Le premier album est souvent synonyme de beaucoup de choses : le franchissement d’une étape, le pas en avant vers une possible notoriété, l’exposition au grand public de son savoir faire, la mise en valeur de son univers…certains groupes, même avec un premier essai, n’arrivent pas à dégager ces quelques points...d’autres arrivent petit à petit à se faire connaître au fil des sorties…et d’autres font une ascension fulgurante, comme
Godsmack.
Cette formation américaine était encore inconnue au milieu des années 90 mais la sortie de son album éponyme a irrémédiablement changé la donne. Le quatuor a réussi, non sans difficulté, à pimenter son néo métal, relevant son originalité, lui apportant une saveur comme on en a peu goûté. Avec la sortie de l’album éponyme,
Godsmack gagne en popularité très rapidement, certains de leurs morceaux étant même gratifiés de Grammy Awards…une carrière prometteuse leur tendait donc les bras et cet album en était ainsi le prélude…
Derrière cette pochette aux dominantes de rouge et de noir, où s’affiche une femme étrange et percée, se cache un opus dynamique, technique, empreint de beaucoup de groove, de tranchant et de mélodie, et ce, mis en valeur par les guitares lourdes et brutes de Tony Rombola. En effet, ce musicien de génie maîtrise extrêmement bien son instrument, offrant une dimension en plus à la musique de
Godsmack, et l’éloignant de ce fait de ses rivaux tels que Disturbed, System of a
Down,
Korn ou encore Slipknot. Ici tout est basé sur une méthode imparable de gratte, frottement métallique, agressivité des jeux et des rythmiques, mais aussi solos en tout genre relativement efficaces, puissants et mélodieux («
Keep Away », «
Moon Baby »). La complicité menée avec le bassiste Robbie Merill est d’autant plus remarquable tant le travail apporté par les deux musiciens est recherché et surtout bien foutu. La basse est elle aussi mise en relief sur la majeure partie des titres, empreinte d’un groove intéressant et prenant, créant le rythme ou la structure des morceaux dont elle est la maîtresse(« Immune », « Now or
Never »). Enfin le batteur Tommy Stewart (qui sera remplacé par la suite par Shanon Larkin) n’a non plus aucun mal à adapter son jeu à celui de ses confrères, apportant donc ce rythme dynamique à une technique plutôt simpliste mais surtout efficace.
Bien sûr, il ne faut pas oublier non plus l’alchimie présente entre ces instruments et la voix de
Sully Erna, sans doute le pilier, l’élément irremplaçable de
Godsmack. Doté d’un timbre de voix plutôt grave, puissant et hargneux, le chanteur maîtrise lui aussi son organe à la perfection, renforçant pour la plupart du temps ce groove incessant et ce dynamisme impalpable, et mettant encore plus en valeur l’agressivité et la rage des compos. Variant ses méthodes de chant, le musicien peut aussi bien avoir un chant clair posé que tranchant, crier, murmurer ou fredonner des airs en duo avec la guitare (« Situation »).
L’assemblage de tous ces éléments, permettent d’autant plus à l’auditeur d’appréhender les thèmes intégrés par le combo américain dans l’ensemble des compos. Les paroles sont avant tout écrites par
Sully Erna, et déteignent sa rage, sa souffrance et sa colère, d’où cette incision des riffs et du chant dans « Time Bomb » et«
Moon Baby », ou a contrario, cette lamentation et cette peine si touchante dans «
Stress ».
Mais hors de ces thèmes si pessimistes existent bel et bien quelques morceaux plus doux et suaves, plus originaux et dépaysant, comme « Now or
Never » avec un groove énorme et un violon lors du refrain, « Immune » mené de bout en bout par une basse omniprésente, mais surtout «
Voodoo », le dernier morceau, aux rythmiques et sonorités tribales et arabisantes, rêveurs, voyageurs, et envoutant. Ce type de titre avec ses ambiances bien particulières est présent dans chaque album du groupe (notamment dans « IV » avec le titre «
Voodoo Too », la suite de «
Voodoo » en quelque sorte).
Toutefois, malgré l’originalité évoquée, quelques longueurs se font ressentir, ainsi que la linéarité de certains titres, qui parfois ont tendance à se ressembler et à "lasser" l'auditeur. Ils possèdent en majorité la même structure de base et varient peu (à part bien sûr quelques exceptions dont celles cités précédemment).
Mais quel premier album ! A l’écoute de sa totalité, on comprend pourquoi il a tant été apprécié, reconnu et primé de surcroit… «
Godsmack » se place irrémédiablement au rang des grands albums de néo et était ainsi le premier pas vers une notoriété encore plus grande, vers des opus encore meilleurs. A posséder.
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