Dans la famille des groupes de deathcore technique, je demande
Rings of Saturn ! Souvenez-vous, ces jeunes lycées américains avaient réussi à pondre une sorte d’ovni musical avec «
Embryonic Anomaly » gavé aux amphétamines et bourré de références aux vieux jeux vidéo. Même à cette époque il fallait suivre la cadence ainsi que le trip geek du quintette californien : pas facile d’adhérer à ce qu’il appelle un « aliencore » plein d’originalité mais aussi de défauts, à savoir l’intégration maladroite de breakdowns et une alternance de vocaux un peu pénible. Après tout ça,
Rings of Saturn remet le couvert avec un nouvel opus signé chez Unique Leader et enregistré aux Mayhemeness Recording Studios de
Sacramento.
Avec «
Dingir », les Américains vont beaucoup plus vite, et il est impératif d’attacher sa ceinture sinon on n’arrive pas à suivre le rythme et ces envolées maladives de riffs tous aussi déjantés les uns que les autres.
Rings of Saturn (et son nouveau line up) alterne death moderne et deathcore mega technique avec un certain sens de la mélodie et une brutalité acerbe. L’auditeur se retrouve en plein cœur d’un ouragan difficile à contrôler, les musiciens semblent tellement pris dans leur délire qu’il est difficile de savoir s’ils ont pris des substances illicites ou non. Bref, si vous n’êtes pas habituées au style, vous serez déboussolés dès les premières secondes. Mais ! Si vous êtes aussi shootés que le groupe, vous devriez arriver à vous dépatouiller avec cette montagne d’éléments tous aussi barrés les uns que les autres.
Pour faire vite, on se retrouve avec un growl à la
Whitechapel, un côté atmosphérique à la
Fallujah et une petite touche progressive à la
Born of Osiris, le tout mixé avec la geekattitude d’un groupe en plein effervescence. « Objective to Harvest » nous frappe en plein fouet avec sa rapidité et sa brutalité, « Galactical Cleansing » ou « Fruitless
Existence » se la jouent cosmique avec des soli qui s’en vont et reviennent, sans oublier les cinglés « Shards of
Scorched Flesh », « Peeling Arteries » et «
Dingir » qui donnent l’impression que les Américains ont trop mangé de Super Mario et de jeux du même style.
On serait tenté de crier au génie mais certains éléments font que notre enthousiasme s’effondre rapidement. D’une, les breakdowns ne sont pas forcément très réussis d’autant plus que la plupart font clichés sans même apporter quelque chose aux titres qu’ils représentent. De deux, l’autre chant (le criard) est bien trop présent et bien trop agaçant par rapport au growl qui tente désespérément de s’insérer comme il peut. De trois, la batterie ne sonne particulièrement pas humaine même si
Ian Baker est crédité : c’est tellement hyperactif et synthétique au niveau de la double qu’il est normal d’avoir des doutes. Enfin, le son est bien trop compressé et digital. Certes, c’est parfait pour ce genre de musique mais tout de même. C’est pire que de se retrouver en plein cœur d’un jeu vidéo.
Pas facile de se faire une idée claire tant on a d’un côté de très bonnes choses et de l’autre des trucs qui horripilent et nous empêchent d’apprécier l’album à sa juste valeur. Alors les expérimentations ne font pas de mal, sauf quand c’est too much. Trop c’est trop, arrivé à la fin de l’opus on se réjouit d’avoir une petite instrumentale («
Utopia ») mais finalement il s’agit aussi d’un déferlement (plus calme toutefois) de soli cristallins.
Pas de moments de répits en fait dans ce «
Dingir », le quintette nous bombarde de riffs supersoniques, de rythmes endiablés et de chants partant dans tous les sens dans son deathcore technique/brutal/expérimental. Un mélange qui devrait faire pleurer les puristes et faire sourire les amateurs de folie et de rapidité décoiffante.
C'est froid, sans émotion aucune, le son de la batterie est affreux, vraiment pas organique, et je n'aime pas la voix. Il y a des groupes de Death qui arrivent à judicieusement mixer la technique avec la brutalité, ils insufflent la technique à la musique pour nous faire ressentir des choses et sortir des sentiers battus (je suis pas un grand connaisseur, mais les premiers noms qui me viennent en tête sont Obscura, Benighted, Nile voire même The Faceless, à l'extrême limite). Rings of Saturn, c'est un peu le contraire, utiliser la musique pour faire une démonstration de technique. Ouais les gars, vous savez jouer, mais est-ce que vous savez composer ?
Chapeau bas pour la technique, y'a certains passages qui font presque rire tant c'est poussé loin. Hormis ça - et le dernier titre qui est pas dégueulasse - j'ai plus eu l'impression d'assister à un énorme patchwork sans aucune structure ni ligne directrice, et cette envie d'en mettre partout (l'utilisation à outrance de la double pédale sur des passages atmosphériques arrive même à complètement les gâcher)agaçe très rapidement.
Aussitôt écouté, aussitôt oublié.
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