est entraîné dans "
Under My Wheels". Ce très bon titre avec ses guitares rapides et ses cuivres ajoutés astucieusement n’est là que pour convaincre que
Alice Cooper n’est pas le groupe d’un album et qu’ils auront bien des choses à dire. La production signée Bob Ezrin (ce type est partout) est elle, aux petits oignons et met parfaitement en valeur chaque titre. L’album s’ouvre donc sur une tuerie, qui semble indiquer que le groupe voulait frapper fort. Et chaque titre le confirmera à sa manière.
Car s’il y a bien une chose que l’on doit reconnaître au disque, c’est qu’il est varié. Si l’on a droit d’un côté à des titres plutôt joyeux et entraînants comme celui évoqué plus haut, ou comme "
Be My Lover", on alternera avec des morceaux plus lents, posés et plus sinistres, comme en témoigne le fameux
Dead Babies, chanson controversée à sa sortie traitant des enfants maltraités (comme le titre le suggère), mais avec un humour noir constant, le genre qui provoque les réactions indignées. Il est vrai que des paroles telles que "Well we didn't need you anyway" (="Bah, on n’avait pas besoin de toi de toute façon"), suivies de "lalalalala" totalement hors-sujet sont des plus dérangeantes… La marque de fabrique d’
Alice Cooper, en somme. Ce titre est culte à plus d’un titre et il est à écouter absolument.
On aura même droit à des titres carrément expérimentaux, comme "
Killer", et sa deuxième moitié glauque de chez glauque, qui n'a rien perdu de son impact, même 40 ans après sa sortie. Vraiment, à l'écoute de cette chanson longue on a l'impression de pénétrer l'esprit torturé d'un assassin et c'est pas beau à voir.
Si vous connaissez
Alice Cooper par ses albums récents, attendez-vous à être surpris car à cette époque, le style du groupe n’était pas si sombre et si violent qu’aujourd’hui. Je rappelle que nous sommes en 1971, autrement dit, à un moment où ces notions étaient ressenties bien différemment.
Mais une chose est sûre : quiconque est fan d’
Alice Cooper ou veut découvrir cet artiste doit écouter cet album. C’est un concentré de ce qui fait son charme. Le second degré morbide permanent, ce Rock endiablé et très sombre pour l’époque (il n’y avait guère que
Black Sabbath pour être plus glauque en ce temps-là.) C’est grâce à cette forte personnalité et ses jeux de scène à base de décapitations et autre joyeusetés qu’il s’est fait connaître et en ce sens, ses albums des années 70 sont devenus pour la plupart des indispensables.
Est-il nécessaire d’en rajouter ?
Killer est un album qui tue (pardon pour le jeu de mots foireux) et bien qu’il ait un peu vieilli, il n’a pas perdu de son impact et nous offre un
Hard Rock d’une qualité peu souvent atteinte. Si vous êtes fan, vous le connaissez déjà, sinon, allez l’écouter car vous ratez quelque chose.
Lalalalalaaaa… Goodbye, little Betty !
« Killer » est un album à mes yeux très inégal ou le très bon voir l’excellent côtoie le plus commun comme si Alice Cooper avait voulu trouver un équilibre entre musique ambitieuse, fantastiquement originale et ses influences rock plus accessibles susceptibles de faire mouche auprès d’un grand public friand de « singles » à la « I’m eighteen ».
J’ai été également gêné par la production de l’époque qui sonnait assez datée, ce qui confère à ce disque un coté presque préhistorique.
Sans oublier l'aspect historique et novateur de « Killer » pour son époque, ce disque m’apparaît au final dans l’absolu globalement plutôt moyen.
Critique complète sur mon blog : https://lediscoursdharnois.blogspot.com/2021/02/killer-alice-cooper.html
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