Pour ceux qui ne connaissent pas
Chelsea Grin, sachez que cette jeune formation a réussi à en surprendre plus d’un en 2008 en faisant découvrir un son brutal, glauque et résolument destructeur à travers un premier EP éponyme qui a bien tourné. Ils se sont même payés les services du magistral Dennis Sibeijn (
Aborted,
Job For A Cowboy,
Molotov Solution…) pour leur artwork gore, en total adéquation avec leur nom équivoque : un acte barbare chez les hooligans anglais qui consiste à trancher le rebord de la bouche de son rival pour en faire un sourire sanglant, le ‘sourire de l’ange’ par chez nous. Le groupe américain a ainsi outrepassé ses espérances en se classant parmi les jeunes espoirs du deathcore ricain.
Vite remarqués, ils signent par la suite chez
Artery Recordings, petit label indépendant qui, comme beaucoup d’autres, grimpe avec assurance les échelons en faisant signer au préalable des groupes du genre comme
Attila,
Bury Tomorrow et
A Bullet For Pretty Boy. Un nouveau label fraichement sorti qui compte donc sur ses nouveaux poulains pour envoyer la purée, chose que
Chelsea Grin va bien évidemment faire sans peine…
Premier album, premier label, première grosse reconnaissance : les p’tits gars de Salt
Lake City mettent donc le paquet. Un son irréprochable enregistré aux Lambesis Studios par le fameux Tim Lambesis d’
As I Lay Dying, une pochette cette fois-ci signée Mike Milford (
Carnifex,
Catherine) pas très impressionnante mais néanmoins sympathique, onze morceaux et des titres pour le moins révélateurs à défauts d’être originaux. Et la musique dans tout ça ? Et bien à l’écoute de
Desolation of Eden, on pense immédiatement à
Suicide Silence. Pourquoi ? Parce que cette dominante de voix aigue, cette ambiance morbide, ces riffs simples mais efficaces alliant allers-retours death metal à des beatdowns ravageurs sont des produits 100 %
Suicide Silence/
Whitechapel. Alors, plagiat ou grosse influence ?
Pour être franc, je dirais grosse (voire très grosse) influence, surtout au niveau du chant ; on pourrait aisément confondre la célèbre voix de Mitch à celle d’Alex. Mais ce qui différencie les deux formations est le sens du riffing pour la deuxième, car si
Chelsea Grin s’inspire de ce type de structure et de riffs, il y a tout de même une bonne identité de ce côté-là.
Plus ou moins violentes, les compos savent bien envoyer dans un registre nettement plus death que leurs ainées, notamment grâce à la présence de trois guitares au lieu des deux habituelles. Le son est donc ici très lourd, plus étoffé grâce à ces trois grattes, doublant ainsi une rythmique écrasante, un peu comme le font
Whitechapel d’ailleurs.
On trouve donc du très bon dans ce premier album tant attendu, des morceaux pour la plupart courts, accrocheurs, aux saccades lourdes contrebalancées par de nombreux passages au rythme effréné. Des morceaux tels le titre éponyme, "Cheyne Stokes" (présent sur le précédent EP) ou encore "
The Human Condition" vont agréablement vous faire « tourner la têteuuuh » (air connu). Les passages saccadés sont lourds, prenants, bien boostés par une double-pédale tour à tour en roue libre ou bien dans les clous de façon à rythmer les morceaux sans tomber dans la lassitude.
Toujours perplexes ? Je vous comprends, le tout sonne un peu trop déjà vu, des lâchés à la
Impending Doom aux passages en blasts/taquets proches de
Anima. Ceci dit, ce côté déjà vu peut être pris en considération et analysé comme une valeur sure pour le groupe, histoire de ne pas trop se prendre les pieds dans le plat en tentant d’innover dans un projet casse-gueule. Par conséquent, en mélangeant leurs nombreuses influences, on pourrait s’apparenter à une formation pompeuse et sans imagination. Soit. Mais l’album envoie tellement qu’à l’écoute, on ne soucie guère de savoir comment ils s’y sont pris pour pondre leurs chansons ni de s’intéresser à quel groupe vient ce type de riffs. En bref, on écoute, on bouge la tête lentement et on secoue son corps sans se poser de questions, c’est mieux ainsi.
Au final, tiraillé entre des sonorités déjà vues et une réelle concentration quant à l’efficacité de ses morceaux, ce premier album se veut inégal en soi mais demeure dans la forme complètement fracassant.
Plus direct, sans fioritures ni ballades acoustiques incongrues,
Desolation of Eden vaut donc le coup. À suivre de près, le niveau est indéniablement là.
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