Le metalcore a bien fait parler de lui. Ce genre très visuel, adulé par les d’jeunz mécheux, qui a vite tourné en rond, ne proposant que des perles rares dans son domaine, des groupes qui ont su envoyer une touche d’originalité et de savoir-faire pour ne pas tomber dans l’ignorance.
Bleeding Through en fait partie. Et ils persistent encore les bougres ! Non contents d’avoir remué la scène metalcore avec leur son dépotant, leur côté glauque assumé et leur claviériste, disons… aguicheuse, ils sont revenus en 2008 pour resservir la même sauce. La même ?
Pas tout à fait.
Les fans se souviennent du somptueux
The Truth sorti deux ans auparavant, avec sa cover intrigante et son booklet gore, ses clips ultra-violents et ses chansons glauquissimes. Entre "
Kill to Believe" et "
Line in the Sand", on s’est bien régalé à faire tourner le disque dans la platine. Mais la mode est éphémère, et on se tourne vers autre chose. Heureusement,
Bleeding Through n’abandonne pas la donne et nous servent sur un plateau d’argent un cinquième album bien fracassant.
Le son est produit et mixé par l’immense
Devin Townsend ; autant dire tout de suite qu’il est donc irréprochable, froid et identifiable parmi la discographie du groupe.
Declaration est aussi le premier album sans Scott Danough, guitariste membre depuis sa formation, parti valdinguer avec le female-fronted band Falling to Pieces. Il est donc remplacé par Jona Weinhofen (
I Killed The Prom Queen) qui ne fera pas long-feu non plus puisqu’il ira rejoindre le petit groupe « pas connu du tout »
Bring Me The Horizon. Autre fait-divers qui n’intéressera que les fans du groupe, l’album fut malmené de toutes parts à cause de royalties non payés par Trustkill Records ainsi qu’un manque de fonds pour la production de l’album. On comprendra donc aujourd’hui pourquoi l’équipe est chez Rise Records (
The Devil Wears Prada,
The Red Shore)... Voilà pour la petite histoire.
Avant toute chose, les claviers, sans avoir être forcément omniprésents, sont beaucoup plus en avant tout en laissant pleinement les guitares s’exprimer, donnant un son plus sec et moins typé. Marta est donc heureusement toujours au sein du groupe, en témoigne cette magnifique intro qu’elle a habilement composée. Planante, envolée, fortement inspirée d’un Danny Elfman puis de
Winds Of Plague (dont on retrouve une certaine ressemblance dans la quasi-intégralité de l’album au niveau des claviers et de certains riffs thrash par ailleurs), se tournant soudainement avec harmonie vers le thème belliqueux des Spartiates de 300 dont une phrase culte vient couper net à la mélodie : « Tonight we dine in
Hell ! »
Et bim ! "
Declaration" dans ta face mon ami ! Riffs black metal, claviers atmosphériques, blast-beats, taquets et breakdowns férocement mis en place pour en mettre plein la vue. Toujours aussi brutal, glauque et mélodique, le groupe arrive à mêler avec une aisance alarmante son savoir-faire, mélangeant son brutal metalcore à du black metal norvégien (fans de
Darkthrone ou
Urgehal, passez votre chemin, vous comprendrez bien que vous n’allez pas y trouver une quelconque satisfaction). Le chant est violent, épaulé par la présence en guest vocal de M. Tim Lambesis d’
As I Lay Dying.
Declaration enchaine avec des morceaux de la même trempe, rajoutant de légers sombres chœurs appuyés sur les beatdowns pour donner une ampleur à la partie dite ‘mosh’ pour les hargneux du pit (exemple premier sur le monstrueux "Germany"). Mais le groupe n’a rien oublier de son côté purement et simplement mélodique, continuant d’exploiter ce petit don pour commettre des méfaits envolés, suintant la félicité et apportant une jolie touche d’émotions comme sur le titre le plus mélodique qu’à pondu à ce jour le groupe, le bien nommé "There Was a Flood".
Mais trêve de sympathie, on n’est pas chez les Bisounours ici et
Bleeding Through réitèrent dans le rentre-dedans dans la seconde partie de leur galette. Tandis que Derek Youngsma continue de blaster à tout va avec courroux et précision, notre cher Brandan vocifère ses maux à grands coups de screams glaçants et de son timbre rauque, toujours aussi percutant. Pour faire bref quant à la deuxième moitié du CD, elle est déjà hélas beaucoup plus classique, mélangeant riffs thrash, hardcore, death mélo et passages purement
Bleeding Throughiens. Quelques similitudes entre les riffs, des soli pas forcément très originaux et un ou deux titres en trop (l’inutile "
Reborn from
Isolation" et le très influencé
Slayer "Seller's Market" pour ne citer que eux). Ainsi, malgré ces longueurs inutiles, on arrive à la fin d’un album monstrueux, sublimement achevé par l’un des plus ambitieux et des plus magnifiques morceaux du groupe, "
Sister Charlatan" aussi mélodique que bourrin, véritable chef-d’œuvre musical dont je ne peux que saluer la maitrise et la mise en place.
Au final, plus abouti et plus rentre-dedans que son prédécesseur,
Declaration demeure un cinquième opus des plus percutants, plus agressivement poussé vers l’extreme metal, l’un des meilleurs du groupe et une machine à remuer des plus efficaces.
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