Sur le papier, rien ne distingue Rings of Saturn d'un énième groupe de
Deathcore Technique mais après un an d'existence à peine et déjà un album remarqué dans le milieu, nos trois Américains gavés aux Aliens et aux jeux vidéos semblent avoir trouvé la clé du marketing MySpace. Car ils en ont du talent, autant derrière leurs instruments que derrière leur PC pour assurer un communication parfaite avec la communauté. Mais être geek suffit-il à atteindre leur succès ? Oh que non. Certes Lucas Mann, Brent Silletto
et Peter Pawlak ne réinventent absolument pas le genre mais apportent la fraîcheur qui manque parfois au milieu des monceaux de cadavres. Certes ça blast vite, ça grogne et ça shred comme tout le monde mais Rings of Saturn propose aussi sa touche d'originalité, son grain de folie à chaque morceau entrant furtivement dans l'expérimental sans pour autant s'y noyer.
Cet album, très homogène, ne laisse que de très rares et courts moments de répit, dans l'intro de "Final
Abhorrent Dream", dans l'outro de "Annihilating the
Pure" ou dans "
End of Humanity", superbe conclusion atmosphérique post-apocalyptique. Car oui, comme un bon film d'horreur de série Z, ce
Embryonic Anomaly relate la disparition de l'espèce humaine exterminée par des Aliens avides de sang. Maniant à la perfection les ambiances à la
The Faceless, utilisant judicieusement les samples frôlant parfois le kitsch mais si jouissifs sur "Annihilating the
Pure" ou "Grinding of Internal Organs", le groupe parvient à nous scotcher sur tous les titres soit un peu plus d'une demi-heure sans pour autant que la lassitude ne pointe le bout de son nez. En effet, si l'ambiance générale est celle d'un film d'horreur de science fiction, chaque titre est original et dispose de son lot de particularités qui le rendent reconnaissable. Il s'agit bien d'une des forces de Rings of Saturn : plutôt que de nous pondre des titres sans âmes, enchaînant froidement les breakdowns identiques à ceux de n'importe quel autre groupe, le groupe alterne les intro jazzy ("Seized and Devoured", "Final
Abhorrent Dream"), rentre dedans ("Corpses Thrown Across the Sky") ou plus lentes à se mettre en place ("
Invasion"), varie les samples et manie judicieusement les mélodies, allant jusqu'à un final quasi Opethien dans "Annihilating the
Pure".
De plus, Rings of Saturn, ce n'est pas qu'un talent de composition mais aussi un talent d'exécution. Si la technique semble de plus en plus banale à notre époque, le groupe en use et abuse, sans toutefois nous faire risquer l'indigestion, avec une précision chirurgicale. Ça va vite, très vite même mais le groupe sait modérer le tempo quand c'est nécessaire pour un résultat où les plans s'enchaînent avec une fluidité impeccable tout du long de l'album. On peut enfin ajouter au crédit du groupe une production exemplaire d'autant plus que les bougres se sont auto-produit. Chaque instrument, basse y compris est parfaitement calibré et facilement différentiable, évitant l'effet de « bouillie ».
S'il est bien difficile de percer dans le milieu saturé du
Deathcore, Rings of Saturn effectue un bon départ avec ce
Embryonic Anomaly survitaminé qui ne demande qu'à être confirmé par leur nouveau bébé. En effet, le groupe rentre en studio dès mai chez Unique Records. En attendant, foncez sur
Embryonic Anomaly qui, sans être une révolution, permet à ces trois gars bourrés de talent d'affirmer leur identité et qui est, je l'espère, le premier d'une grande fratrie de petits Aliens.
J'ai découvert grâce à toi un sacré bon groupe ^^
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