Chroniquer un skeud , c'est vouloir faire partager aux autres ce qu'on a pu ressentir à son écoute. Quand le disque tient une place importante dans son parcours de headbanger, on a plutôt tendance à vouloir chopper son dico des synonymes et ouvrir le feu à grand coup de 'chef-d'œuvre', génial, et autre douceurs...
Pour cet album - cassette à l'époque - le seul mot qui me vient c'est : subtil. Bon OK, ça fait pas vraiment
Metal tout ça et je me rends compte que je vais devoir sortir les rames pour remonter le courant, mais j'assume : quand tout est en place de cette manière-ci, sans fioriture, avec cette espèce de "cool" bluesy, pas moyen d'y déroger : on est devant un grand album plein de classe.
Rames en pognes, j'étaye la démonstration.
Great White est aujourd'hui connu comme un cover band de LED ZEP, qui écume les petits clubs à la recherche de sa gloire passée, et comme le groupe dont un des concerts s'est terminé par la mort de 100 personnes - dont leur guitariste - à Rhode
Island en 2003 (en résumé : trop de monde, règles élémentaires de sécurité pas respectées, utilisation de pyrotechnie sous 2 mètres de plafond, et un bâtiment construit en ''allumettes'' ! Forcément...).
C'est aussi des line-up à géométrie variable, avec des zikos qui se tirent dans les pattes et qui parcourent les States sous leur propre formation de '
Great White'.
Avant cela ils faisaient partie de la vague hair metal qui a explosé aux States aux milieu des 80's, et avaient eu un certain succès avec son album précédent '
Once Bitten..' avec notamment le titre 'Rock Me'.
Cet album lui succède et vient boucler la boucle puisque son titre ''...Twice
Shy'' est directement inspiré de la chanson de
Ian Hunter '
Once Bitten Twice
Shy' ; chanson écrite par ce brave
Ian après son départ de
Mott The Hoople. Ce titre clôture l'album et a même reçu le Grammy du meilleur titre dans la catégorie
Hard Rock.
Hard Rock 'n' Roll si on veut être un peu pointilleux. Parce que ce qui distingue nos amis de la meute Hair
Metal, c'est leur goût pour incorporer du blues, des brins de country, et du rock 'n roll dans leur hard rock ...alors que le timbre de voix de
Jack Russell aurait pu les enterrer dans le cimetière des Led Clones (référence au titre de
Gary Moore dénonçant les pompeurs du Dirigeable!)...mais bon à trop vouloir éviter les choses elles finissent par arriver...
Mixer des influences, ils sont un paquet à l'avoir fait... le réussir déjà moins... le réussir avec brio pas des kilos. La subtilité est ici : chaque morceau prend le temps qu'il faut pour s'installer et le talent de Mark Kendall, le guitariste, fait le reste. Joe Bonnamassa vous connaissez ? Kendall aurait pu être son Maitre Jedi...un toucher pas si éloigné que ça de celui de Mark Knopfler : pas de surenchère ; pas de démonstration technique masturbatoire ; du feeling et de la mélodie... subtil je vous dis !
La place est faite au groove rock sur le titre MistaBone ,et sur Baby's On
Fire on navigue en eau rolling stoniennes. Quelle intro ! tout en crescendo style 'tient une goutte au plafond, puis deux, puis six et tout d'un coup vous prenez 10 mètres cube de flotte sur la gueule avec le plafond et la baignoire fonte de la voisine du dessus !'.
La sensibilité blues du quintet se fait jour sur
House of Broken Love, titre que pourrait reprendre sans problème Gov'T Mule aujourd'hui. On a forcément droit à la pause tendresse avec She Only et
The Angel Song (la seconde étant un cran au dessus de la première...les ballades c'est comme le sirop d'érable, il ne faut pas en rajouter sinon ça devient écœurant!). Sur les bonus de l'édition UK on trouve même un titre country western - Hi ha ! - et un medley de 3 titres :
Bitch et It's Only Rock'N Roll des Stones et Women de
Foreigner ; une réussite de blues-rock'n'roll !
Vient LA raison qui justifie l'achat de cet album : comme la trilogie de ''l'homme sans nom de Sergio Leone'', la chose se décline en 3 actes. Les big trucks US ont remplacé les chevaux, mais l'atmosphère demeure. Move It,
Heart the Hunter et Hiway Nights, des histoires de mecs perdus en quête de rédemption, de verres levés pour oublier la fatalité,
de route qu'il faut reprendre malgré l'acharnement du sort... les intros de ces titres sont des pièces d'orfèvrerie : punchy pour
Heart... ; Cool pour Move It et entêtante Hiway Nights... c'est juste parfait. Les solos de l'ami Kendall sont monstrueux. Sur celui de Hiway Nights il est même 'atmos-féérique' : complètement planant alors que la rythmique est totalement déchainée ; le Surfer d'
Argent versus Galactus en stéréo ! Gasp !
Atmosphère blues, puissance rock : 4 mots pour résumer '...Twice
Shy'' !
Cet album a assis leur style... ; ils l'ont même perfectionné en y incorporant un peu plus de folk sur les CD suivants... je ne peux m'empêcher de conseiller d'écouter à ceux qui veulent en savoir davantage, sur
Hooked, le titre
Congo Square... ; à vous filer la chaire de poule tellement c'est bon !
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