Teufelsgeist

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15/20
Nom du groupe Urfaust
Nom de l'album Teufelsgeist
Type Album
Date de parution 27 Novembre 2020
Labels Van Records
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1.
 Offerschaal der Astrologische Mengvormen
 10:35
2.
 Bloedsacrament voor de Geestenzieners
 07:59
3.
 Van Alcoholische Verbittering naar Religieuze Cult
 04:38
4.
 De Filosofie van een Gedesillusioneerde
 05:48
5.
 Het Godverlaten Leprosarium
 04:31

Durée totale : 33:31

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Urfaust


Chronique @ Icare

19 Novembre 2020

Urfaust creuse toujours ce contraste entre metal lent, sombre et incantatoire et passages ambiant hallucinés.

Décidément, on ne peut pas dire qu’Urfaust ait chômé depuis la sortie de The Constellatory Practice en 2018. En un an et demi à peine, VRDRBR et IX ont enchaîné un live et un split avec Lugubrum, et voilà qu’ils nous présentent déjà leur sixième full length du nom de Teufelsgeist. Il semblerait donc que le duo soit dans une phase créative prolifique et ait décidé de battre le fer tant qu’il est chaud, c’est donc en toute logique que ce nouvel opus vient s’imposer comme une continuité parfaite des albums précédents, poursuivant le voyage initié seize ans plus tôt avec Geist ist Teufel avec une musique toujours plus noire, hantée, planante et fascinante.

Offerschaal der Astrologische Mengvormen nous happe directement dans cet univers si propre au groupe, à la fois baroque, exubérant, beau, sombre et torturé : visiblement, Urfaust n’a rien perdu de son alchimie, et cette capacité presque surnaturelle à élever notre âme à l’aide d’accords simplissimes répétés de longues minutes durant est toujours intacte. Ce rythme doomy et lourd frappé par une batterie sourde, ce riffing lent, sombre et majestueux qui nous drape dans une nuit sans fin et ces claviers cristallins et magiques qui viennent percer les ténèbres, nous emportent dans un monde de rêves et de chimères nébuleux. Les quatre premières minutes, purement instrumentales, déroulent ainsi leurs boucles en une sorte de brume mystérieuse et hypnotique, avant que le chant mâle de IX ne surgisse des profondeurs, grave et profond mais très pur dans ses montées plus aiguës, mélancolique, un rien désabusé, vibrant d’une émotion palpable sans pour autant verser dans la théâtralité excessive dont l’abus est presque devenu un gimmick chez certains combos de black auto proclamés avant-gardistes. Les vocaux accompagnent parfaitement la musique et, tout en renforçant sa dimension onirique, lui confèrent paradoxalement un aspect tragique bouleversant, étirant ainsi cette première plainte sur dix minutes qui pourraient se prolonger une délicieuse éternité sans aucune lassitude.
L’enchaînement avec Bloedsacrament voor de Geestenzieners est parfaitement naturel, les deux morceaux fusionnant en une transe hallucinée unique, avec cette même batterie réverbérée dont les coups sourds semblent invoquer les divinités chtoniennes, ces guitares graves et bourdonnantes qui répètent inlassablement le même motif et ce chant déclamatoire qui semble nous convier à une cérémonie d’un autre âge.

Nous poursuivons donc notre voyage initiatique à des kilomètres sous terre dans ce tunnel sombre, attirés par cette lueur tremblotante qui nous pousse irrémédiablement vers cette pulsation primale. Van Alcoholische Verbittering naar Religieuze Cult, entièrement ambiant, nous enfonce plus profondément dans ces ténèbres alors qu’il nous rapproche paradoxalement de la lumière, via ces touches de claviers éthérées et impalpables. Une chaleur étrange et réconfortante s’insinue lentement en nous, un peu comme une ivresse qui se distille peu à peu dans notre corps, nous réchauffe, nous rassérène et nous rassure, ce qui met très justement en relief le concept de cet album qui narre en musique les différentes étapes de l’intoxication et de l’état second dus à l’ingestion excessive d’alcool. D’ailleurs, histoire de faire les choses bien et de célébrer dignement la sortie de son nouvel opus, le duo a sorti en collaboration avec Hoos London Gin une bouteille de gin spéciale, à déguster en même temps que l’on écoute ces cinq titres, histoire de se rassasier le gosier et l’esprit autant que les esgourdes. Franchement, que demander de plus ?

En soi, ce sixième album d’Urfaust ne constitue pas une surprise puisqu’il s’inscrit parfaitement dans la lignée des réalisations précédentes, creusant toujours ce contraste entre metal lent, sombre et incantatoire et passages ambiant hallucinés. On pourra néanmoins rester un peu sur sa faim, Teufelsgeist se contentant de lâcher cinq morceaux dont deux pièces complètement ambiant, réduisant ces 33 minutes déjà bien maigrichonnes en à peine 24 minutes de sonorités metalliques (ça fait peut, surtout si on compare aux 53 minutes de The Constellatory Practice). Ceci dit, force est de reconnaître que les Hollandais maîtrisent leur art à la perfection et que la sorcellerie fonctionne toujours aussi bien : à ce titre, l’enchaînement des deux premiers titres est vraiment extraordinaire et possède un pouvoir d’évocation et d’immersion énorme que peu de groupes du genre peuvent se vanter ne serait-ce que d'approcher. Est-ce que le ratio qualité/quantité vous conviendra, à vous de voir, mais de toutes façons, avec Urfaust, il n'y a jamais de compromis, et c'est à prendre ou à laisser.

Quoi qu’il en soit, seize ans après Geist ist Teufel, la boucle semble bien bouclée avec Teufelgeist. Si vous n’avez pas peur de vous perdre dans les méandres infinis d’un esprit intoxiqué et malade – le vôtre ? - éteignez les lumières, insérez l’album dans la platine et montez le volume à fond, débouchez votre bouteille de gin du même nom, enivrez-vous abondamment et laissez l’ivresse et les ténèbres vous posséder…

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