Juillet 2011 – Aéroport de Francfort
Le majestueux Airbus A380 de la Lufthansa me fait face. Je monte dans l'appareil et m'assoie à ma place. Le vol se passera de nuit et durera une dizaine d'heure. Peu après le décollage, la nuit tombe sur une mer de nuages magnifique. Je ne parviens pas à m'endormir ; j'allume ma télévision et regarde la liste des musiques conseillées par la compagnie aérienne. Je tombe alors sur un nom sympathique :
Uriah Heep. Le nom me disait vaguement quelque chose, je pensait qu'il s'agissait d'un ancien groupe de rock anglais. Ne trouvant rien de mieux dans la playlist Lufthansa, je jette mon dévolu sur ce «
Into the Wild», qui n'a en fait rien d'ancien car il ne datait à l'époque que de quelques semaines.
La pochette est très agréable à l’œil, et donne une impression de sérénité, qui correspond parfaitement à l'atmosphère dans laquelle je me trouve, le silence d'un avion, la nuit.
Enfin je commence l'écoute. Le premier morceau s'intitule «Nail on the
Head».
Premier morceau écouté (et donc première impression) : «Mais ? Mais ? Mais c'est trop bien ce truc !! Et ça dépote !!! »
S'ensuit donc dans le silence feutré de ce silencieux A380 l'écoute de cet album qui deviendra par la suite l'un de mes coups de cœur.
J'ai depuis fait quelques recherches sur
Uriah Heep, écouté des dizaines de fois «The
Magician Birthday», «
Salisbury» et me suis procuré un best of comprenant une chanson de chaque album.
Il s'agit donc du vingt-deuxième album du groupe, en plus de quarante ans d'existence (belle performance). Il sort deux après un très bon «
Wake the Sleeper» qui était assez mélodique et teinté d'un doux parfum de nostalgie.
Into the Wild continue dans la même lignée avec onze morceaux plus un titre bonus, très faciles à écouter, assez catchy, tous assez joyeux même si certains sont plus nostalgiques.
En réalité, ce n'est pas un album très novateur qu'offre
Uriah Heep ; c'est juste un magnifique condensé de tout ce que le groupe a fait de mieux mélangé à une certaine émotion due à la nostalgie et à la voix de Bernie Shaw. Globalement c'est un son Heep tout craché : on retrouve toujours cette alliance guitare / claviers qui fait la particularité du groupe, ainsi que la guitare de Mick Box et sa pédale Wah-wah.
Les douze morceaux qui composent l'album sont presque tous très bons. En règle générale, l'accent est mis sur la mélodie, toujours subtile, dans le but de procurer un maximum d'émotion dans un minimum de complexité. Car c'est cela la différence de
Uriah Heep par rapport autres groupes de la même époque. Si les
Black Sabbath,
Led Zeppelin et
Deep Purple produisaient tous une musique de qualité, aucun d'entre eux n'a jamais créé un son aussi mélodique pour du
Hard Rock. Par exemple Heep reste dans les mémoires célèbre pour son utilisation intensive de chœurs.
On trouve ainsi toute une flopée de morceaux bien mélodiques (même si cela reste bien sûr du
Hard Rock pur jus), comme le titre éponyme, ou Believe, avec ce final si beau … On peut aussi citer Southern Star, un titre très sympathique, comme quasiment tout l'album en fait. L'opus comporte une bonne quantité de soli, de toutes sortes, allant du solo bien classique de Nail on the
Head, au solo assez innovant du titre éponyme (ou celui de
Lost), en passant par le solo très n'importe quoi de I Can See You. Mention spéciale pour le solo de batterie sur
Money Talk.
En parlant de mentions spéciales, deux autres sont distribuées à
Kiss of
Freedom et Trails of Diamond, les deux ballades de l'album. Ces deux titres sont des merveilles pures, émouvantes et tristes, mais d'une beauté incroyable. Comme quoi, si nombre de jeunes groupes se sont cassé les dents sur cet exercice, c'est qu'il faut peut-être quarante années d'expérience pour le réussir …
Des deux morceaux sus-cités, le second est mon préféré, c'est même, et je crois pouvoir le dire sans trop m'avancer, ma ballade préférée.
Si l'album en lui-même porte le sceau de la qualité, tous les morceaux ne sont pas forcément excellents.
Uriah Heep n'a jamais été un groupe prêt à se remettre en cause à chaque nouvelle sortie, et les changements de direction ne font pas partie de leur religion. C'est pourquoi il arrive que se trouvent parfois sur leurs albums des chansons bien en-dessous du lot.
Into the Wild ne déroge pas à la règle, avec un I'm Ready qui pêche par un rythme et une composition de manière générale assez fainéante, et un T-Bird
Angel qui ne peut provoquer que le scepticisme chez l'auditeur. Deux titres bien dispensables en somme.
Rien ne change vraiment avec ce vingt-deuxième album, Heep reste Heep, et ça tombe bien parce que c'est ce que la bande à Mick Box sait faire de mieux. On voit ici clairement que quarante années d'expérience dans le
Hard Rock, c'est pas rien, et ça peut toujours servir.
Into the Wild est un album proche de la perfection, avec des moments flirtant avec l'excellence. Notons au passage que depuis que le groupe est sorti de son hibernation de dix ans, la qualité des pochettes s'est bien améliorée, ce qui ne gâche rien au plaisir.
Post Scriptum :
Mon modeste travail sur cette chronique est dédié à la mémoire de Trevor Bolder, qui fut le bassiste de
Uriah Heep de 1976 à Mai 2013, date à laquelle il a été emporté par un cancer. Je ne peux malheureusement pas juger ses qualités de bassiste, mais je peux au moins reconnaître son talent pour la composition. Qu'il reste en paix et ne soit pas oublié.
Ou bien encore le retrouver sur 4 albums de David Bowie dont l'excellent "Ziggy Stardust". Et merci pour la chronique, Uriah Heep n'est pas assez à l'honneur ici...:)
P.S. Hommage à Trevor Bolder, un grand bassiste, un grand compositeur. R.I.P.
Quant à Nail on the Head, c'est vrai que c'est une des chansons que j'aime le moins dans l'album, mais elle est appréciable de temps en temps. Je n'aurais pas dû effectivement la mettre sous la chro, mais comme il n'y a pas de vidéo des autres morceaux on fait avec ce qu'on a.
Et gdlas je t'envie beaucoup, voir Heep sur scène avec Byron ça devait être magique !
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