Les velléités des Allemands de
Sacred Steel aspirant à s'inspirer plus librement d'arts plus extrêmes que celui dont ils subirent les influences autrefois, donnèrent une teinte très particulière à leur
Slaughter Prophecy. Tantôt très brutal et très innovant, tantôt très classique et conservateur, ce disque ne parvenait toutefois pas vraiment a assumé pleinement une orientation musicale, et une envie, que l'on sentait sous-jacente. Il empruntait néanmoins une voie qui, semble-t-il, à la fois nourris de ce Heavy Speed traditionnel européens et à la fois par ce
Power Metal d'obédience américaine, était très intéressante. Pour peu, bien évidemment que ce groupe sacrifie un classicisme, certes, maîtrisé mais ennuyeux au profit d'une expression nettement plus engageante. Ou mieux encore, au profit d'un mélange qui, quant à lui, apparaîtrait comme clairement plus séduisant. Le choix demeurait pourtant difficile puisqu'il signifiait renoncer à une partie de cette identité, si peu caractéristique soit dit entre nous, que ces saxons défendaient toutefois depuis leur premier opus (
Reborn in Steel (1997)).
Iron Blessings sort donc en cette année 2004. Son premier morceau,
Open Wide the Gate, nous livre d'emblée les délices d'une union entre les divers desseins de ce groupe. Des guitares très âpres, aux accointances
Power US très marquées, y côtoient les voix tantôt gutturales
Death et tantôt médium aigu Heavy de Gerrit P. Mutz. Les incartades suraigus, s'apparentant à l'évidence à celle du grand
King Diamond (
King Diamond,
Mercyful Fate) sont, quant à elle, presque totalement absentes. Moins intense, surprenante et somptueuse que
Slaughter Prophecy (
Slaughter Prophecy (2002)), cette piste parvient néanmoins à nous satisfaire. Tout autant que d'autres d'ailleurs qui, elles aussi, viennent s'inscrire dans ce dessein de métissage musical européano-américains aux voix empruntées à des mouvances aussi diverses qu'antinomiques (
Death, Thrash, Heavy
Metal...). Citons, afin d'illustrer ce propos les bons Your Darkest
Saviour, At The
Sabbat Of The
Possessed (The
Witches Ride
Again), le superbe Anointed By
Bloodshed,
Victory of
Black Steel ou encore, par exemple, We
Die Fighting.
Même si ce
Iron Blessings porte encore certains stigmates embarrassant du conformisme de cette expression Heavy Speed
Metal propre au vieux continent,
Sacred Steel y a donc clairement franchi une étape supplémentaire quant à cette mutation profonde le conduisant, doucement mais surement, vers une expression artistique très personnelle, amalgame de ces appétits internationaux. Une sorte de Heavy Speed
Power Metal US à l'européenne en somme. Un visage multiple sans doute pas simple à assumer mais que ce quintette semble être en passe de maîtriser.
Sacred Steel est donc un groupe d'une rare exemplarité qui aura su, avec le temps, ne pas se contenter d'un immobilisme stérile. Et qui, avec cet
Iron Blessings, aura fait un pas supplémentaire vers une personnalité plus originale que celle de nombres de ces congénères. Evitant ainsi l'écueil d'une nature fade et translucide, son engagement et ses travaux, au-delà des gouts de chacun, mérite, à minima, le respect.
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