En décembre 1991, tandis que Vincent
Crowley mixe avec Scott Burns son premier album
Rites of the Black Mass aux Morrisound Studios, il y croise Mike Browning et son groupe
Nocturnus, qui enregistre son second disque Thresholds sous la coupe de Tom Morris. C’est ainsi que
Crowley propose à son ancien acolyte le poste de batteur déjà vacant au sein d’
Acheron, suite au départ précipité de James Strauss. Dans le courant de l’année suivante, c’est au tour du guitariste Pete Slate de quitter le navire, le leader se trouvant en effet dans l’incapacité de payer ses propres musiciens, ni de supporter une tournée, la faute à son label
Turbo Music ne lui donnant aucun soutien, sans non plus lui verser la moindre royaltie sur les ventes, à l’instar de
Beherit,
Goatlord ou
Funeral Nation ayant aussi fait les frais de l’écurie allemande crapuleuse et éphémère.
Notre bassiste/chanteur complète le team avec la paire de guitaristes Tony Blakk et Vincent Breeding, puis se dirige dès novembre 1992 à l’Audio Lab Recording Studio sous la houlette de Greg Marchak, afin d’immortaliser son second effort. Deux titres des sessions sont extraits pour la gravure du vinyle EP
Alla Xul édité par le groupe sous
Gutted Records : le morceau éponyme ainsi qu’une des toutes dernières compositions de
Rites of the Black Mass, le bon One with
Darkness réenregistré pour l’occasion. Les six autres morceaux, sans compter les nombreux interludes occultes composés par Pete Gilmore (
Magister à l’église de
Satan), sont alors destinés à démarcher un nouveau label, solide et honnête de préférence.
L’affaire traine en longueur jusqu’en
1994, date à laquelle Vincent
Crowley signe enfin un contrat pour deux albums avec le label
Lethal Records, qui possède déjà quelques références en son catalogue pour citer
Miasma,
Belial,
Cadaverous Condition,
Unholy,
Sanctum ou
Alchemist. Notre leader déchante vite malheureusement, l’écurie autrichienne refuse non seulement le titre
Hail Victory, faute au terme «
Hail » jugé trop proche du IIIème Reich (alors qu'il n'en est nullement question), mais impose aussi un simple format mini-CD de six titres, occultant au passage toutes les narrations de Pete Gilmore. Ainsi paraît le mini-album
Satanic Victory dans des conditions tout à fait insatisfaisantes pour notre disciple d’
Anton LaVey devenu révérend.
Libéré de son contrat avec
Lethal Records après la sortie du troisième album
Lex Talionis,
Reverend Crowley décide alors de sortir lui-même
Hail Victory tel qu’il l’avait voulu, en y regroupant l’ensemble des sessions de novembre 1992, incluant les deux morceaux d’
Alla Xul ainsi que toutes les déclarations de Gilmore, soit 8 pistes musicales et 9 narrations. En 1995, l’album parait ainsi sous son vrai nom et dans sa version intégrale, chez le label
Metal Merchant monté pour l’occasion, dans une édition limitée à 1000 exemplaires.
Musicalement,
Hail Victory se situe dans la droite lignée deathmetal de son prédécesseur
Rites of the Black Mass, les riffs et l’articulation des nouveaux morceaux du leader étant tout aussi simples, sur un même rythme majoritairement en low/middle tempo. Le jeu de batterie plus cossu de Mike Browning apporte tout de même une meilleure présence rythmique, bien que l’ensemble peine globalement à décoller, tandis que les growls de
Crowley, sans être d’une grande intensité sont parfaitement compréhensibles. L’apport du soliste Vincent Breeding permet en outre d’éclairer plus particulièrement les compositions, pour citer ses leads inspirées sur le final de
Satanic Erotica, ou celles tout aussi soignées au cœur du démoniaque
666 et du plus rapide
Alla Xul.
Purement sabrées dans l’édition de
Lethal Records, les neuf narrations qui entourent ainsi chaque piste musicale forment les neuf déclarations sataniques (The
Nine Satanic Statements), qui décrivent la représentation du Malin dans l’église de
Satan («
Satan Represents Indulgence Instead of Abstinence », je vous passe les huit autres). Si ces déclarations narrées par le
Magister restent moyennement mises en valeur par une toile sonore aux claviers sans grande inspiration, elles font néanmoins partie intégrante du concept luciférien d’
Hail Victory, qui offre à ce titre un angle d’écoute bien différent de sa version tronquée
Satanic Victory parue une année auparavant.
Si
Hail Victory mérite qu’on s’attarde plus en détail sur son histoire, ne serait-ce que pour rendre à César ce qui lui appartient, il faut toutefois reconnaitre que, bien que de facture honorable, il n’apporte rien de plus musicalement comparé à son ainé
Rites of the Black Mass, sans occulter
Unholy Praises, Prayer of
Hell et One with
Darkness déjà présents sur son prédécesseur dans leur version Morrisound Studios. Il convient toutefois de s’imprégner du disque dans son intégralité pour mieux appréhender l’univers de nos disciples, le côté musical et l’aspect spirituel étant absolument indissociables dans cette seconde œuvre occulte d’
Acheron.
Fabien.
Je suis à la recherche de cet album depuis bien des années maintenant.
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