Comment ce fait il que ce monument du sludge ne soit pas encore chroniqué.
In the Name of Suffering c’est le tout premier album de
Eyehategod, groupe fondateur du très bien nommé mouvement
Sludge. Littéralement
Sludge veut dire la boue. Quand on y regarde de plus prêt c’est moche la boue, ça pue, ça se fourre partout et finalement sa place est dans un marécage aux senteurs pestilentielles de la Louisiane profonde. Oui c’est de la musique de gens étranges qui vivent dans une cabane moisi et dont la seule distraction c’est de picoler du bourbon frelaté, fumer de l’herbe de mauvaise qualité et chasser le l’alligator a l’aide de sa seule bouteille vide. Avec une telle introduction plus personne n’a envie d’écouter ce disque et c’est un peu le but.
In the Name of Suffering veut simplement montrer le monde de manière très négative, totalement nihiliste, et ça ne peut que passer par ces vociférations et rythmes pesants.
Eyehategod ou l’hymne à la réalité de vie.
Passé ce coté très « philosophique », lançons nous dans ce disque anthologique. Il faut le savoir avant d’atterrir chez
Century Media en 1992, le groupe avait déjà sorti cet album sur un label français du nom de Intellectual
Convulsion. Il n’y a eu guère que 1500 copies et pour mettre la main dessus au jour d’aujourd’hui c’est mission impossible. Trêve de chauvinisme inutile et revenons a nos alligators. Dès « Depress » la messe était dite. Jimmy Bower nous meurtrie les oreilles a coup de larsens permanents, Mike Williams nous détruit les oreilles avec un cri à la limite de l’humanité et le tout avec un retour de basse ronflante et d’une rythmique pachydermique. Qui a dit que ça allait être un voyage nauséabond ?
Le but est de montrer sans détour la médiocrité du monde dans lequel nous vivons et c’est une parfaite illustration de que l’on peut ressentir lorsque l’on se penche dessus. Les textes même si ils sont a proprement parler incompréhensible à l’écoute sont tous tournés vers un point de non retour : viol, drogues meurtres, passages a tabac. Bref on ne rigole pas trop sous les nuages de NOLA. Les influences principales que l’on peu facilement retrouver sont bien évidement
Black Sabbath mais aussi (et il ne s’en cache pas)
Black Flag. Ainsi sur « Hit a
Girl », le final pourrait nous faire penser au groupe de Hardcore. Souvent la musique est assez imagé comme sur l’excellent « Run it into the ground » qui commence avec un rythme accrocheur pour finir par ralentir et s’enliser jusqu’au coup. La tête hors du sable encore quelque instant avant la mort et une dernière avoine. Et malgré tout cela l’on retrouve un gros groove, notamment apporté par la basse. Il y a également des relents (et ça n’aura jamais aussi bien porté son nom que pour
Eyehategod) bluesy qui bave à la limite du dégueulasse.
Que dire de la production de ce disque si ce n’est quelle est mauvaise. Mais comment vais-je faire pour dire que j’adore ce disque alors que le son est atroce. La musique veut ça, on est toujours dans notre marrais poisseux, Mike sortait en douce de son boulot de veilleur de nuit pour aller répéter et enregistrer. Les guitares bavent énormément, ça larsens, c’est pas toujours bien accordé (et l’accordage est bien bas) mais on s’en fout car le message passe 6/5. Même le chant de Mike est étrange, on l’impression que parfois il est plus ou moins prêt de son micro donnant des sonorités étrange a ses cris.
Au cas ou le paysage ne soit pas assez noir pour vous tentez l’expérience des démos de la réédition. C’est totalement inaudible et pour ne rien gâché, il y avait à la base des ajouts de vox dans le genre « prêches » et passages de films. Dans la pseudo bouilli sonore des démos ça fait son petit effet.
Même si le tableau peut sembler ragoûtant, c’est le l’essence même de ce qu’est le
Sludge. C’est crade, ça pue mais c’est d’une intégrité dans faille. Maintenant que Mike est sorti de prison grâce a son pote Phil et aux nombreux fans qui se sont cotisés (la caution était quand même de 150000$). Le rendez vous es pris pour le Hellfest 2009 ou le concert risque d’être tout simplement unique. Amis du bayou on se retrouve labas.
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