Ghosts of Loss

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18/20
Nom du groupe Swallow The Sun
Nom de l'album Ghosts of Loss
Type Album
Date de parution 24 Août 2005
Style MusicalDoom Death
Membres possèdant cet album105

Tracklist

DISC
1. The Giant 11:56
2. Descending Winters 06:11
3. Psychopath's Lair 05:52
4. Forgive Her… 09:00
5. Fragile 07:14
6. Ghost of Laura Palmer 08:07
7. Gloom, Beauty and Despair 08:45
8. The Ship 08:55
DVD (Limited Edition)
1. Descending Winters (Promo Video)
2. Swallow (Horror Pt. 1) (Live)
3. Deadly Nightshade (Live)
4. Through Her Silvery Body (Live)
5. Psychopath's Lair (Live)
Total playing time 1:06:00

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Swallow The Sun


Chronique @ Vinterdrom

01 Fevrier 2009
Auteur d'un solide premier album "The Morning Never Came" (2003) excellant dans un registre Doom/Death mélodique comme les ténors My Dying Bride, Anathema et Katatonia le pratiquaient au cours des années 90, Swallow The Sun revient pile poil deux ans après avec huit nouveaux titres dans la besace pour un "Ghosts of Loss" resservant sensiblement la même formule reposant principalement sur la savoureuse alchimie concoctée par les brillants maîtres guitaristes Juha Raivio et Markus Jämsen, mélangeant habilement la consistance d'une rythmique béton, l'onctuosité de leads harmonieux et la velouté d'arpèges cristallins, rehaussée par un chant polyvalent capable d'épouser toutes les saveurs qu'elle exhale, des plus intenses aux plus délicates, et servie avec un discret mais exquis nappage de claviers au charme ensorcelant.
Un mets savoureux garanti sans grumeaux ni mauvais goût, une nouvelle fois préparé dans l'antre du Sam's Workshop par Sami Kokko, le propriétaire des lieux, finalisé aux incontournables Finnvox Studios (chez lesquels transite la majeure partie des productions finlandaises), et assaisonné par les magnifiques illustrations de Tuomo Lehtonen dans les tonalités verdâtres qui lui sont chères, mêlant beauté et désolation.

Tous les éléments qui ont constitué la réussite de "The Morning Never Came" répondent ici présents et l'impression que "Ghosts of Loss" en est une copie conforme se fait forcément ressentir de prime abord, certains titres sonnant même alors comme des redites, une sensation qui s'estompe toutefois au fur et à mesure des écoutes successives.
"Descending Winters", par exemple, a poussé sur le même terreau que "Deadly Nightshade" : on y retrouve le même élan et la prépondérance d'un mid-tempo écrasant tout sur son passage, mais là où le morceau du premier album rependait une ombre insidieuse, celui de "Ghosts of Loss" nous assène littéralement le souffle glacial et implacable d'un hiver rugueux, déployant son épais manteau blanc à perte de vue.
"Psychopath's Lair", quant à lui, rappelle à notre bon souvenir le climat inquiétant de "Swallow (Horror Part 1)" mais apparaît bien plus terrifiant, distillant une atmosphère de caveau humide hanté par la double personnalité du chant, partagé entre une voix claire déshumanisée aussi froide qu'une lame de rasoir et un growl menaçant débordant sur des hurlements black révélateurs d'un esprit détraqué perdant le contrôle de ses actes, tandis que surgit une ligne de synthé horrifiante au possible. Une ambiance étouffante et un pouvoir d'évocation amplifié pour un morceau qui n'a étrangement pas bénéficié de la mention "Horror Part 2" : l'horreur, pardon, l'honneur … en reviendra à "Don't Fall Asleep" apparaissant sur "Hope", l'opus suivant. Enfin, il ne s'agit que d'un détail, l'important étant le constat qui ressort de la comparaison des morceaux précités : une intensité émotionnelle accrue, et un groupe qui a progressé dans l'expression de son art, apparaissant aussi plus ambitieux musicalement parlant, en témoigne l'énorme "The Giant", imposant du haut de ses 12 minutes construites selon une structure progressive réservant moult rebondissements, entre déboulés rouleau-compresseur et instants de pur ravissement, dominé par un Mikko Kotamäki en grande forme, toujours aussi épatant niveau chant extrême, et en net progrès niveau chant clair depuis le premier album : le vocaliste y insuffle davantage de corps, d'assurance et ses complaintes désenchantées n'en sont que plus poignantes.

Trois titres, en l'occurrence les trois premiers de l'album, et déjà trois raisons d'affirmer que "Ghosts of Loss" n'est pas qu'une simple resucée de son aîné, mais c'est dans sa continuation qu'il va révéler sa véritable identité, celle d'une ode à Dame Mélancolie et au Mal-Être, son fidèle compagnon. Les riffs lancinants de "Forgive Her…" et "Ghost of Laura Palmer" n'auront de cesse de tourmenter notre esprit mis au supplice d'une douleur perpétuelle, leur détresse comprimant notre poitrine jusqu'à l'étouffement, tandis que les harmonies plaintives résonnent comme un appel à la renonciation à tout.
Une affliction vive trouvant son point d'orgue sur le bouleversant "Gloom, Beauty and Despair" qui demeure à mes yeux LE classique de Swallow The Sun. Débutant sur un long passage purement atmosphérique basé sur des arpèges mortuaires empreints d'une beauté profonde, à peine troublée par un inquiétant râle venu du lointain, celui d'une âme égarée dans les limbes, le morceau adopte ensuite l'allure d'une procession funèbre écrasée par l'immense chagrin d'une perte irrémédiable, avançant le visage fermé, la gorge nouée, ne laissant échapper que quelques sanglots étranglés. Les riffs se font solennels et une ligne mélodique déchirante où vocalises féminines (assurées par une certaine Marja Savolainen) et synthés ne font qu'un.
Sur ce morceau précis plane l'ombre de Shape Of Despair, nous plongeant dans un océan de spleen avant de couler à pic sur "The Ship", dont les derniers échos retentissent comme l'ultime oraison funéraire, l'ultime adieu.

L'état d'esprit du compositeur Juha Raivio, dont la très chère mère disparut au cours de la phase compositionnelle de "Ghosts of Loss", n'est évidemment pas étranger à l'orientation particulièrement mélancolique de cet album qui lui est d'ailleurs dédié. Un magnifique cadeau d'adieu que cette sépulture érigée en l'honneur de sa mémoire, et "Fragile", le seul morceau n'étant pas du ressort de Raivio (composé en intégralité par le claviériste Aleksi Munter), dénote par son aspect plus lumineux et presque léger, reposant sur un schéma couplet/refrain quasi-tubesque en comparaison du reste (impression tout de même relative, sa durée restant conséquente - 7'12''- et le pont reliant les second et troisième refrains ressemblant plutôt à un viaduc). Sa présence, loin d'être déplacée, montre qu'en tout malheur, aussi immense soit-il, réside toujours une lueur d'espoir. L'espoir d'un au-delà paisible et radieux où nous pourrons un beau jour retrouver les êtres qui nous sont chers, disparus au cours de notre bien triste existence en tant qu'entité de chair et de sang.

Sans réellement surprendre, Swallow The Sun confirme toute son aisance et son savoir-faire en termes de doom/death mélodique et atmosphérique dans ce "Ghosts of Loss", second opus de la formation finlandaise auquel certains pourraient reprocher une trop grande ressemblance avec son prédécesseur "The Morning Never Came", mais qui, au fil des écoutes répétées, dévoile sa sensibilité propre, chargée d'une profonde tristesse distillée au travers de morceaux d'une durée moyenne revue à la hausse et d'une vitesse d'exécution revue à la baisse … plus fondamentalement doom en somme.
Magnifiquement sinistre, "Ghosts of Loss" est comme ce visage mortuaire, semblant flotter, nimbé d'une aura irréelle illustrant l'arrière du CD, nous fixant de son regard magnétique, nous invitant à nous perdre dans ses abîmes insondables. Saurez-vous résister à son charme vénéneux ?

3 Commentaires

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Eternalis - 01 Fevrier 2009: ouh, il n'y a pas à dire, tu reste mon chroniqueur préféré.
Tes tournures de phrases, tes métaphores, ton style...qui ne donne qu'une envie, se délecter de cette dépression pour connaitre les abimes que tu décris.
Apophis2036 - 01 Fevrier 2009: Tu décris plus que profondément la teneur de cet opus. "Fragile" mais attirant.
tinytimruedebonn - 24 Avril 2011: Superbe chronique!!!
Et quel album!!!
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