Suite aux épisodes infructueux avec les labels respectifs
Turbo Music et
Lethal Records, n’ayant versé aucun acompte ni royaltie à
Acheron, Vincent
Crowley doit remonter un nouveau line-up et dégoter un autre label en mesure de l’épauler honnêtement. Notre leader trouve ainsi deux membres remarquables lui permettant de hisser son groupe à un niveau supérieur, le batteur Richard Christy (qui rejoindra d’ailleurs Chuck Schuldiner à l’occasion du septième album The Sound of Perseverance de Death), ainsi que Michael Estes, sans conteste le meilleur guitariste soliste que le groupe n’ait jamais eu à ce jour.
Crowley s’adjoint par ailleurs des services d’un claviériste permanent en la personne de John Scott, une première dans la formation de Floride.
Son quatrième album fin prêt, Vincent
Crowley trouve le label adéquat en signant avec Moribound Records (
Nocturnus,
Belial, Infester) dirigé par
Odin Thompson, écurie tournée tout comme
Acheron vers l’occultisme, et capable de comprendre les motivations spirituelles de notre révérend.
Immortalisé en juin 1996,
Anti-God, Anti-Christ est enregistré par Greg Marchak à l’Audio Lab Studio en Floride, un ingénieur et un lieu que le groupe connaît bien depuis son second album capturé en 1992.
Si
Lex Talionis montrait le groupe plus énergique, son successeur est davantage posé, le rythme étant majoritairement en middle tempo, à l’instar des premiers efforts de la formation.
Outre l’excellence des soli de Michael Estes qui trouve parfaitement le ton d’
Acheron et éclaire impeccablement chaque morceau, la grande innovation réside dans l’utilisation d’un clavier permanent, celui-ci étant toutefois relativement discret, à raison, mais suffisamment présent pour insuffler un côté atmosphérique qui sied idéalement à la base deathmetal pure de la formation. Lancé par le batteur Richard Christy à la fois technique et si carré dans l’utilisation de sa double pédale, chaque titre possède une pleine dimension, pour citer les immersifs Fuck the Ways of Christ, Shemhamforash,
Blessed by
Damnation et le tout aussi inspiré
Baptism for Devilym Alexandra. Comme à l’accoutumée, le magister Peter Gilmore (entouré de superbes femmes dénudées dans le booklet) signe enfin les interludes entre chaque morceau, narrations inspirées et suffisamment concises pour ne pas devenir ennuyeuses sur le long terme, en osmose idéale avec la spiritualité d’
Anti-God, Anti-Christ.
Le problème de cette quatrième célébration se situe plus particulièrement dans sa faible durée d’une trentaine de minutes, ne comptant au final que quatre pièces deathmetal de cinq minutes chacune, d’une facture bien légère pour un full-lenght, quoique considéré comme un mini-album dans la biographie du groupe. Ceci reste d’autant plus dommage que ces quatre titres principaux restent les meilleurs que Vincent
Crowley n'ait jamais composés jusqu’en cette année 1996, notre leader ayant définitivement trouvé l’ambiance qui correspond le mieux à son entité
Acheron. Soulignons aussi la présence du titre narré Total
War en guise d’outro, reprise de l’interprète Boyd Rice (du groupe post-industriel NON), qu’
Impaled Nazarene s’était également appropriée sur son album Suomi Finland
Perkele, bien que sur
Anti-God, Anti-Christ, cette longue piste reste musicalement assez anecdotique.
Nouvelle étape dans la carrière d’
Acheron, montrant un nouveau potentiel et un côté atmosphérique que le groupe exploitera à merveille deux années plus tard,
Anti-God, Anti-Christ aurait en revanche mérité un meilleur développement pour prendre toute son ampleur, n’étant finalement qu’un avant-gout des capacités de notre formation. Notons enfin que la version vinyle de
Merciless ainsi que la réédition de
Demise Records en 1999 proposent un menu un peu plus conséquent, qui comprend notamment en bonus le titre Ave Satanas déjà présent sur
Rites of the Black Mass et fort bien réenregistré durant ces sessions de 1996, ainsi qu’une version live de
Blessed by
Damnation déjà plus dispensable.
Fabien.
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