Horna. Un nom qui nous rappelle à quel point la scène finlandaise a à nous offrir. La légion des ténèbres menée par Shatraug, qui incarne à lui tout seul les fondements du black metal finlandais, compositeur, guitariste et vocaliste du groupe auprès de
Corvus (qui officie dans
Korgonthurus) nous pond en cette année 2005 un album qui restera dans les mémoires.
En effet "
Envaatnags Eflos Solf Esgantaavne" est sûrement l'œuvre la plus aboutie, la plus travaillée et la plus prenante de leur longue discographie. Sachant qu'
Horna arpente la scène black metal depuis plus de 15 ans, on se dit qu'en effet on n’a pas affaire à des novices en la matière.
Horna est un groupe qui n'a jamais faillit à son éthique. Qui mieux qu'
Horna, réputé pour son black metal haineux et glacial pouvait nous faire une telle démonstration de génie musical ? La question ne se pose pas. Tout au long de ces huit titres (sachant qu'il y en a 13 sur une édition très limitée de cet opus) on se prend d'une envie de destruction et de mort, car cet album respire la noirceur d'une profonde haine et d'un profond dégoût de l'humanité. Parfois presque occulte, l'album s'oriente vers un true black criard, avec une production crue, et une voix légèrement mise en avant. La voix profondément inhumaine de
Corvus nous surprend à nous faire ressentir des choses enfouies au plus profond de nous-même, comme une inexorable destruction à venir.
Les riffs sont ravageurs et barbares, ils se répètent inlassablement et nous emmènent face à la pourriture de notre vile existence. Mais rien ne se détache, c'est une œuvre d'une homogénéité incroyable, et
Horna expose son œuvre telle une pierre tombale.
Des premiers jours d'
Horna en 1993 à aujourd'hui, le groupe est toujours resté en phase avec le sceau artistique qu'ils avaient assené, c'est à dire un black metal cru, blasphématoire et malsain.
Mais l'évolution est tout de même présente, même si elle s'est faite à bon escient, naturellement. Du black sombre et caverneux de "
Kohti Yhdeksän Nousua" au black punk de "
Sotahuuto" en passant par l'aspect occulte de "Haudankylmyyden Maille" ou encore le black influence death du légendaire "
Sudentaival",
Horna fait son chemin et devient disciple confirmé de l'invisible, le mal.
"
Envaatnags Eflos Solf Esgantaavne" est empreint de ce coté noir et crépusculaire, tranchant et virulent, cru et visionnaire.
Shatraug est totalement dévoué aux arts sombres, explore des dimensions funestes, expose ses croyances sataniques et païennes.
Des titres comme Musta Temppeli nous démontre à quel point on peut repousser les limites du glauque et atteindre une dimension funèbre écrasante et effrayante que l'on pourrait presque toucher du doigt. Ici l'inhumain est exprimé à travers une âme terrestre, et la vie perd tout son sens.
La sincérité, voilà ce qui se dégage de cet album purement true et extrêmement malsain.
Les rythmes jouent un rôle prédominant, tantôt lourds et lents, nous plongeant dans un perpétuel recommencement écrasant de noirceur et de douleur, tantôt rapides et désinvoltes.
Et l'on continue de fléchir sous le poids de la vérité sombre et funèbre, les hymnes s'enchaînent, tous empreints de cette haine surdimensionnée, de cette noirceur pétrifiante, de cette froideur inquiétante.
Horna prend son temps pour établir et étaler ses ambiances violentes et maladives, "Kirjous Ja Mailja" ou encore le terrible "Saastainen Kaste" crachent leur dose de maléfisme.
Une démarche noble et sombre, à la manière de
Darkthrone, toujours animée par la flamme noire qui brûle en eux.
On se plait à se croire emporté vers les contrées de Finlande, parmi les forêts inquiétantes avec comme seule compagne la nuit. Car dans l'univers d'
Horna, la lumière ne perce jamais. Seuls l'ombre et le démon ont leur place sur le trône impérial d'un monde sans issue.
Chaque titre est un hymne qui retranscrit à merveille la désolation qui peut naître en nous, comme les premières pluies d'automne qui nous glacent les os, comme le vent froid qui brise en nous tout espoir, comme une étreinte de la faucheuse déposant un baiser empoisonné sur nos lèvres.
Un album assassin, une arme qui atteint toujours sa cible, l'homme et sa stupide religion, moyen de pouvoir inventé par l'être humain. Cette galette, du début à la fin, prend aux tripes, enfonce l'auditeur dans la noirceur de ses plus inavouables pensées, le plonge dans les cendres de sa damnation funeste, et le mène loin d'ici, en enfer, ou rien ne vit et rien ne prospère. Car leur musique se ressent, au plus profond de notre faible âme, telle une élévation spirituelle spontanée et diabolique. Le pouvoir des ténèbres, tout comme celui de Dieu, est infinie.
L'album se termine en trombe avec le colérique "Kuilunhenki".
Horna, délivré de tout carcan qui limiterait son talent, trace son avancé sous le spectre sinistre du true black metal.
Horna suit ses instincts et non des impératifs commerciaux. Leur musique ne fait que serrer davantage au fil des écoutes notre cœur.
Horna signe ici un chef-d’œuvre qui s'inscrit déjà comme une œuvre majeure dans l'histoire du black metal. Rarement il m'aura été donné l'occasion de tomber si une œuvre si impressionnante et d'une telle qualité.
Un Mythe.
Kvar...
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