Déjà le sixième album pour les
Bleeding Through, le premier chez Rise Records et le premier avec l’improbable Dave Nassie (
Infectious Grooves,
Suicidal Tendencies), remplaçant le guitariste Jona Weinhofen qui n’est pas resté longtemps au sein des bourrins d’Orange County au final. L’album étant produit par Chris
Hess qui s’est déjà occupé de Lamb of
God,
Hatebreed ou encore
Shadows Fall, on avait cette impression grandissante que l’album allait être beaucoup plus hardcore, plus groovy. Après le monstrueux et quasiment parfait
Declaration sorti il y a déjà deux ans, tous les fans se sont donc posés une question : comment
Bleeding Through vont-ils réussir à faire mieux ? Réponse deux ans plus tard : ils n’ont pas réussi…
Pas forcément mauvais en soi, bien foutu et au son impeccable (l’album est enregistré aux Planet Z Studios), il manque cependant un petit quelque chose indispensable qui devient vite un gros quelque chose : de la hargne véritable. Ne serait-ce qu’en se basant sur
Declaration, l’écart est abyssal, ce nouvel opus n’arrivant tout simplement pas à égaler l’album précédent, sans saveur aucune, sans groove, sans pêche. Les titres s’enchainent mais peu font concrètement vibrer, les nappes de claviers sont là mais n’apportent aucun souffle, les riffs sont bien menés mais jamais acérés ni mémorables. Mémorable : un mot désormais en totale contradiction avec
Bleeding Through (j’entends par là l’album éponyme).
Pourtant, tout laisser présager le meilleur et ce, dès l’intro du CD : entièrement composée au clavier, planante sans toutefois égaler la majesté de "Finnis Fatalis Spei", ce prélude est sympathique. S’enchaine le titre désormais connu des fans, le bien-nommé "
Anti-Hero". Bourrin, glauque, puissant, écrasant, les mots manquent pour décrire une telle tuerie tout droit échappée de leur galette précédente. Le titre-phare de la galette, sans aucun doute. Les saccades glauquissimes, le clavier aérien, les breakdowns terrassant, ce solo ultra-rapide, cette atmosphère black metal. Ah si tout l’album était ainsi… S’en suit donc le titre "Your Abandoment", dans la même lignée, voire même un poil plus axé sur de bons vieux riffs hardcore entremêlés des désormais inévitable allers-retours typés black. Un morceau tout en brutalité. Bref, ça s’amoncelle toujours bien…
Arrivé au troisième ‘vrai’ titre, l’érection baisse d’un bon cran. Mention passable pour "Fifteen Minutes", le groupe proposant un titre aussi banal que possible, une structure très bof (mais qu’est-ce que c’est que cette pause interminable entre le dernier solo et le beatdown final ?), des riffs monotones et déjà vus, du
Bleeding Through de base en somme. Et il en sera de même avec la quasi-totalité du reste du CD : le groove manquant, la pêche absente, on se retrouve face à un album presque bâclé, pas désagréable en soi mais largement en deçà de ce qu’on était en droit d’attendre. Succéder à une tuerie n’est pas chose aisée, la preuve en est ici…
Les quelques bons titres résident donc au début comme dit précédemment, puis avec les sympathiques "Breathing in the Wrath" et "
Slow Your Roll" tous droit sortis de
Declaration ou encore le sublime "
Divide the Armies" où riffs black, hardcore et thrash se mélangent parfaitement et ce jusqu’au refrain en chant clair à tirer la larme de l’œil. Après, c’est le vide artistique, la monotonie, le déjà vu phagocytant l’originalité, voire l’aberration sonore avec le refrain de "
Salvation Never Found", mielleux et insipide, chanté par Nick 13 de
Tiger Army. D’autres morceaux sont agréables mais n’exaltent en rien, ne poussent pas à la frénésie, ils s’écoutent mais s’oublient pour la plupart très rapidement.
Cet album éponyme ressemble donc à une compilation de B-sides inutilisés pour
Declaration, le genre de morceaux médiocres dont on ne veut pas, le genre de morceaux qu’on laisse aux autres, ceux qui n’aspirent qu’à composer du passable. Au final, je résumerais ce sixième album par un manque d’originalité flagrante, un manque de punch mais un tout petit côté hardcore revenu et une multitude de soli. Bref, une petite déception néanmoins prévisible et par conséquent pas si grave que ça. Bon allez, je vais me réécouter
Declaration moi.
Habitué maintenant quand on dit sur SOM qu'un album d'un bon groupe est pas terrible, que c'est bon. Pê pas toujours, mais là, l'ennui ne m'a pas gagné...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire