D’abord remarqué par Fred Durst, le chanteur de
Limp Bizkit, vers la fin des années 90,
Staind se fait un nom grâce à la parution de leur second album
Dysfunction en 1999, sous Flip Records, le label de
Limp Bizkit. Un succès contrastant avec leur premier album,
Tormented, sorti en 1996 dans l’anonymat le plus total, faisant de lui un album quasi-inconnu des fans mais surtout introuvable, même encore aujourd’hui.
Plus encore,
Dysfunction a lancé leur carrière musicale avec son néo-metal sombre et torturé, les faisant jouer dans la même cour que
Korn et autre Slipknot, mais avec une touche qui leur était plus personnelle et les distinguait des autres. Le soutien de Fred Durst y est pour beaucoup,
Staind ayant gagné en visibilité en les accompagnant dans leur tournée Family Values Tour, le chanteur Aaron Lewis allant même jusqu’à être invité à chanter sur une des chansons de l’album Significant Other (« No
Sex » en l’occurrence). Tous les facteurs d’un bon début de carrière sont donc réunis : un album qui marche, une tournée avec un grand groupe, le soutien du label et une évolution musicale dans un genre en plein essor. Il est donc logique d’apprendre que
Staind a prévu de sortir ce qui deviendra leur troisième album, ou plutôt leur deuxième album majeur : le bien nommé
Break the Cycle.
L’album s’ouvre avec le génial « Open Your
Eyes », qui nous balance dès son ouverture un bon gros riff explosif en plein face et qui nous renvoie direct à la puissance du précédent opus. Mais Aaron Lewis ne hurle plus, sa voix est plus posée, plus expressive, mais toujours aussi chargée d’émotions. On sent dans le très bon refrain une étincelle, un besoin urgent d’évacuer une émotion enfouie au plus profond d’Aaron. Une première chanson très représentative de ce qui nous attend tout au long de l’album.
Avec cet opus,
Staind a entamé un nouveau virage musical, décidément plus mélodique, mais surtout, plus personnel et thérapeutique. En effet, le chanteur y parle beaucoup des problèmes liés à sa propre famille, et expose ses sentiments qu’il a souvent dû garder pour lui. C’est particulièrement révélateur sur «
For You », où il s’adresse directement à ses parents et de la manière dont il a été traité, qu’il juge dure psychologiquement. L’écoute de la célèbre power ballade « It’s Been Awhile » (sûrement le plus gros succès que
Staind n’ait jamais connu), avec ses paroles qui font toute une synthèse de sa vie avec tous les regrets et les moments perdus, nous fait comprendre que
Break the Cycle n’est rien d’autre qu’une grande session de thérapie où l’on plonge dans la psychologie et la fragilité d’Aaron. Toute sa douleur et ses regrets sont transmis à travers une musique recouverte de moments mélodiques qui servent d’évacuation émotionnelle, souvent accompagnés de passages plus bourrins. « Waste » concorde parfaitement avec ce style et est l’une des plus marquantes, avec un chant où l’on ressent toute la fragilité et la tendresse dans les moments posés (il fait un excellent boulot en mettant bien avant son timbre de voix si particulier), brusquement suivi par un gros riff de guitare qui met immédiatement un terme à cette tranquille ballade mélodique. Cette dualité musicale, on la retrouve souvent dans d’autres chansons, à l'instar de «
Suffer », avec une efficacité toujours présente.
D’autres chansons développent davantage le côté alternatif du combo, en reprenant ce qui avait été timidement tenté sur
Dysfunction (comme sur «
Dysfunction »). «
Fade », par exemple, est exempt de puissants riffs néo-metal et autres passages headbangangs au profit de riffs plus légers et d’un rythme plus lent. L’exercice de la ballade est également inclus dans le menu, avec, en plus du déjà cité « It’s Been Awhile » qui fait office de tube planétaire, le tout aussi bon «
Outside ». La particularité de ces chansons plus soft est que l’on découvre la splendide voix du chanteur sous un nouveau jour, une voix qui nous emporte complètement par sa profondeur émotionnelle, nous donnant au final un sentiment de compassion, quelque chose dont les membres du groupe semblent ne pas avoir eu l’occasion de vivre.
Mais que les fans de leur passé plus néo-metal et agressif se rassurent :
Staind ne les a pas oubliés. Dans plusieurs chansons, les hurlements font leur grand retour dans les moments les plus bourrins, comme sur « Change » ou « Waste ». Mais le clou du spectacle reste l’excellent et diablement efficace « Can’t
Believe », parfaitement dans la veine de
Dysfunction avec quasiment que des hurlements d’une puissance destructrice accompagnés de brefs passages chantés atmosphériques, le tout accompagné par des riffs qui constituent un gros mur de son bien viril. Elle est sans aucun doute l’une des meilleures chansons de l’album, à tel point que l’on regrette qu’il n’y ait pas ne serait-ce qu’une chanson de plus de cette envergure.
Cependant, l’ensemble de l’album peut sembler un peu homogène aux premières écoutes malgré les quelques tentatives de variété, faisant passer certaines chansons comme « Warm Safe Place » de manière assez inaperçue en raison de sa ressemblance avec les autres titres. La ballade acoustique « Epiphany », pour sa part, aurait gagné à être un peu plus courte et placée ailleurs que juste après le destructeur « Can’t
Believe ». L’album souffre également d’un phénomène sonore particulier, le son devient brouillon sur certains passages à haut volume. Un phénomène très curieux pour ce genre musical, et qui montre peut-être l’inexpérience du producteur, Josh
Abraham, qui en était encore à ses débuts en tant que producteur.
On se sent parfois concerné par les sujets abordés dans les chansons, tellement elles sont sujettes à diverses phases émotionnelles et problèmes personnels au final si humains. Il en ressort un album riche en sentiments qui joue un peu le rôle de porte-parole thérapeutique en donnant des mots et un son sur ce que l’on a souvent gardé pour nous. Un album qui accompagne nos réflexions personnelles sur la vie, auquel on revient constamment, telle une personne revenant vers son ami d’enfance pour se confier à quelqu’un qui le comprend et qui a vécu la même chose.
Staind signe avec
Break the Cycle son album le plus touchant mais aussi son plus grand succès commercial, le mettant au rang de classique de la mouvance metal alternatif qui a secoué le paysage musical du début des années 2000. Suite à ce grand succès, le groupe continuera d'évoluer vers une musique toujours plus mélodique, au point de ne plus avoir aucun rapport avec son passé néo-metal, mais surtout, sans jamais réitérer le même succès. L’avantage de
Break the Cycle, c’est qu’il est un parfait équilibre entre agressivité et mélodie, ce qui a l’avantage de mettre tout le monde d’accord.
Oui Bon est un grand mec et pour l'avoir vu en concert, je sais que c'est un grand showman mais bon, je suis 'humeur taquine aujourd'hui.
J'aurais vraiment aimé qu'il y ait plus de chansons avec des hurlements pour casser un peu la monotonie du chant dans certains morceaux, d'autant que le sieur Lewis est capable de faire des passages hurlés impressionnants !!
Après Break the Cycle , ça baisse de niveau... Je comprends qu'ils aient fini par se mettre "en pause", puis aient terminé.
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