The Ocean

interview The OceanRécemment recruté par Metal Blade, voici The Ocean et son métal-core atypique. Avec un tout nouvel album excellent dans les bacs et un corrosif message anti-société de consommation à faire passer, Nils (chargé des visuels) & Robin (le leader) ont bien voulu répondre à quelques questions en novembre 2005.

Salut ! Pour commencer l‘interview, pouvez-vous nous dire quel était votre but lorsque vous avez créé ce groupe ? Un historique de The Ocean serait le bienvenu.
N: Lorsqu‘on a commencé le groupe, notre but principal était de monter sur scène dès que possible. On voulait montrer au monde entier qu'il existait une musique non confinée aux lois traditionnelles du hardcore, métal, doom, qu'importe comment vous appelez ça. Nous avions une vision musicale à faire partager. Robin est venu sur Berlin avec une idée assez précise de ce qu'il voulait faire au début 2000. Il a commencé à chercher des gars aux idées similaires, et après avoir vu passer quantité de personnes, nous avons finalement eu notre première prestation publique en juillet 2002. 3 années et 3 albums plus tard, et après une centaine de concerts environ, nous sommes signés chez Metal Blade et plus qu'heureux de ce que nous avons accompli pour l'instant.

Musicalement parlant, votre style est un mélange entre métal et hardcore. Il semblerait que le thrash et le death-metal aient eu un gros impact sur vos chansons. Est-ce qu'un groupe comme Gorefest est votre tasse de thé ?
R: Pour être honnête, j'ai un passé musical beaucoup plus tourné vers le hardcore expérimental... Les groupes qui m'ont inspirés dans les 90's étaient Unbroken, Groundwork, Absinthe, Rorschach, et plus tard Coalesce, Converge, Botch et les groupes du même style, Catharsis, His Hero Is Gone... Je ne suis pas vraiment fan de Gorefest. J'ai juste entendu un titre de leur nouvel album. Les gens ont tendance à comparer la voix de notre chanteur Meta à celui de Gorefest, et je dois avouer qu'ils ont le même registre vocal... mais musicalement, je ne vois pas beaucoup de similitudes. Je n'ai été branché thrash et death que plus tard... Quoi qu'il en soit, "Rusted Angel" de Darkane est un de mes albums favoris.

Où et quand avez vous enregistré votre nouvel album "Aeolian" ? Le son est très massif. Qui avez vous choisi comme producteur ?
N: Le disque n'a pas eu de producteur au sens traditionnel du terme. Nous n'avons pas ressenti le besoin d'avoir un membre externe au groupe qui court à travers le studio en donnant ses ordres. Nous avons arrangé, enregistré et mixé “Aeolian” nous-mêmes, dans notre propre studio – Oceanland. La seule chose qui ait été faite en externe fut le mastering. On est allés en Suède et c'est Magnus Lindberg du Tonteknik qui a fait le boulot. Je pense qu‘il figure parmi les meilleur ingénieurs du son en Europe.


De quoi parlent vos textes ? Qui les écrits ? D'où vient son inspiration ?
R: J'écris toutes les paroles. Le fil conducteur des lyrics est en quelque sorte la controverse existentielle pour le combat de la passion dans un monde conduisant à son abolition, et les manifestations de cette lutte dans la vie de tous les jours (ce terme lui-même paraît paradoxal avec une vie menée passionnément). L'essence des paroles de l'album traitent des excroissances dégoûtantes, hostiles d'une société basée sur les marchandises, le salaire dû à un boulot, le succès matériel, l'individualisme... et de plus en plus, sur le contrôle. Une de ces implications est la nécessité de mener des vies pré-planifiées dans l'intérêt
interview The Ocean de la carrière et de la richesse... On va à la maternelle, à l'école, à l'université, au boulot, et au moment où on arrive à faire table rase de tout cela on est vieux et fatigué. On passe d'une forme institutionnelle à une autre sans jamais se pauser en vivant au temps présent, d'une manière satisfaisante. Souvent on ne semble même pas savoir ce qui nous satisfait, nos désirs ont tellement été estropiés par les surexpositions aux affiches de publicités des compagnies qui, elles, prennent bien soin de nous dire que sont nos désirs (putain d'absurdité!). On n'en sait même plus ceux qui sont nôtres et ceux qui nous sont externes, ce qui est réel et ce qui ne l'est pas, en fait on ne sait plus ce qu'on veut. Et ainsi c'est facile de nous convaincre de ce que nous désirons ou pas, et bien sûr, tout nous parvient à un prix, et ici le cycle se clôt. La stratégie de promesse et de refus d'accomplissement nous amène à ne plus savoir ce que l'on veut nous-mêmes. En conséquence on se contente d'à peu près tout – nos boulots de merde, ces choses qu'on déteste faire afin de gagner l'argent pour acheter ces marchandises dont on n'a pas besoin. The Ocean est la voix collective des êtres humains qui possèdent encore de brûlants désirs en eux. The Ocean est un antidote à l'ennui et à la médiocre stabilité de confort.

The Ocean est donc un collectif. Quelles sont les différences par rapport à un groupe à la forme plus classique ?
R: Dans le line-up, il y a un noyau de 5/6 membres permanents qui permettent au groupe de fonctionner. A coté de cela, il y a un paquet de personnes vaguement associées que l'on appelle lorsqu'on en a besoin – joueurs de violon, violoncelle, de clarinette et de trombone par exemple. On n'entend pas énormément de trucs dans le genre sur "Aeolian", mais sur notre précédent disque "Fluxion" qui était plus orchestral et épique, on utilisait beaucoup d'instruments classiques. Ces personnes apparaissent également sur scène avec nous de temps à autres, souvent à Berlin en fait, on ne peut pas les emmener avec nous en tournée parce qu'on est déjà 8 dans le groupe, et donc on doit louer un van énorme et il n'y a pas la place pour des musiciens supplémentaires. Il y a aussi de la vidéo et des web-designers qui contribuent à The Ocean. On essaie également de remanier les structures de ce noyau central. Dans l'idéal, nous aurions besoin de 2 bassistes, 2 batteurs, 4 guitaristes, etc – dans le cas où l'un de nous n'ait pas de temps disponible, qu'il y en ait un autre qui puisse faire le boulot. Et nous ne serions pas obligés d'annuler certains shows et ainsi pouvoir être en tournée tout le temps – ou jouer dans 2 villes en même temps… c'est une bonne idée. Mais, soyons réalistes, ce sera difficile à réaliser, parce que c'est dans la nature humaine de ne pas aimer être remplacé. On commence à se battre et à jouer aux cowboys quand on sent qu'on n'est plus unique dans bien des aspects, lorsqu'on réalise que d'autres personnes sont capables de faire les mêmes choses que nous. Certaines personnes ont un problème avec ça, d'autres pas...


Pourquoi ce nom de The Ocean? Vous avez un message particulier à faire passer ?
R: L' océan est l'endroit où tout commence et se termine. L'océan peut donner lieu à un coucher de soleil paisible autant qu'à une scène agitée, une tempête mangeuse d'hommes, avalant tout sur son passage. C'est aussi vrai pour notre musique : Il y a plein de passages instrumentaux, gais et paisibles sur nos précédents disques "Fogdiver" et "Fluxion". En ce qui concerne le nouveau, je dirais qu'i
interview The Oceanl représente un océan sous un ouragan de catégorie 4...

Les voix ont un réel impact sur ce nouvel album, elles sont très variées. Expliquez-nous comment vous y avez travaillé.
N: Sept personnes chantent sur "Aeolian", ce qui amène pas mal de variété. L'idée était de couvrir le spectre entier du “grognement” au “cri aigu” tout en proposant plusieurs styles de “grognement” et de “ cri aigu”. Les paroles et arrangements vocaux pour quasiment toutes les chansons ont été assurées par Robin. On a eu de la chance d'avoir autant de chanteurs disponibles sans qu'ils ne veuillent nous imposer leurs problèmes d'ego. Mais on va en reparler juste après...

Avez-vous des projets de tournées pour bientôt? Avec quels types de groupes aimeriez-vous partager la scène?
R: Ouep. Nous embarquons pour une tournée européenne du 15 mars à fin avril 2006. Ça nous mènera jusqu'en France, ça c'est sûr – Nous allons jouer pas mal en concert l'année prochaine afin de promouvoir "aeolian". En ce qui concerne ceux avec qui on aimerait jouer : Putain si Breach se reformait... Mais à part Breach, les Melvins. Meshuggah. Tom Waits. Dillinger Escape Plan. Opeth. Mastodon. Il y a un paquet de bons groupes en ce moment avec qui on aimerait partager la scène.

Généralement comment composez-vous au sein de The Ocean? Est-ce qu'une chanson a besoin de mûrir longtemps avant d'être enregistrable? N'est-ce pas trop compliqué d'inclure autant de personnes dans le processus de composition?
R: Non, ça ne l'est pas, car l'écriture des chansons est confiée aux mains d'une seule et même personne... Je suis le "despote chargé de la création"... Nous ne sommes pas un groupe de jam, les jam-bands sont trop nazes la plupart du temps. J'ai joué dans ce type de groupes pendant des années, et ça ne les a mené nulle part. Avec The Ocean, j'ai choisi une approche différente : je compose toute la musique par à coups et par moi-même, je programme la batterie, j'écris les riffs de guitares, les lignes de basses et les paroles. C'est le même principe depuis le tout début. Je recherche des gens ayant les mêmes points de vues que moi, capables de jouer dans un groupe ayant un but global et sans besoin de reconnaissance personnelle ou quoique ce soit d'autre. J'enregistre absolument tout, de la batterie programmée et la basse aux guitares, des arrangements de cordes et synthés jusqu'aux vocaux sous forme de pré-production. Je le fait écouter aux autres gars... on en discute alors, on parle des chansons qu'on va finaliser ou pas, et on commence à les répéter… Certains détails sont fixés, d'autres peuvent évoluer lorsqu'on réalise que ça ne fonctionne pas de la manière dont c'était supposé le faire. Ça arrive aussi des fois lorsque j'arrive avec une partie de batterie qui se révèle impossible à être jouée en live. Alors Torge, notre batteur, se fout de moi et propose un truc différent... C'est donc de la musique très composée, tout le temps. Tu ne peux qu'approfondir le truc de cette manière là, tu ne peux qu'arriver à un haut niveau de complexité quant aux arrangements et différentes parties, un niveau que tu ne pourrais pas atteindre avec une formation à l'approche jam.

Les derniers mots sont pour vous, merci beaucoup!
N: Tout ce qu'on peut dire c'est : faites gaffe, la France ! Contrairement au reste de l'Europe centrale, vous n'avez pas pu encore nous voir en live. Vous n'y êtes pas préparés. L'Océan va vous heurter de manière encore plus forte.



www.theoceancollective.com
www.metalblade.de

interview réalisée par DJ In Extremis

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