"
Dopesick", le 3ème disque d'Eyhategod, est sorti il y a maintenant 13 ans. Cependant, si le groupe est aujourd'hui révéré, souvent cité, et possède un statut de culte, il ne faut pas oublier qu'à l'époque, et c'est surtout vrai pour ce disque, EHG était considéré (à raison) comme une bande de drogués et de fous, jouant une musique repoussante et crasseuse. "The sickest they've ever been" peut on lire dans le livret... Et à la vue de leurs visages ravagés, on ne peut qu'acquiescer.
Musicalement, on ne peut pas dire qu'EHG révolutionne son style. On a toujours cette recette de "Stoner+Southern+Hardcore+
Doom", ou comme on peut le lire sur les étiquettes des rééditions européennes "STONERSLUDGESOUTHERNDOOMCORE" (si ma mémoire est bonne). "Où se trouve l'intérêt de ce disque si la recette est la même ?" me direz-vous. Et c'est là que l'on aborde le principal atout de "
Dopesick", et ce qui le rend unique et digne d'intérêt dans la discographie du groupe.
La principale différence avec leur album culte, "
Take as Needed for Pain", vient de l'aspect général du disque. Si ce dernier frappe par sa lourdeur et son désespoir,
Dopesick marque, lui, par sa saleté et son sadisme.
Comme sur chaque opus d'EHG, il se dégage un impression de sadisme, de crasse et de maladie. Cependant, c'est sûrement ici qu'ils sont allés le plus loin. Il est facile de les imaginer (atrocement) défoncés, dans un local miteux, en train de répéter ou d'enregistrer, au milieu d'un bordel innommable de seringues, de joints, de bouteilles et de mégots. On pourrait d'ailleurs résumer "
Dopesick" en un seul mot : crasseux. Cet album est sale, immonde, boueux, "dégueu"... tout ce que vous voudrez. La production est tellement vintage qu'on a l'impression que le mixage a été légèrement bâclé tellement le son agresse... et c'est justement ce qui fait son charme.
De "My name is god (I hate you)" jusqu'à "
Anxiety Hangover", "
Dopesick" dépeint un monde apocalyptique de junkie, un peu comme une overdose dans un "frame house" (maison de bois typiquement US) squatté, perdu au milieux des bayous de la Nouvelle Orléans, le tout soutenu par un son sale et volontairement "raw", plus une quantité de hits
Sludge ("Dixie Whiskey", "
Ruptured Heart Theory", "
Lack of Almost Everything",le très punk "Peace Thru
War", "Metamphetamine", "Broken
Down But Not Locked Up").
Les guitares ressemblent à un fleuve de boue, la batterie se veut rudimentaire mais efficace, la basse pachydermique au possible, alors que la voix transmet (hurle) un mal-être/dégoût parfaitement palpable, soit LE son EHG. Les larsens sont toujours aussi présents et dérangeants, les rythmes étant par contre plus variés que sur le précédent ("
Take as Needed for Pain"), la faute à une approche plus Punk et énervée (la came je vous dit...). On pourrait dire, pour conclure, d'EHG creuse (littéralement) son style (ou sa tombe) avec ce disque, le dernier épisode de la trilogie entamée avec "
In the Name of Suffering" en 1991, avant de redémarrer en 2000 sur une base un peu plus Hardcore et plus propre avec "Conferacy of
Ruined Lives". Mais ceci est une autre histoire...
Un disque qui plaira aux fans de
Sludge/
Doom, de raw Punk-Hardcore et de drames sociaux.
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