Satan Jokers

Interroger une forte personnalité comme celle de Renaud Hantson est à la fois une opportunité incroyable, une source d’appréhension et l’occasion de discuter en direct avec l’un des pionniers du hard rock en France.
Reconnu pour ses sorties fracassantes, son ego relativement fort, sa sensibilité artistique et son talent d’interprétation dans tous les projets dans lequel il est passé, Renaud Hantson est surtout, et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, le chanteur et principal compositeur de Satan Jokers qui nous a livré avec « Addictions » un concept-album ambitieux, autobiographique et techniquement très relevé.
C’est un Renaud bavard avec qui j’aurais eu la chance de discuter pendant près d’une heure, passionné par son métier et fier du chemin parcouru en vingt-cinq années de carrière dans le domaine de la musique. Sans langue de bois, mais aussi avec sa sensibilité, le chanteur se livre et s’explique sur les sujets qui lui tiennent à cœur…

[Par Eternalis]

interview Satan Jokers1 – Salut Renaud. « Addictions » est sorti il y a maintenant plus de quatre mois. Est-ce que tu as déjà un peu de recul dessus et est-ce que tu en es totalement satisfait ?
Oui évidemment. Je suis ravi de l’impact qu’il a provoqué vis-à-vis des gens. Je ne penserais pas que le sujet serait aussi fédérateur. Je suis donc ravi de voir qu’un concept album, avec les textes d’un psychiatre addictologue ; chose plutôt personnelle ; puisse avoir un tel rayonnement. Je ne pensais pas qu’il deviendrait l’album le plus important dans la carrière de Satan Jokers comme il est sur le point de le devenir.

Je savais qu’on faisait un bon album, avec ce côté fusion très puissant, avec une identité marquée, mais je ne pensais pas que ça toucherait finalement des fans différents du hard rock basique.



2 – Textuellement, vous vous êtes lancé un défi en suivant le parcours d’un drogué, en passant par toutes les étapes. Comment s’est passé ta collaboration avec Laurent Karila. Qui a fait quoi exactement ?
On s’est rencontré sur ma page facebook lorsque j’ai annoncé que j’allais faire une thérapie. Et là, si tu veux, il y a eu un flot de messages de gens qui ont commenté le sujet.

Dès lors, je me suis rendu compte, pour exagérer un peu, qu’un tiers de la population est en thérapie, qu’un autre tiers y a déjà pensé et que le troisième y pense. Et là-dedans, il y a eu Laurent Karila, qui m’a fait une phrase de psychiatre un peu compliqué qui est « Le patient doit prendre en charge sa thérapie, son voyage intérieur blablabla ». Je relis la phrase quatre fois, je ne la comprends toujours pas ; un an après aussi d’ailleurs (rires) ; et j’ai repensé à son bouquin, que j’avais lu six mois plus tôt, qui parle de la cocaïne (ndlr : Une Histoire de Poudre).



Du coup, je lui ai envoyé un message et il m’a répondu en privé en me disant que je devrais faire, pour me libérer, un concept album comme Nikki Sixx (ndlr : Mötley Crüe) l’a fait récemment.

Je lui ai expliqué, pour faire court, que je n’avais pas envie de faire ça parce que c’était très lourd à réaliser, à concevoir. Très technique aussi. Du coup, je pense me débarrasser du sujet en lui disant « Si tu veux, mais tu fais les textes ».



Une heure après, il m’envoie un premier texte qui s’appelle « Substance Récompense » et là, je pleure ! Je suis face à moi, simplement. Tu devines la suite (petits rires).

Il avait un texte, et deux heures après, j’avais une chanson. J’ai fait un truc pourri enregistré sur dictaphone, que j’ai envoyé à Mickaël (ndlr : Zurita, guitare) qui l’a intégré dans Cubase et tout l’album a été très vite ainsi.

Ce fut treize textes, treize compositions, treize jours. Je précise que ce n’est pas une légende, c’est véridique. Il m’envoyait en gros un texte par jour, parfois deux, et ça a coulé très naturellement.

On a beaucoup écrit par téléphone, notamment avec Mickael, et un peu avec Pascal Mulot, qui a dû écrire deux morceaux.



3 – On retrouve des influences parfois plus modernes dans l’album. Je pense par exemple au riff très syncopé de "Euphorie » ou le plus schizo « L’effet Parano », où tu réalises une grande performance vocale au passage…est-ce que tu avais envie de faire sonner Satan Jokers vraiment comme un groupe des années 2000 ?
Ouais, complètement ! Le côté « vieille gloire du hard rock », fer de lance d’une génération passée me casse les couilles. Cet aspect pionner était vrai avant, mais plus aujourd’hui.

Je trouve que la seule différence entre ceux qui écrivent une chanson aujourd’hui et moi, c’est que eux, quand ils croient inventer une chanson, moi je serais capable de dire d’où vient l’influence sans qu’eux ne la connaissent parfois.

C’est un peu méchant ce que je dis là mais le stoner est du Black Sabbath plus lent, le thrash du Deep Purple plus rapide et le problème, c’est que tout est une histoire de codes et de cultures.



J’ai l’expérience d’un mec qui a commencé il y a longtemps, mais j’ai la niaque et la modernité d’un type qui vit avec son époque. Je voulais que les fans des années 80 puissent se retrouver dans notre musique mais ne surtout pas faire une musique passéiste. Je suis certes quelqu’un de nostalgique, mais pas un feignant. Pour moi, tout a été créé dans les années 70 mais il y a une manière de tourner autour du sujet qui fait que le genre est indémodable.

L’apport rythmique de quelqu’un comme Aurel à la batterie du coup apporte beaucoup dans ce sens. Je ne joue que trois morceaux à la batterie sur cet album et c’est vraiment pour contenter quelques fans de la première heure. J’ai toujours composé les mélodies mais dans les années 80, je n’osais juste pas chanter pour le groupe, ni être le frontman du groupe. Aujourd’hui, je ne pourrais plus concevoir autrement le groupe puisque Satan Jokers est tellement moi que c’était obligé que je trouve et engage celui qui serait à la batterie le Renaud Hantson des années 2000.



Pascal Mulot est aussi fondamental, puisqu’il peut tout faire. Il peut faire du synthé avec sa basse et sortir des sons très modernes et incroyables, tandis que Mickael est juste intemporel. Il est déjà jeune et il se contrefout de l’époque. Il n’a pas de limites, d’ornières. C’est donc normal que « Addictions » sonne beaucoup plus moderne que les deux précédents qui sonnent effectivement trop vieux.



4 – Le niveau technique atteint des sommets sur l’album, entre les soli de Michael Zurita et les parties monumentales de basse de Pascal Mulot…comment est-ce que vous gérer toutes ces individualités et vos fortes personnalités dans le groupe ?
Encore une fois, c’est l’expérience. Satan Jokers a toujours été quatre mecs qui se « tirent la bourre » entre eux. Ils étaient déjà des individualités techniques qui auraient chacune pu être des leaders. Tu avais un guitariste très charismatique, un bassiste ; Laurent Bernat ; qui était très important et qui à lui tout seul, a presque inventé la fusion et moi à la batterie qui jouait plus à la manière d’un jazzman mais avec la frappe d’un batteur de hard rock.

Le visuel était un peu comme le Van Halen de l’époque mais musicalement, ça a toujours été un peu une « auberge espagnole », et ça l’est toujours aujourd’hui, mais avec 25 années quasiment d’expérience en plus pour chacun des nouveaux membres de ce line up.

On a donc suffisamment de recul pour que chaque informations sonores ne viennent pas interférer le plus important, qui reste évidemment la qualité des compositions.



Je suis d’accord avec toi sur le fait qu’il y ait beaucoup d’informations sonores mais dernièrement, à la fnac Montparnasse, on a fait un petit show acoustique de trois/quatre titres, façon folk, et ça passait très bien. On se rend donc compte que ce sont de vraies compositions si elles sonnent bien de cette façon-là. Après, quand elles sont jouées avec la
interview Satan Jokers technique et la fureur électrique des musiciens de Satan Jokers, c’est plus complexe. On a joué au dernier Satan fest’ les 54 minutes de l’album et on s’est fait peur, en se disant que les gens n’accrocheraient pas sur la longueur. Mais c’est passé comme une lettre à la poste parce que le concept a un intérêt dans sa globalité.



5 - Olivier Spitzer paraissait être un membre important de la reformation…pourquoi n’est-il plus là ? Il a été renvoyé ou alors est-il parti de lui-même ?
No comment ! (ndlr : d’un ton sec)

Non vraiment, je pense que ça intéresse personne…tu vois ? Enfin je préfère ne pas m’exprimer sur le sujet…(ndlr : il hésite). C’est toujours très dur de se rendre compte qu’un gars qui n’ a pas fait de disques pendant 25 ans, qui apprend à le faire auprès de toi se sent ensuite le droit de puiser dans tes influences pour former un groupe.



De toute façon, il n’était pas représentatif de la technicité de Satan Jokers. Maintenant, ça ne change pas mes sentiments amicaux que j’ai pu avoir à un moment avec lui, parce que l’on n’engage pas les gens par hasard, mais je vois le travail d’une certaine manière. Je construis depuis des années un arbre généalogique musical. Quoique peuvent penser les gens qui critiquent le fait que je touche divers genre musicaux, j’ai eu de très gros succès à l’intérieur de chacun d’eux. Je demande aux musiciens avec lesquels je joue une forme de priorité parce que je veux laisser une trace musicale qui restera même quand j’arrêterais la musique.

Ce sont des raisons simples ; des raisons de qualités de composition, de qualités musicales et on n’a pas besoin d’être en tête du hit-parade pour ça. C’est une histoire d’avant-gardisme.

J’avais dit pas de commentaires et voilà ce que ça a donné…(ndlr : il reprend)



Si tu veux, il y a ceux qui font de la musique pour s’amuser parce qu’ils ont une vie bourgeoise, et ceux comme moi qui l’a font parce que c’est passionnel, parce qu’on vit pour ça. On n’est pas du même monde, et j’ai mis trois ans et demi à m’en rendre compte.



6 – J’ai lu ton interview croisée avec Kvartoph de Shining dans Metallian. Qu’est-ce que tu penses de ce type de black metal très sombre et torturé, toi qui es rock n’roll ? Tu ne sembles pas d’accord quand il dit que se droguer rend la créativité exacerbée…
Je trouve que c’est débile. C’est faire l’apologie d’un truc qui te tue à petit feu et s’en servir comme d’un fond de commerce. Le gars est obligé de dire pour se faire remarquer artistiquement « Drogues-toi, c’est génial » parce que sa musique n’est pas assez intéressante. C’est comme faire l’apologie du crime, je ne suis pas du tout d’accord.

Je ne fais pas la même musique que ces gens-là…mes musiciens par exemple n’ont pas toujours fait la musique qu’ils ont fait avec moi mais ils n’ont jamais été aussi bon que quand ils ont été à mes côtés. Tu vois ce que je veux dire ? On ne fait pas le même métier.



Moi ce mec-là, je ne l’ai pas rencontré parce que c’est une interview fabriquée par le magazine mais je ne pense pas qu’il aurait pu soutenir la même chose s’il avait été en face de moi. J’ai été gêné par la même chose dans l’autobiographie de Steven Tyler (ndlr : Aerosmith) qui est très bien écrite, mais je suis très gêné par le côté « Aerosmith n’aurait jamais fait d’aussi bons albums s’il n’y avait pas eu la drogue ».

Ça me dérange parce que si tu veux, on sait tous qu’en vérité, c’est une altération de ton état normal. Bien sûr, ça ouvre certaines portes de la perception mais dire que la drogue va donner du talent à quelqu’un qui n’en a pas est une connerie monumentale. C’est faux. L’un des plus beaux exemples, c’est Glenn Hugues qui n’a jamais fait autant d’albums qu’après la cocaïne. Nikki Sixx aussi qui est beaucoup plus créatif depuis qu’il a arrêté ses problèmes d’héroïne…et il y en a plein d’autres !

Cela peut désinhiber les plus faibles mais je n’aime pas qu’on fasse l’apologie d’un truc qui se répand de plus en plus avec le temps. Pour ceux qui se sont perdus dedans comme moi, et qui ont eu autant de mal à s’en sortir, je ne comprends pas avec notre responsabilité d’être quelque part un leader d’opinion, qu’on puisse faire l’apologie de ça. On sait que les drogues ont de plus une connotation aujourd’hui fortement sexuelle, et je plains la nouvelle génération pour ça…



7 – Est-ce que l’album a été justement conçu dans le but de dire aux gens de faire gaffe ? De ne jamais tomber dedans ou alors c’était simplement pour t’exprimer sur ce sujet très fort… ?
C’est un manifeste en fait. Dans la continuité de l’e-book qu’on a écrit avec Laurent Karila, on a voulu rendre moins chiant un sujet qui aurait pu être très médical et moralisateur.

On se range du côté de la prévention. C’est très facile de plonger dedans mais très difficile de s’en sortir donc oui, on a fait un concept album « préventif ». C’est une suite logique, pour moi, de la relation thérapeute/patient qui s’est transformé très rapidement en forte amitié.

On a cette même culture pour le metal. Il faut savoir que quand il était jeune, il vénérait Kiss et Satan Jokers donc c’est quand même à mourir de rire que je devienne son patient (rires). La boucle est bouclée.

Ce serait un secret de polichinelle que de ne pas dire que l’album est très personnel et parle de ma vie.



8 – Je vais prendre mon exemple personnel. J’ai 20 ans et je vous ai découvert en ouverture de Nightmare au Ferrailleur à Nantes pour la sortie de « Fetish X ». Et je me suis pris une énorme claque…depuis, j’ai acheté vos albums et j’attendais avec impatience ce nouveau…
Donc est-ce que tu penses que vos fans actuels sont plus constitués des fans de la première heure ou plutôt de jeunes comme moi qui vous ont découvert lors de votre reformation ?

Alors…hum…je pense que ce qui fait que ce nouvel album, discrètement, est en train de faire un mini-carton et que l’on en est au troisième pressage, c’est qu’il touche autant des gens des années 80 que des adeptes du metal d’aujourd’hui.

Donc je pense qu’on a réussi à faire le lien entre ceux qui recherchent notre patte des années 80 et ceux qui attendent que ça bombarde en nous écoutant. Tu as quatre mecs avec un gros ego et un gros bagage technique qui joue ensemble, mais qui savent le mettre à la poubelle et dire qu’il nous reste des choses à faire musicalement ; la preuve avec cet album.

Tant qu’il y aura des idées, on pourra continuer. On a d’autres idées intéressantes qui pourront devenir des albums, et la collaboration avec Laurent n’est surement pas terminée. Si je devais me coltiner treize textes, je pense que j’aurais plus de mal à tenir le rythme.



Mon but était que la reformation dure au moins aussi longtemps que la première formation
interview Satan Jokersdu groupe. On a dépassé le stade actuellement, avec tous le respect que j’ai pour le premier line up, et toute l’amitié que j’ai envers Stéphane Bonneau et Pierre Guiraud et malheureusement Laurent qui n’est plus là, et tant qu’il y aura des idées, on continuera.

On continuera aussi de plaire aux jeunes fans parce qu’on ne fera rien qui se rapproche des années 80. Je ne veux pas être méchant mais de cette période, il y en a beaucoup qui ne font rien d’autre que vivre sur leur passé et quand ils composent, ça sonne comme dans les années 80. Pour d’autres, c’est surtout une limitation technique des gens qui ne savent pas faire autre chose qu’une musique old school et bateau, ce qui n’est pas le cas de nous quatre.

Là, je t’ai fait une pure réponse à la Satan Jokers des années 80, arrogante et tête de con (rires). J’ai dit et répété d’ailleurs que, pour moi, dans les années 80, je voulais juste qu’on parle de nous, en bien ou en mal je m’en foutais. Ça a finalement marché parce qu’on a été les seuls à vendre des disques à cette époque avec Trust ! « Les Fils du Metal » a été disque d’or, le second pas loin et le « III » a été une plantade absolue, alors que je trouve que c’est le plus abouti. C’était aussi un peu à cause de la maison de disque (ndlr : Vertigo Records à l’époque) avec cette idée de mini-album parce qu’ils croyaient, ces cons là, qu’un mini-album, en le vendant moins cher, se vendrait plus.



9 – Tu as chanté dans Starmania qui est une énorme machine. Qu’est-ce que ça change dans le travail vis-à-vis du rock ?
J’ai connu l’âge d’or du hard rock français et je vois aujourd’hui qu’après vingt-cinq ans, peu de choses ont changé, malgré la reformation, le hellfest, etc…on est toujours pas le pays du rock n’roll. Mais j’aime ça, simplement.

Beaucoup de gens ont pensé, quand j’ai quitté Satan Jokers pour faire de la pop music, de la variété française, que j’étais un vendu, le mec à abattre en gros. En vérité, j’étais surtout le premier musicien français à dire que j’avais envie de faire plusieurs choses et pas me contenter au hard, que j’aimais les blondes mais que j’aimais bien aussi me faire une brune si elle est bonne (ndlr : charmant !).

Pour moi, faire du pop/rock comme dans mes albums solo, c’est la même difficulté mais avec une musique plus populaire que la ménagère pourra écouter. Mon langage, c’est la musique. Je vais voir certains textes sur une musique plus simple, plus abordable, comme U2 par exemple. Quand on me dit U2 c’est du hard rock, dans ce cas je fais du heavy metal sur mes albums solos ! Mes fans de Satan Jokers ne sont pas complètement dépaysés non plus par mes albums solos, même si ce n’est clairement pas du metal.



Et pour Starmania, pour revenir à ta question, participer à un opera rock ou à une comédie musicale, c’est l’une des plus belles écoles existentielles et musicales que j’ai pu vivre. Ça t’apprend l’exigence, le respect des techniciens, de tes partenaires chanteurs, tu as également moins de pression parce que tu ne chantes pas forcément tes chansons. J’ai eu la chance de faire les trois plus grosses comédies musicales francophones, à savoir « Starmania », « La Légende Jimmy » et « Notre Dame de Paris » donc j’ai été plutôt gâté.

Je ne cours cependant pas après, surtout depuis la mort de Michel Berger. J’ai accepté Notre Dame parce que Luc Plamendon m’avait demandé mais aujourd’hui, je ne pense pas que je referais ça.



Pour moi, c’est le même boulot. C’est même très complexe au final la pop selon moi. Gueuler dans un micro avec une très grosse technique n’est finalement pas le plus dur. Faire une musique plus populaire et simple, c’est très difficile quand tu sais faire compliquer.



10 – Qu’est-ce que tu fais de ton temps quand tu n’es pas dans la musique ?
Houlà…(ndlr : il hésite)…et bien c’est tout le problème de ma vie ça…ce que je fais de mon temps…

Euh…putain…petit con va, non seulement il nous écrit une belle chronique mais ses questions sont bonnes en plus (rires).

On va dire que j’essaie d’occuper mon temps avec mon école de chant et de batterie, qui me permet déjà de ne pas être livrer à moi-même quand je ne joue pas. Je m’occupe de mon école et de mes élèves pour communiquer un art et ne pas vouloir me déglinguer la gueule.



Là, pendant ma thérapie, j’ai écrit un livre pour ne pas me déchirer. C’est une autobiographie qui s’appelle « Poudre aux Yeux » et qui sortira le 28 Mars, la veille de mon anniversaire. C’est un livre assez sexe, rock et show business qui raconte sur 375 pages l’histoire de ma vie. Cela risquera de fermer le claquet à certaines personnes dans le circuit du rock qui leur permettra de comprendre pourquoi je suis un peu plus connu qu’eux dans le circuit. Ce bouquin montre aussi comment j’ai été désœuvré quand, en 1995, le directeur de mon ancienne boite de disques qui s’occupait de ma carrière solo alors que je cartonnais avec une chanson qui s’appelait « Apprendre à Vivre sans Toi » sur Michel Berger, qui était 2e vente au niveau des singles mais la maison de disque n’a pas fait l’impulsion pour que ça s’inscrive bien dans les mémoires.

Et ce gars m’a dit de faire un break d’une année pour revenir avec de nouvelles chansons. Et je me suis dit « Mais il est con ou quoi ? On cartonne et il veut que je fasse un break d’un an ». Du coup, j’ai fait n’importe quoi cette dite année là parce qu’on m’empêchait de travailler, parce que sur les supposés conseils d’un mec qui s’occupait de Bruel et Rock Voisine, ce mec avait ma vie entre ses mains et a décidé que ce serait intelligent que je fasse un break. Donc qu’est-ce que j’ai fait ?



La drogue que je refusais et qu’on me proposait dans le circuit depuis quelques années, et bien cette année-là, je l’ai accepté. Pendant ces années, mon temps libre était beaucoup géré par la prise de drogue et par la sexualité. Cela fait très rock star de dire ça mais c’est vraiment pas génial. J’ai des supers souvenirs au tout départ de ces expériences, et je cours après depuis dix-sept ans tout en sachant que je ne les retrouverais probablement jamais.

C’est donc une très vaste question puisque je suis heureux et séduisant uniquement quand je fais de la musique. Le reste du temps, je me sens comme…une merde (rires). Je me sens impersonnel, comme les autres, sans rien en plus. Je ne me sens pas vivre.

Merci docteur pour cette thérapie (rires).



11 – Est-ce que tu veux ajouter quelque chose ? Je te laisse les derniers mots de l’entretien et te remercie pour ce long moment…
Et bien écoute, fais très bon usage de cette interview. Je te remercie pour le temps accordé, ça fait très plaisir de savoir que des jeunes comme toi tiennent la relève du hard rock et qu’ils s’intéressent à des vieux comme nous.

Quant aux autres, merci pour le soutien et pour l’accueil réservé à « Addictions ».


r>
interview réalisée par Eternalis

9 Commentaires

0 J'aime

Partager

Bakounine - 14 Avril 2012: Mouarf, j'étais en cours avec Karila pas plus tard que ce vendredi, tous les mecs dans la salle en train de lui demander d'interroger le métalleux de l'amphi... Et lui qui me demande s'il peut m'appeler Slash vu qu'il arrive pas à prononcer mon prénom...
Ce type est un monument...
AlonewithL - 16 Avril 2012: Va falloir que je change les photos du groupe, parce que là ça devient franchement nawak. Merci pour cet interville, je pense que ça a été la course à la vachette ^^
Eternalis - 17 Avril 2012: Bakou : Ah oui ? Tu fais des études de psycho/socio ? Je ne savais pas qu'il était prof... :)

Seb : merci pour les changements. En effet, c'est mieux comme ça !
Bakounine - 27 Avril 2012: Ben non, je suis en médecine. Il est addictologue, psychiatre à la base, et donc médecin. C'est lui qui nous fait une partie des cours d'addictologie...
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

En voir plus