«Era» est déjà le septième album des Transalpins d’
Elvenking. A ce titre, on ne peut plus parler de groupe en devenir. Soit ils sont déjà arrivés à convaincre la partie du public capable d’apprécier ce style de musique ampoulé jusqu’à la moelle, soit ils auraient du finir aux oubliettes depuis un bail...
Bon, à première vue, ils sont toujours là et bien vivants comme en témoigne ce nouvel opus. Et comme celui ci sort chez Afm Records, compagnie renommée qui pond des albums de
Power à la vitesse d’un Benzema au galop, on est en droit de penser qu’
Elvenking a encore un avenir devant lui. Et si cet avenir n’est peut être pas très bon musicalement, il doit au moins être rentable au niveau des coups de productions, du pressage, du temps passé en studio ou de l’engraissement des managers. C’est pas possible autrement...
Parce que rentable pour les musiciens, c’est une autre musique...
Bref.
Dés le premier titre, ça attaque à fond la caisse avec une très courte intro, un gros son de gratte et quelques instruments folkloriques (en gros un violon). Le décor est donc placé comme tous les fans l’attendent et jusqu’ici rien de neuf. Premier couac, la voix du chanteur. Y a de l’approximation et dans certains phrasés et intonations, n’est pas
Robert Plant qui veut...
Je suis agréablement surpris par le deuxième titre qui est beaucoup plus mid tempo que le premier et qui tranche avec ce qu’on entend dans ce genre de productions, c’est à dire l’accélérateur de l’ampli bloqué sur 12 et la double pédale réglée sur supersonique.
La voix passe d’ailleurs beaucoup mieux, se fait plus puissante hormis quand il faut monter dans les aigus où ça coince quelque peu. Et au fur et à mesure de l’album, le chanteur module son organe afin de créer des ambiances diverses et variées (chuchotement, voix grave). C’est un plus mais qui ne masque pas tout ses défauts.
Les choeurs sont une partie importante de ce genre de musique et sont plutôt bien amenés et réalisés, sauf sur la fin de «Forget Me Not» où l’on s’aperçoit que n’est pas
Savatage qui veut.
Quelques passages à deux guitares nous replongent dans le Iron Maiden grande époque avec duels et tout le toutim. Malheureusement, ils sont bien trop peu nombreux. Les soli sont techniques à souhait mais les descentes et remontées continuelles des manches finissent par fatiguer les oreilles car déjà entendues mille fois.
Le violon apporte l’effet folklorique/classique qu’on attend de lui et l’apparition d’un flutiau pourrait faire passer certains passages instrumentaux pour du
Blind Guardian («I Am the Monster «, »
Through Wolf's
Eyes »). Malheureusement le Stradivarius se retrouve trop souvent englué dans des rythmiques speed ou saccadées et surtout mixé trop en retrait.
«A Song for the People" voit enfin un vrai travail sur la partie folklorique de la musique du groupe, toujours assez inspiré de
Blind Guardian (inspiré seulement car il manque les orchestrations). Il est même dommage que ce titre soit si court (moins de deux minutes). Même constat pour «Poor Little
Baroness" ou «Chronicle of a
Frozen Era « qui commençaient plutôt bien et qui se retrouvent au niveau des autres titres hormis sur les quelques passages comprenant de la flûte.
A l’instar de «A Song for the People", l’instrumental «Ophale" qui clôture l’album est une des rares réussite de ce «Era".
L’intro de «Midnight Skies,
Winter Sighs", à la guitare acoustique fait plutôt dans le mielleux genre Mr Big, non pas sous amphétamines mais plutôt sous guimauve et ne donne pas envie de l’écouter jusqu’au bout...Quant à la ballade «Forget Me Not», c’est juste le duo vocal avec une chanteuse qui le fait surnager un peu. Et paradoxalement, c’est peut être ici que le chanteur réalise une de ses meilleures prestations...Sauf quand il repart dans les aigus. Mais quel est donc l’imbécile qui a initié l’idée de coller obligatoirement un slow sur ce type d’album...
L’autre ballade, «The Time of Your
Life", est bien plus consistante avec simplement guitare acoustique, violon, flûte et toujours malheureusement la voix qui gâche un vrai morceau prometteur...
Rythmiquement, c’est propre, le clic est parfait, la basse presque pas noyée dans le reste (on l’entend très bien pendant quelques secondes sur la fin de «We, Animals» ou dans un break de »Chronicle of a
Frozen Era »).
Quelques expérimentations sonores n’apportent rien comme l’intro de «We, Animals». Le morceau est d’ailleurs relativement insipide et classique. L’apport du violon est assez incongru sur une rythmique plus ou moins saccadée du plus mauvais effet.
Pour le clavier, le panel de son utilisé est relativement souvent trop hors sujet («We Animals», «Chronicle of a
Frozen Era»).
Ce n’est pas en utilisant deux pauvres instruments qu’on peut se targuer de faire dans le je ne sais quoi Folk. Et le trop peu de bonnes idées est noyé dans un
Power convenu au possible. Mais le vrai problème reste le chant.
On espère pour le groupe qu’il rejoindra rapidement le bon chemin en évitant de se fourvoyer dans un mélange de sonorités et de styles qui ne lui conviennent pas.
Au final, y a pas grand chose à sauver.
Même pas l’artwork...
Mais que c'est nul ! C'est complètement vide, le chant est de pire en pire, tandis que l'instru reste respectable avec un violon présent sans trop envahir.
Je sais qu'un seul titre c'est peu pour juger un album, mais ça donne déjà une idée, et franchement j'ai même pas envie de tenter l'écoute, malheureusement.
Ils sont tombés bien bas, Elvenking.
L'esprit s'est envolé.
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