Les fans peuvent se réjouir : les badaboum-boys de Salt
Lake City sont de retour et ils ne se sont pas assagis, loin de là ! Après un monstrueux EP éponyme en 2008 et un premier opus très remarqué deux ans plus tard,
Desolation of Eden, les
Chelsea Grin reviennent l’année suivante pour nous asséner d’un deuxième album qui risque d’en surprendre plus d’un… Intitulée
My Damnation, cette nouvelle galette bénéficie avant tout d’une p***** de production bien ricaine : produit par Chris "Zeuss" Harris (auteur des derniers
Oceano,
Suicide Silence,
The Red Chord ou encore
Bleeding Through). Autant dire que vous allez en prendre plein la gueule niveau puissance sonore, les gaillards n’ayant pas fait appel à un manche pour mixer leur bébé.
Une pochette quasi-religieuse, en apparence bien propre, qui ravirait les amateurs de vieux metalcore. Le groupe se serait-il calmé ? Pensez-vous…
My Damnation est un pur concentré de violence, de brutalité mais aussi de mélodies entêtantes, harmonieuses et maîtrisées, chose qui manquait à
Desolation of Eden et que nos Américains vont se faire un plaisir de vous présenter. Dès "The Foolish One", on comprend que ce deuxième opus va aisément surpasser son prédécesseur : saccades lourdissimes empruntées à
Whitechapel, rythme en mid-tempo, accélérations typées death, beatdowns aussi bourrins qu’atmosphériques, chant criard à la Mitch Lucker (bien que désormais plus personnel, j’y reviendrais). Aucun doute : l’album va être une tuerie sonore.
Excepté l’interlude acoustique "Kharon" (classique mais qui introduit bien un fabuleux titre dès les premières chansons), toutes les pistes regorgent de violence et d’agressivité. Je parlais d’une nouvelle touche mélodique, elle envahit agréablement l’album, ni trop présente ni en retrait ; juste ce qu’il faut pour apporter une ambiance palpable à toute cette férocité. Et plusieurs titres peuvent en témoigner, des enivrants "Everlasting
Sleep" et "Behind the
Veil of
Lies" (bien influencés par leurs comparses d’
Impending Doom), "Calling in
Silence" (qui bénéficie d’ailleurs de la voix torturée de Nate Johnson, chanteur de
Fit For An Autopsy) ou encore "
My Damnation" et "
Last Breath", ce dernier nous ramenant à l’âge d’or des refrains metalcore.
Finissons ce suspense inutile : non, les
Chelsea Grin ne révolutionneront rien, ne s’identifient pas vraiment et continuent d’être influencés par leurs (nombreux) prédécesseurs. Toutefois, force est d’admettre que
My Damnation possède une puissance, une habileté et une foule de titres telles que l’album rentre dans le moule avec une efficacité des plus effarantes. Car oui, ce deuxième opus enterre le précédent et nous amène dans une composition plus maitrisée et plus efficiente. Le groupe n’ayant jamais eu la prétention de clairement s’imposer voire d’éliminer des concurrents invisibles, on ne peut que les saluer à deux mains, en particulier le chanteur Alex Kohler qui a sacrément évolué, conservant son timbre mais avec plus de maitrise, sa voix ressemblant beaucoup moins à cette multitude de growlers connus dont on faisait l’année dernière le vif rapprochement.
De titres plus mélodieux comme ceux précédemment cités à d’autres plus classiques – plus deathcore pour certains – comme "Calling in
Silence" et "All
Hail The
Fallen King", qui bénéficient d’ailleurs de deux featurings élogieux, le premier ayant la voix torturée de Nate Johnson, chanteur de
Fit For An Autopsy, tandis que le second se voit agrémenté du timbre apocalyptique de Phil Bozeman (qu’on ne présente plus). D’autres encore plus « expérimentaux » pour le groupe, comme le surprenant "Oblivion" avec ses riffs tour à tour djenty, dissonants, death metal et atmosphériques ainsi qu’un scream sorti d’outre-tombe.
Au final, ce deuxième album est dans le fond similaire à son prédécesseur, soit très basique et peu original, mais reste dans la forme beaucoup plus attractif, aux riffs et à la composition doublement soignés, au chant nettement plus maitrisé, collant ici parfaitement à la musique environnante. Encore une fois, ceux qui trouvent que le deathcore « sa pue » et les allergiques aux beatdowns vomiront avec complaisance sur cette énième production du genre. Les autres se régaleront de constater que ce deuxième opus est un véritable boulet de canon tout simplement e-ffi-cace qui en fout plein la poire. Ce que
The Black Crown aurait presque dû être.
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