Avant de se lancer, petite parenthèse sur un certain Justin Broadrick. Il est ce que l'on peut communément appeler un hyperactif. Le nombre de projets auxquels il apporta une partie de lui même est conséquent et empli de variations de styles, beaucoup d'entre eux valant leur pesant en cacahuètes. Citons entre autre Techno Animal,
Scorn, Final, Painkiller,
Scum de
Napalm Death ou même sa présence intermittente sur The
Blood of Heroes. Mais c'est sa collaboration avec Georges Christian Green qui fait office de signature.
Godflesh, groupe ultra-culte, écrivit les page les plus noires et les plus poétiques du metal industriel.
Le fil de leur carrière nous rappelle qu'ils ont juste préservé cette importance dans le son et ce riffing typiquement introspectif. Les changements étaient souples mais parfois radicaux ; le paradoxe entre le groove bionique de Song of love and
Hate et la nouvelle dictature des machines de
Us and Them, l'hypnose âcre et létale de
Selfless face au ton martial et nihiliste de
Streetcleaner. Jusqu'ici, le groupe de Birmingham collectionne les pièces d'orfèvres, fédère avec engouement les scènes industrielle, post-hardcore ou drone, évolue et se transforme dans un environnement monochrome.
Et de
Hymns émane cette douloureuse odeur de split-up. Du début à la fin, cet album sent la morne fin d'une entité légendaire. Ce premier testament précédera la séparation de
Godflesh qui durera 13 ans, théâtre d'une lourde dépression et d'une quête rédemptrice au sein de
Jesu de la part de son frontman.
Hymns restera l'oeuvre mal aimée de beaucoup de fans : La déception d'une fin sur une note presque veloutée. Déjà, un changement radical de label pour l'étalon de l'écurie Earache, passé désormais sur Koch Records, une batterie bien acoustique commandée par Ted Parsons de
Prong et une production qui fera directement penser à ...
Prong. Un relief marqué au fer rouge glorifiant l'intensité de la frappe déjà fameuse de Parsons, un grain de guitare crispant qui n'oublie jamais de faire mortellement claquer la basse de Green. Le son est organique et humain, plus que sur
Songs of Love and Hate, et c'est peut être aussi le moins personnel.
Du groove sec et spartiate, du palm mute presque policé, une couleur de riff made by
Godflesh toujours plus gourmande en mélodicité.
Hymns est un album relent d'un certain confort, d'un certain fatalisme cotonneux. Le diktat des machines qui s'imposait sur toutes leurs précédentes moutures est désormais transparent, ce même en dépit d'une épuration et d'une sobriété d'arrangements que l'on connaît depuis toujours chez eux. Certains titres tentent de préserver cette tradition, à l'image de
Tyrant ou du surpuissant
Antihuman, sorte de relique intacte de Song of love and hate. D'autres creusent plus loin les ambiances cliniquement lumineuses que
Godflesh amenait déjà sur
Selfless. Le simple et beau
Anthem, le grandiloquent White Flag ou Regal, sorte de miroir convexe de The Internal (
Us and Them). Enfin, ce son prongien mélangé à une hargne encore présente se montre tout à fait convaincant sur
Defeated ou Animals.
Et puis, il y a ce
Jesu final, patronyme du futur projet de J.K.
Flesh. Un monolithe impassible en guise de riff, une voix décharnée, une nappes ambiante maudite, une embardée finale ravageuse. Un long silence. Un titre caché à l'intro digne du meilleur de A
Silver Mount
Zion, un riff saturé tout bien senti...
Hymns termine sur une note d'apocalypse.
Aussi intraitable qu'il puisse se montrer sur son final, l'ensemble de
Hymns laisse quelques questions en suspend. Si certains n'y verront qu'un désolant coup de mou final, d'autre prendront le contexte et le climat de sa sortie comme témoins. Dès lors, le disque devient d'une grande cohérence. L'enfer mécanique d'un
Godflesh révolté et suicidaire dirige son introspection sur lui même, sur la fin d'un projet, sur un désagréable testament.
Et... puisque cette chronique fut écrite après la reformation et même la sortie de
A World Lit Only by Fire...
Hymns est meilleur que son successeur.
Hymns ne cherche pas à réécrire le passé,
Hymns prends plus de risques,
Hymns est un album entier, moins personnel et pourtant, son identité Fleshienne reste forte.
Voilà... c'est tout. Et puisque Canard WC de
Nightfall a décidément eu une putain de bonne idée :
Un monument de leur carrière :
Jesu
D'excellents éléments :
Defeated, White Flag,
Anthem,
Antihuman,
Ca se tient même si ça tourne un peu en rond :
Tyrant, Regal, Deaf, Dumb and
Blind, Paralyzed
Plutôt anecdotique et/ou mal amenés : Voidhead, Vampires
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