Je ne vois pas comment l’on pourrait mieux définir la vie des membres d’
Eyehategod en 2001 : 10 Years of
Abuse (and Still Broke). La pochette est de toute évidence représentative de l’état physique et mental du groupe. Le bon
Jim est complètement défoncé et il rigole tout seul avec un air niais. Révérend Mike est obligé de tenir son micro sinon il va tomber. Brian dort sur sa gratte bref il ne devait pas y avoir beaucoup de soda dans leurs gobelets. Tout cela pour dire que si vous trouviez que le son de
In the Name of Suffering était trop policé, trop travaillé, pas de problème cette compilation de plusieurs époques est là pour vous. Crade, très crade, très très crade, limite insupportable voici
Eyehategod en
Live !!!!!!
Ce disque se décompose tel un cadavre dans un marais en trois actes très distincts. Le premier et non des moindre à cette époque la fameuse démo de
In the Name of Suffering (et oui a cette époque il n’y avait pas encore les remasters). Mes oreilles s’en souviennent encore de ce premier larsens qui me claqua la tête tel une bouteille de bourbon sur le crâne. Hyper aigue, vicieux, aucune personne normalement constituée ne pourrait résister à une telle déflagration.
Eyehategod s’en tape et c’est à coup de sample baveux et provocant qu’ils continuent leur chemin boueux. Croupissant, nauséabond voila des termes qui collent à la peau décharnée de ces titres datant de 1990. Même « Depress » qui se veut être un titre plus groovy fini dans une marre de vomi tant le son de la basse est purulent. Notre révérend a toute les peines du monde à tenir debout et cela s’entend clairement ou pas car il arrive fréquemment qu’il disparaisse dans la mélange sonore de cette démo. Avec tous ces éléments on comprend mieux comment le groupe a su trouver un super deal avec
Century Media…..
Les deux autres parties sont de loin les plus intéressantes. Enfin les plus audibles. Euh non les plus en place, non….. Bref c’est les plus intéressantes. Lassé de nous offrir du son made in Nola, le groupe rempli son van de matos et part à la conquête du monde civilisé. En soit c’est une bonne idée mais dans la pratique ce n’est pas sûr. Eh oui qui dit nouveaux lieux, dit nouveaux alcools, nouvelles drogues et donc une multitude de raisons de ne pas rester clean. Du coup le rendu est encore, mais encore plus brut de décoffrage. Pour être honnête de groupe pourrait ouvrir une boulangerie tant il y a de pains en
Live. Malgré tout, la set list combinée des deux périodes (94 et 00) retrace avec brio la carrière d’
Eyehategod. Ils sont tous la « Depress », «
Sister fucker (pt 1 et 2) », «
Children of god » et j’en passe. On pourrait même dire qu’il s’agit d’un « best of » prédigéré, digéré et revomi. Car si l’interprétation laisse franchement à désirer, on ne peut pas en dire autant du ressenti. La grosse baffe que l’on se prend est bien plus introspective que prévue. Le Révérend nous sonde tous un par un avec son haleine éthylique et l’intensité produite par des interprétations
Live débridées fait que l’on peut se sentir différent après l’écoute. Ca se balance des vannes, c’est irrespectueux vis-à-vis de l’audience mais c’est ça
Eyehategod. Bower and Co, ne sont pas la pour faire joli, balancer leur set et se casser. Ils vivent chaque instant sur scène comme si c’était le dernier en nous donnant tout jusqu’à la dernière goutte de bile.
Une expérience transcendante qui marque le point culminant de la carrière du groupe. Tout est là, sous vos pieds, dans la fange une expression sans limite aucune de ce qu’est la vision de notre monde par le révérend et ses adeptes. S'il ne devait en rester qu’un, ça serait ce 10 Years of
Abuse (and Still Broke).
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