Loin des yeux, loin du coeur dit-on…
Sans que cela s’intègre parfaitement à un musicien aussi reconnu et générateur d’attente que Peter Tagtgren, il est évident que cinq ans entre deux albums, dans un monde numérisé où les sorties d’albums sont aussi légions que des abeilles butinant du nectar, est indéniablement un très long moment.
Le suédois conserve cependant une aura particulière du fait de son statut culte avec
Hypocrisy et de son travail de producteur reconnu dans le monde entier.
Trois ans après un “
End of Disclosure” fort décevant chez
Hypocrisy (manque d’inspiration et facilité d’écriture assez déconcertante…) et un opus solo de Lindermann qui n’a pas réellement marqué les esprits (du sous-
Pain chanté en allemand par Til…), ce nouveau
Pain est relativement attendu au tournant pour être certain que le fameux suédois n’a pas perdu de sa superbe. Malheureusement, “
Coming Home” ne va pas forcément rassurer…
Pain a connu différentes périodes. D’un statut de projet solo “récréation” au succès du génial “
Dancing with the Dead” qui fit Peter enchainé quatre albums en cinq ans,
Pain est devenu progressivement un véritable groupe développant une musicalité à part et évolutive. Terminé le temps du metal industriel des débuts, “
Cynic Paradise” et surtout “
You Only Live Twice” ont marqué avec force l’intégration d’éléments plus brutaux hérités d’
Hypocrisy (l’introduction de “Let me
Out” en est le meilleur exemple, ou encore “Monkey Business” sur “
Cynic Paradise) et de morceaux globalement plus accessibles et directs. Mais après cinq ans, difficile de savoir si “
Coming Home” va officier un retour aux sources initiales de Peter (comme annoncé par
Nuclear Blast) ou si l’album va naviguer dans la musicalité dépeinte depuis “
Psalms of Extinction” .
C’est finalement un peu de ces deux choses qui a été fait.
Bien que Peter déclare avoir atteint une forme de perfection avec “
Coming Home” dans ce qu’il désire faire avec
Pain, le résultat laisse circonspect après plusieurs écoutes.
Non pas que le résultat ne soit pas bon, simplement qu’après cinq ans, nous étions en droit d’attendre plus d’inspiration, de surprises et non pas cette sensation d’écouterles faces B des précédents opus ou les chutes de studio. Ce n’est évidemment pas le cas mais c’est face à un
Pain fatigué et peu entreprenant que nous nous retrouvons, enchainant les morceaux sans entrain, avec quelques éparses coup d’éclat mais trop souvent cette sensation d’entendre des versions réarrangés d’autres morceaux.
Le meilleur exemple est sans contexte “Call Me”, premier clip (très sympa au demeurant, chacun ayant sa marionnette…), dont le riff d’intro est un copié collé pur et simple de“
Nailed to the
Ground”, pour un déroulement ensuite cousu de fil blanc et un refrain déjà entendu et réentendu. La présence de Joakim Broden (
Sabatan) colore sensiblement letitre, le chanteur semblant totalement à son aise chez
Pain, mais le refrain et le titre en lui-même n’a rien de transcendant. On notera également l’étrange choix de débuter l’album par “Designed to Piss you
Off”, débutant sur un air sensiblement country (la surprise de “Have a Drink on Me” en moins) mais ne percute jamais, le morceau tombant mêmecomplètement à plat lors d’un refrain mou et sans idée pour Peter.
Forcément, tout n’est pas à jeter (heureusement, on parle quand même de Tagtgren !) et il est impossible de ne pas mettre en avant le premier extrait de l’album, à savoir “
Black Knight Satellite”, sûrement le meilleur titre de l’album. On y retrouve des idées, des arrangements électroniques grandioses, un refrain que l’on retient directement et qui donne envie de secouer la tête ainsi qu’un break superbement amené. Il faut préciser que la batterie sur “
Coming Home” a été intégralement prise en charge par le fils de Peter,
Sebastian, plus disponible que David Wallin, et le maitre à penser de
Pain ne tari pas d’éloges sur fils et sa facilité à enregistrer le disque. On parlera également du très réussi “A Wanabee”, futur hymne des concerts dans la pure veine des grands classiques de
Pain ou encore “Natural
Born Idiot” aux cassures industrielles et le retour de quelques hurlements typiques d’
Hypocrisy qui se font cruellement attendre tout au long de l’album (il n’y en a que deux en tout et pour tout, ici et sur “Final
Crusade”).
Mais pour ces réussites, il faut faire avec un “
Pain in your
Ass” lourdaud et plat ou encore un “Absinthe-
Phoenix Rising” qui, s’il évoque une anecdote bagarreuse du groupe, n’a musicalement rien de transcendant et fait véritablement office de remplissage. Le morceau éponyme, écrit comme une ballade, bénéficie des arrangements du claviériste de
Carach Angren mais sonne étrangement synthétique alors que le but avoué de Peter était d’avoir un résultat symphonique, à l’instar de “
Eleanor Rigby” mais l’ensemble en est loin. Le morceau en soi est beau et apaisant, avec une certaine grandiloquence rappelant les débuts du groupe mais la différence entre la vision de Peter et la réalité démontre également que le suédois manque visiblement de discernement ces derniers temps. Peut-être la suractivité du suédois pendant vingt ans a t-elle uséele musicien qui a aujourd’hui plus de difficulté à se renouveler.
Ne doutons pas que les prochains concerts seront de beaux moments de communion et que les prochains opus du suédois retrouveront inspiration et expérimentation qui l’ont toujours caractérisé. En attendant, même si “
Coming Home” réserve quelques belles surprises, il est probable que nous repassions d’ici quelques semaines les précédents efforts plutôt que cette dernière livraison…
Si Black Knight Satellite est le meilleur titre j'ai un peu peur. Je l'ai vraiment trouvé en mode pilotage automatique complet, sans inspiration.
Ce que j'aime avec Pain, c'est que chaque album est un peu différent. Un Cynic Paradise assez festif, un Dancing With The Dead très électro, You Only Live Twice plus sombre...
Bref, les 2 extraits ne m'ont pas du coup convaincu, et ta chronique me fait dire que je ne trouverai pas mon compte ici...
Un gros manque d’inspiration surtout je pense, c’est très dommage, ce projet a vraiment une discographie intéressante, sur laquelle ce petit dernier risque bien de faire tâche, ou au moins d’être moins important. Dommage, vraiment dommage, même si comme dit dans la chronique, ça reste très écoutable avec quelques bons moments, juste pas à la hauteur du bonhomme.
La production est géniale et l'album comporte quelques bonnes sonorités (notamment la guitare et parfois le chant). Mais dans l'ensemble c'est surtout catchy et ultra basique, que ce soit le rythme de la batterie qui reste souvent bloqué sur le rythme "rock de base" ou bien la structure des chansons 2 couplets/3 refrains avec un truc spécial entre le 2nd et dernier refrain. Les paroles de certaines chansons sont rigolotes, seulement d'autres comme celles de Coming Home sont génériques et d'une nullité (même pris à l'ironie ça n'a rien de grandiose).
Bref, un album à mon avis bien oubliable.
Et pour ceux qui aiment les comparaisons, franchement on est loin du punch de Cynic Paradise dont chaque chanson est certes très "rentre dedans", mais mémorable, ou bien Dancing With The Dead et Palm of Extinction avec des sons électro moins timides, des ambiances plus présentes (Play Dead, Cloud of Exctasy).
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