« It’s a Long Way to the Top, If You Wanna Rock n’ Roll…” vociférait en connaissance de cause le regretté Bon Scott du mythique AC/DC sur le premier morceau de la version européenne du légendaire album « High Voltage » de l’inénarrable combo de hard rock australien électrisé. En effet, sauf si l’on s’appelle Matthew et Gunnar
Nelson ou encore Wolfgang
Van Halen, la route s’avère être longue et sinueuse pour qui espère rentrer dans le music business, faire partager sa vision du rock n’ roll au plus grand nombre et profiter accessoirement de tous les avantages que peut comporter la vie trépidante de rock star tels que prendre des bains de Champagne Louis Roederer dans des palaces sept étoiles en compagnie de sublissimes naïades siliconées qui ne vont jamais aux toilettes, se déplacer les cheveux au vent sur Sunset
Boulevard à bord d’une Corvette Indy 500 Convertible vrombissante et visiblement non équipée d’indicateur de vitesse ou encore dépenser hebdomadairement deux smic mensuels pour l’acquisition sous le perfecto d’alcaloïdes de coca et autres substances psychotropes génératrices d’inspiration créative. Parmi beaucoup d’autres,
Dokken peut se targuer d’avoir gravi les échelons un par un pour aujourd’hui constituer unanimement une légende immuable du hard rock/heavy metal marquée du prestigieux sceau des saintes années 80.
L’histoire de
Dokken remonte à l’année 1978 au cours de laquelle le mécanicien automobile Donald Maynard
Dokken s’associe avec le guitariste Greg Leon (futur
Quiet Riot, The Greg Leon
Invasion), le bassiste
Jim Monanteras et le fidèle batteur Mick Brown pour former un combo de heavy metal baptisé d’après le patronyme de son géniteur. Habitué des clubs rock de
Los Angeles et las d’un record deal qui tarde à venir malgré la sortie en
1980 de la démo «
Back in the Streets » et le remplacement de Leon par le flamboyant et virtuose
Dokken (ex Xciter) au poste de six-cordiste, Don
Dokken s’envole en 1981 pour la RFA afin d’assister le convalescent Klaus Meine du légendaire
Scorpions sur les backing vocals de l’album «
Blackout ». Egalement présent au même moment entre les murs des Dierks Studios de la banlieue de Cologne, le groupe Accept et plus particulièrement son manager remarque le talent du californien et lui fait en conséquence logique signer illico presto un record deal sur le label français Carrere Records qui sort à 500 exemplaires le disque «
Breaking the Chains » en 1981 sur le Vieux
Continent sous l’étiquette Don
Dokken. De retour à
Los Angeles et fort de sa première véritable expérience discographique, Don stabilise définitivement le line-up de
Dokken en recrutant le bassiste Juan Croucier (futur
Ratt) avant de taper dans l’œil du manager Cliff Bernstein, de remastériser «
Breaking the Chains » et de sortir l’opus sur Elektra Records le 18 septembre 1983.
L’album débute avec un morceau éponyme qui n’est pas sans donner à l’auditeur l’indice d’une écoute allant s’avérer à priori être des plus agréables tant le heavy metal certes simple mais efficace et entrainant de
Dokken sur ce titre semble faire mouche assez facilement malgré une production signé Michael Wagener qui avouons-le ne fait pas aujourd’hui mentir le disque sur son âge. Un riff principal simple mais radical, une rythmique infaillible associée aux vocaux sensuels et tamisés d’un Don
Dokken semble-t-il possédé par un spleen Baudelairien ; tels sont les ingrédients du tube incontesté de «
Breaking the Chains » s’avérant également être un classique du combo californien en concert. Sensuel et mélancolique donc, le heavy metal de
Dokken possède la particularité de ne ressembler à aucun autre et de pouvoir encore être reconnu de nos jours entre mille. Dans un registre comparable, relevons le très bon « Nightrider » qui racé et quasiment mystique, semble être tel un rêve prémonitoire de ce que sera
Dokken dans son glorieux futur proche. Même si les mauvaises langues tendront à qualifier la musique de cette légende immuable de soporifique à plus ou moins juste titre, notons un regain d’énergie vitale sur l’enthousiaste «
Live to Rock (Rock to
Live) » ponctué qui plus est par un remarquable solo de
Tiger Stratocaster signé de la patte du virtuose
Dokken dont la légende raconte que lui et Don
Dokken ne se sont quasiment jamais adressé la parole au cours des années fastes de
Dokken. Au même titre, soulignons les sympathiques «
Seven Thunders » et autres «
Young Girls » (NB : dont l’introduction semble avoir grandement inspiré
Judas Priest pour celle de « Locked In »…) qui à défaut de constituer des tueries absolues du genre parviendrons néanmoins à tirer les qualités musicales intrinsèques de ce «
Breaking the Chains » vers le haut. Tirer les qualités musicales intrinsèques de ce «
Breaking the Chains » vers le haut car en effet, ce premier effort de
Dokken met également en scène des morceaux bien inférieurs à ceux énoncés ci-dessus, tendant dès lors à empreindre la galette d’un irrémédiable caractère inégal et perfectible.
« In the Middle », «
Felony » et cerise sur le gâteau ; le trop pop « I Can’t See You » qui d’ailleurs se suivent dans le tracklisting de l’album peinent à susciter ne serait-ce qu’une once d’intérêt pour qui place les inénarrables et divins «
Tooth and Nail », «
Under Lock and Key » et autres «
Back for the Attack » parmi ses irremplaçables et immuables albums de chevet. Fades, poussifs et finalement assez dispensables, ces trois accidents de parcours semblent être plus représentatifs de la grisaille humide de la RFA que du soleil et des palmiers d’Hollywood. A l’écoute relativement difficile de ces titres, on se croirait en effet littéralement transporté en fin d’années 70 dans un bar à putes sordide de la banlieue de Munich une infecte et économique Dünnbier à la main, accompagné de l’inspecteur Stefan Derrick délégué sur place en compagnie de son fidèle adjoint Harry Klein pour enquêter sur les habitudes et les relations d’une jeune prostituée polonaise retrouvée trois jours plus tôt décapitée et à moitié carbonisée dans les poubelles d’une grundschule fréquentée à 90% par des enfants d’immigrés. Plaisanterie à part n’ayant pas pour objectif de dénigrer la touche teutonne de ce «
Breaking the Chains » dont les lignes de basse sont d’ailleurs assurées non pas par Juan Croucier pourtant crédité dans les inner notes de l’album, mais bel et bien par Peter Baltes du mythique Accept ; encensons au plus haut point l’ultime «
Paris si
Burning » enregistré en décembre 1982 à… Berlin et qui met en lumière de la plus belle des manières l’immense talent et l’aisance technique incontestable du virtuose
Dokken qui pour l’occasion se voit enfin offrir la possibilité de s’exprimer comme bon lui semble et à la mesure de son génie, lui l’auteur d’une prestation relativement timide avouons-le sur le reste de l’album et dont la légende raconte par l’intermédiaire de Mark Kendall de l’anthologique
Great White qu’il avait mis au point et pratiquait activement le two-hand tapping bien avant le prolifique Eddie
Van Halen.
A défaut de constituer un réel bon disque, «
Breaking the Chains » de
Dokken présente à l’auditeur l’intérêt d’une bonne introduction au singulier heavy metal sensuel et tamisé de ce futur monstre du hard US qui aura l’occasion dans un futur relativement proche de faire taire tous ses détracteurs et de faire oublier ce début album inégal et perfectible dans son ensemble, malgré quelques titres supérieurs à la moyenne à l’instar des indispensables et désormais classiques «
Breaking the Chains », « Nightrider » et autres «
Paris is
Burning ». En définitive plus moyen que mauvais, le premier
Dokken s’avère être néanmoins empreint d’un charme indéfinissable propre à un debut album qui se veut être involontairement le témoin discographique d’un style original et unique en gestation active. Mérite l’attention des archéologues du hard rock/heavy metal made in US.
Alors comme ça Don se prénomme en réalité Donald.
Bah comme on dit, y'a que les canards qui changent pas d'avis!
La vache qu'elle horreur et poutant je vénère Dokken .
Greg.
Un album qui commence bien avec Breaking the Chains et son clip typique années 80, mais qui, dés le 2e titre, tombe dans la morosité, voire la banalié. Young girls vient relever un peu le niveau en fin d'album, mais c'est déja trop tard pour en faire un grand album de Hard Rock.
Le prochain, peut-etre ?
16/20
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