Angel Dust avait débuté de construire sa réputation de bon petit groupe anonyme de speed thrash teuton avec "
Into the Dark Past" , bien sympathique mais pas assez original pour être réellement plus qu'intéressant, pas aidé il est vrai par un côté peu accessible, et "
To Dust You Will Decay". L'aventure coupa court en 1990 à cause de luttes intestines, irrémédiablement dues à leur manque de succès, cela-même relié à l'émergente mais évidente baisse de régime du speed/thrash.
Une fois cette décennie maudite ou bénie (ça dépend de quel côté on se place) passée, le fondateur et bassiste Frank Banx éprouva et manifesta un désir de faire ressusciter le nom d'
Angel Dust sous un angle et un line-up complètement différents, ce dernier comprenant son petit frère Steven aux claviers.
Avec "
Border of Reality" et "
Bleed", leur identité se restructura sous la base du
Power metal, mais comme cette dénomination veut à la fois tout et ne rien dire, il convient de repréciser le style pratiqué uniquement au vue de ce "
Enlighten the Darkness", sorti en 2000 chez
Century Média.
Rien qu'à la lumière du titre introductif "Let Me
Live", on ressent les forts racines, lourdes, puissantes et incisives du speed thrash initial qui avait fait grandir le groupe dans l'air de leur temps. Alors, on ne peut pas s'y tromper, le terme
Power est à comprendre ici comme une sorte de synthèse de speed mélodique.
Comme la tendance est souvent à considérer qu'un groupe possédant un claviériste en son sein fait forcément du
Power, j'ajouterai pour assurer la crédibilité d'
Angel Dust dans ce style qu'une réelle ambiance épique s'est instaurée dans cet album, à l'inverse des premières années. Bien que soumis aux caprices du temps et des modes qui en découlent,
Angel Dust est parvenu à conserver une certaine logique, à suivre une évolution cohérente qui amène naturellement à ce bon album qu'est "
Enlighten the Darkness".
Parmi les faits marquants, on peut noter ce son incroyablement propre et moderne qui, ajouté à la rythmique carrée; insatiablement martelée mais paradoxalement avec un tempo relativement lent, aux temps bien espacés; et aux sonorités électroniques plus qu'inattendues dans "
The One You Are", redonne une seconde jeunesse à une prestation musicale qui passe de suite pour plus originale.
Tout au long des onze titres qui composent l'album croirait-on entendre dans la voix de Dirk Thurisch une emprunte vocale d'un Ronnie James
Dio en colère, ce qui assouvit presque un fantasme... Quoiqu'il en soit, sa prestation contribue fortement à la consistance du rendu musical, en assurant parfois de lui-même l'aspect mélodique, comme dans le très heavy/rock "Enjoy!".
Quand tous ces aspects se combinent, la rythmique à point cadencée, les riffs lourds et incisifs du thrash, les sonorités mélodiques et ce chant fédérateur, on obtient des pistes complètes et fortement marquées en termes de personnalité, comme dans "Come Into
Resistance" ou à moindre mesure "
Cross Of
Hatred".
Un vrai bémol toutefois réside dans les ballades ou interludes du même genre qui, bien qu'agréables à défaut, sont profondément classiques, un peu pompeuses mais surtout à contretemps complet de l'intensité globale ressentie dans les autres morceaux. "
Beneath The
Silence" n'a par exemple que d'intérêt dans le léger solo de guitare, et remet ainsi en cause sa propre utilité. De plus, on enchaîne par une seconde semi-ballade "Still I'm
Bleeding" taillé uniquement pour Thurisch et rattrapé fort heureusement une nouvelle fois par un solo Aufermann digne de considération, et c'est toute la dynamique de l'album qui en prend un sacré coup.
Mis à part un timide sursaut avec le déjà sus-cité "
Cross Of
Hatred", l'album ne se relèvera jamais de cet essoufflement, les germaniques préférant finir sur un ton plus heavy avec un "Oceans Of Tomorrow" qui semble pour un finish contenter tout son monde.
Au final, on se retrouve avec un bon album dans l'ensemble, très bon même à ses débuts avec un son accrocheur et irrémédiablement séduisant, alliant l'efficacité passée avec une production plus moderne et bien ficelée pour une personnalité enfin acquise. Hélas, "
Enlighten the Darkness" finalement rentre dans le rang sur la fin avec un rendu plus aseptisé, ce qui laisse penser qu'il aurait fallu sans doute sacrifier au moins une ballade pour trouver un équilibre, une homogénéité plus cohérente.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire