En hommes de peu de foi que nous sommes, nul ne pouvait prévoir une quelconque possibilité de voir le sort artistique des Allemands de
Sacred Steel, eu égard aux qualités ordinaires de leurs deux premiers efforts, être différent d'un terne calvaire anonyme. La probabilité que la créativité de ces saxons se révèle était, en effet, assez incertaine. Même si, après tout, le destin est d'un cynisme souvent imprévisible.
Il y avait donc peu de chance que
Bloodlust soit la cause d'un miracle inattendu. Et pourtant...
Tout d'abord, soyons honnêtes, à l'aune de celui-ci la formation n'aura pas véritablement paré son Heavy Speed Mélodique,
Power Metal, de grandiloquence indiscutable, d'une grandeur indéniable, de cette excellence à laquelle il aspire tant.
Pas plus qu'il n'aura d'ailleurs alourdi ses travaux d'un sens de la fresque héroïco-épique suffisamment captivant pour inscrire son patronyme dans le marbre aux côtés des plus illustres héros du genre. Et pour tout dire, il ne sera même pas parvenu à débarrasser son expression des poncifs les plus caractéristiques d'un style parfois (pour ne pas dire souvent) caricatural.
Néanmoins, contre toute attente, il aura fait suffisamment progresser son propos pour que désormais l'écoute de ses travaux, du moins celle dont nous parlons présentement, soit sinon passionnantes, tout au moins intéressantes.
Et par quel prodige
Sacred Steel est-il parvenu à rendre meilleur son art ?
En premier lieu, en travaillant sur la production. Si elle n'est pas encore tout à fait parfaite, elle offre dorénavant, aux titres de ce manifeste, une densité et une épaisseur très loin, mais alors très loin, de celle crue et minimaliste des premières œuvres de cette formation. Donnant ainsi indiscutablement plus d'ampleur, de profondeur et, donc, d'intérêt à la musique de
Sacred Steel.
En second lieu, en étant l'esclave d'une meilleure inspiration. Si, elle non plus, n'est pas exceptionnelle, elle offre désormais à ces morceaux suffisamment de variétés, de reliefs et de saveurs pour nous tenir en éveil.
Tant et si bien que fort de ces vertus le véloce By the Wrath of the
Unborn,
Blood on my Steel, Sacred
Warriors of Steel,
Master of thy
Fate, ou encore, par exemple, Throne of
Metal, aiguisent notre curiosité.
Dark Forces Lead Me To The
Brimstone Gate est, quant à lui, très séduisant avec son agressivité, toutes proportions gardées, délicieusement Thrashy.
S'agissant des défauts majeurs de ce
Bloodlust, les chants demeurent, malheureusement, l'un de ces points discutables (les hauteurs inaccessibles, dans lesquelles Gerrit P. Mutz vocifère, ne seront, effectivement, pas du goût de tous). D'aucuns, dont votre humble serviteur fait indéniablement parti, les trouveront même crispants et agaçants. Toutefois, ici, force est de constater que s'ils ne sont toujours pas de nature à exhausser le propos de ces teutons, à minima, ils ne handicaperont plus outre mesure notre écoute. Et ce d'autant plus que le vocaliste continue, de surcroît, aussi, de s'inscrire dans cette volonté de varier son interprétation en usant, parfois, d'intonations plus graves.
Pour conclure sur les imperfections de ce disque, on regrettera également que
Sacred Steel y use encore trop souvent de rythme soutenu alors que, manifestement, sa créativité lui permettrait d'être encore plus diversifiée.
Cependant,
Bloodlust, troisième album des saxons de
Sacred Steel, est indiscutablement une pierre angulaire de la carrière de ce groupe, puisqu'il constitue un premier pas, certes, encore un peu maladroit, mais encourageant qui nous laissent entrevoir des instants bien meilleurs encore.
Hommes de peu de foi, vous dis-je.
Merci pour la tirade bien entendu !
Bien évidemment je respecte ton avis sur cet album, et sur ce groupe, mais très objectivement, j'ai beaucoup de mal à considérer Sacred Steel autrement que comme un acteur de seconde zone. Et ce d'autant plus qu'à cet époque (plus intéressé par le Power Metal à la Strato ou à la Rhapsody) on avait des groupes autrement plus convaincants que celui de Gerrit.
Merci surtout pour tes commentaires toujours très respectueux et toujours très intéressants à lire. C'est agréable d'avoir ce genre de discussions avec des connaisseurs. Et ce même quand nous sommes en désaccord...
Pour moi, Sacred Steel est aussi un groupe de deuxième division, mais qui y joue les premiers rôles. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il n'y a rien de génial au niveau créativité et originalité, c'est assez bourrin, mais ils font bien ce qu'il ont à faire. Et puis il y a la voix de Gerrit qui est totalement unique, parfois bonne et parfois foireuse mais qui donne à elle-seule un côté original au groupe. Sacred Steel, c'est tout sauf parfait mais je m'y suis attaché, sans en écouter forcément tous les jours.
Pour ce qui est de notre désaccord sur la qualité de leurs différents albums, cela vient visiblement du fait que tu apprécies plus que moi l'évolution plus thrash du groupe, c'est donc avant tout une question de goûts personnels. Maintenant, ne va pas penser que je n'aime pas le thrash !!!
Et tu as aussi quand tu dis que, finalement, notre divergence sur ce groupe tient surtout à nos gouts respectifs. Tu es parvenu à t'y attacher, moi non.
Il va sans dire qu'au delà de tout les aspects factuelles (date de sortie, genre pratiqué, line up...), mes chroniques sont surtout le reflet de mon point de vue forcément subjectif. Et, bien évidemment, je n'ai absolument pas pour but d'imposer ma vision mais simplement de la partager et d'en débattre avec des gens de bonnes compagnies comme toi...
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