Liste des groupes Black Avantgardiste Urfaust Empty Space Meditation

Urfaust est un groupe que l’on ne présente plus aux amateurs de black avant gardiste. Révélé avec les incroyables et hallucinés Geist is Teufel et Verrätischer, Nichtwürdiger Geist, le combo hollandais est désormais une référence en la matière, duo allumé ne faisant rien comme les autres et se plaisant à tracer son propre chemin selon ses envies du moment, évoluant en un magma sonore baroque et expérimental où metal lent, lourd et étouffant, plages ambiant et instruments classiques se côtoient sans vergogne.

Six ans après Der Freiwillige Bettler, nos deux compères reviennent donc sur Van Records pour nous sortir leur quatrième full length, Empty Space Meditation, à la superbe pochette, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’après une flopée de splits et de singles, le duo est sacrément attendu au tournant.


Meditatum I est une plage ambiant aux sonorités chtoniennes se parant de mantras lugubres, de nappes de clavier discrètes qui vous enveloppent dans une brume épaisse et de sons qui rappellent confusément l’obscurité terrifiante des profondeurs. A la fois oppressant et apaisé, allumant une étincelle vacillante dans les ténèbres, ces 5,04 minutes nous rappellent un pan de la philosophie d’Urfaust : l’Homme doit se libérer du carcan des dogmes et se perdre dans les méandres obscurs de l’Inconnu pour se réaliser et accéder aux arcanes de la Sagesse.
Déboule ensuite la deuxième méditation sur un rythme assez soutenu pour le groupe, la batterie imprimant ce même tempo de façon totalement mécanique quasiment tout le long du morceau. Urfaust nous irradie de ces mêmes notes fêlées à la beauté céleste qui imprègnent la musique d’une sorte de mysticisme sacré et impie : le côté incantatoire est omniprésent, tant dans la combinaison entre ce riffing hypnotique et ces claviers éthérés qui élève l’âme de sa pitoyable gangue charnelle, que par ces hurlements black possédés qui, dans leur désir de s’élever vers la pureté du ciel, semblent presque touchés par la grâce. Le morceau se fend d’un break où le tempo ralentit en un motif plus mélancolique porté par la voix claire de IX, toujours aussi belle, expressive et torturée – humaine en définitive - et le morceau se termine sur presque trois minutes d’ambiant reprenant le motif fragile esquissé par les keyboards.

Meditatum III, à l’opposé, est un morceau très lourd, lent, rampant, se complaisant avec obscénité dans l’obscurité angoissante du monde souterrain. La voix du prêtre IX est plus incantatoire, gonflée d’une emphase grandiloquente et mordante, à la fois sauvage et cérémonielle, chargée de vibrations malsaines et inquiétantes qui embrasent l’air vicié des profondeurs d’une aura de folie palpable.
Dans la même veine mais en un peu plus rapide, Meditatum V repose sur un riff simple et efficace, le chant plaintif et désolé de Willem et la frappe basique et entêtante de Vrdrbr.

Certes un peu répétitive et minimaliste sur l’ensemble, cette nouvelle pièce de 43 minutes est d’une cohérence étonnante, notamment grâce à un traitement sonore particulièrement adéquat et soigné, faisant bien ressortir tous les instruments et nous plongeant tête la première dans les abysses.
Certes, Urfaust ne surprend pas, mais le groupe propose un opus en parfaite adéquation avec son univers si singulier, à la fois baroque, théâtral, terriblement sombre, spirituel et halluciné ; on regrettera simplement que l’album manque de moments vraiment marquants qui se détachent du reste, à l’instar de l’excellent Meditatum II, et que la prise de risque malicieusement étalée sur les différents EP ou featurings soit ici absente, les musiciens évoluant en terrain connu et balisé.


En définitive, Empty Space Meditation est un bon album qui conserve intacte l’empreinte et l’ambiance si unique d’Urfaust. Moins envoûtante et habitée qu’Apparitions et ne bénéficiant plus de l’effet de surprise dont Geist is Teufel profita à l’époque, cette nouvelle offrande ritualiste a tout de même largement de quoi séduire les amateurs du groupe. Avis à tous les Faust en herbe, Mephistopheles est de sortie, et il ne vous en coûtera que quelques euros pour accéder à ses savantes et sibyllines méditations.