Jadallys

interview Jadallys1) Peux tu nous raconter ce qui s’est passé dans la vie du groupe entre vos deux albums ?
Tino : Beaucoup de concerts. Mais avant tout, il y a eu des changements profonds, réflexion sur les orientations et les choix du groupe et, sans aucun doute de façon liée à cela, changement de musiciens. Jadallys est depuis le début un espace d’expérimentation, un laboratoire d’essais. Il le restera. Le message du groupe est la recherche de la liberté, une véritable quête comme celle du Graal. Cela exige l’abandon de toute prétention matérielle et le détachement vis à vis des usages de pensée conventionnels. Tout cela exige un effort, Jadallys a un message difficile à faire passer dans un univers généralisé de consommation. Mais pourtant il passe…

2) Labyrinthes semble véritablement marquer un pas en avant pour le groupe. Le ressens tu comme ça ?
Tino : Evidemment. On a systématisé ce qui pouvait plaire, et bien entendu ce qui pouvait aussi déplaire…Non seulement on a été encore plus loin dans notre démarche, mais on l’a fait encore mieux que pour « Le Silence ». Je pense que cet album est un condensé de libre expression aussi bien dans les textes que dans la musique. Pour cette raison, je le trouve inclassable. Je pense que beaucoup chercheront, comme c’est l’habitude en France, à le ranger dans une étiquette. Mais comme ces bien-pensants n’y arriveront pas, ils passeront allègrement à côté , sans rien saisir. Labyrinthes s’adresse seulement à ceux qui ouvrent leur esprit à d’autres démarches, bref à ceux qui ont l’esprit de découverte. Et par bonheur il y a encore beaucoup d’esprits libres.

3) Peux tu nous parler de l’enregistrement de ce disque ?
Sélène : Il s’est effectué dans plusieurs studios différents, sous la direction de Stéphane Buriez. Nous savions ce que nous voulions faire, nous l’avons expliqué avec passion, Stéphane l’a immédiatement compris et ressenti. C’est une belle expérience de travailler avec une personne de cette envergure, il est d’abord un artiste qui sait écouter, qui sait saisir le sens profond des choses…Pour nous, c’est le principal ! Et puis c’est un fabuleux magicien qui modèle des univers sonores en fonction du sens de la musique. Il s’est très vite approprié celle-ci et a su la préserver de toute pollution consensuelle.

4) Les paroles sont très importantes pour vous, peux tu nous faire une explication de texte ?
Sélène : Les paroles sont l’essentiel. Labyrinthes est un parcours qui mène de l’enfance à la mort, puis à la renaissance, pour s’achever par la plénitude dans le détachement de tout, ce que symbolise le dernier morceau fait de quelques notes tribales dépouillées. C’est un « concept album », qui fait appel à toute une série de symboles. Il ne s’agit évidemment pas de dévoiler ici le sens des textes, mais en tout cas il ne faut jamais les prendre au premier degré. Il y a des repères simples pour cela : dès le premier m
interview Jadallysorceau, le titre « mer » est à rapprocher du mot « mère », il représente la relation envahissante qui peut s’établir entre l’enfant et sa mère. Le second et le troisième morceau sont la découverte par l’adolescent des notions philosophiques et religieuses et l’appréhension du Vide existentiel. L’ « Araignée » n’est pas une araignée, mais toute personne repliée sur elle-même. Rapport « Sagittarius A » (c’est le nom du trou noir qui est au centre de notre galaxie, la Voie Lactée), n’est pas une chanson sur les extra-terrestres, malgré l’intro qui est un rappel résolument suranné aux très vieux films de science fiction des années cinquante que Tim Burton a d’ailleurs parodiés ! Derrière cette façade grotesque et ironique (façon Mars Attacks !) se déroule un texte qui offre un panorama tragique des comportements humains qui, eux, sont très obtus et aveugles.
On peut décliner ce même procédé à tous les morceaux. Celui qui écoute l’album doit faire l’effort d’essayer de déchiffrer, ce qui est le contraire de l’attitude passive à laquelle nous sommes habitués lorsque l’on écoute de l’easy music, qu’elle soit variété, pop ou métal, ou pire encore lorsqu’on regarde la télé. On est libre de faire cet effort de découverte ou de le rejeter. Le message, c’est la liberté de rester comme on est ou de se tourner vers l’Autre. On fait un choix. Mais un choix n’est pas sans conséquence, cela rend conscient que l’on vient de choisir et dès lors on est responsable de son choix. Chose qu’il est important de ne pas se cacher. Le texte de « K » parle, entre autres choses, de cela.
La pochette et le livret, réalisés par Eric Liberge, reprennent aussi graphiquement tout un ensemble de symboles présents dans les textes.


5) Sur scène vous êtes très visuel, a quand une version DVD de Jadallys ?
Tino : L’aspect scénique est très important. Le côté théâtral de Jadallys est particulier, mais il constitue une évidence indispensable à la démarche artistique du groupe. Verriez-vous sérieusement Sélène chanter une douce mélodie, telle une jeune fille sagement installée derrière son micro ? Même si elle en est plus que capable, cela serait un non-sens absolu par rapport au personnage ambiguë, torturé et animal qu’elle incarne avec sincérité.
De même, vous ne me verrez pas poser mon pied sur les retours de devant de scène. Et pourtant, je vous jure que je joue de la guitare…
Nous irons beaucoup plus loin dans le côté visuel, nous étudions cela. Et il y aura un jour un DVD de Jadallys, le tout est de ne pas réaliser quelque chose de trop « propre » pour être honnête.


6) En parlant de la scène vous tournez pas mal sur Paris avez-vous des plans pour partir à travers la France et l’Europe ?
Ded : Oui, nous en avons à l’étude en ce moment. Nous souhaitons vraiment –et le plus rapidement possible- retrouver le public de province avec lequel nous n’avons que d’exce
interview Jadallysllents souvenirs. Il y a aussi quelques plans européens.

7) Comment s’est passée votre rencontre avec Stephane Buriez ? Pourquoi l’avoir choisi pour s’occuper de votre album ?
Ded : Cela faisait deux ans qu’on pensait à lui. Déjà, pour « Le Silence », on se disait qu’il nous aurait fallu quelqu’un comme lui…Et puis l’un de nos amis le connaissait bien, on est entrés en contact facilement, on s’est entendus tout de suite. Stef est pétri de musicalité, de finesse et de savoir-faire. Il n’a pas peur de s’attaquer à des entreprises compliquées et ésotériques comme la nôtre, au contraire cela l’intéresse car il est ouvert mentalement à tout. Ce qui fait de lui quelqu’un de très clairvoyant et de très « riche » musicalement.

8) On vous avait déjà posé la question mais que représente l’esprit du métal pour vous ?
Sélène : Le métal, tout comme le classique, sont des genres où tout est théoriquement possible. Où la démesure n’est pas à priori hors la loi. C’est une particularité extraordinaire, c’est ce qui en fait un genre musical exceptionnel. L’esprit du métal réside dans cette capacité à jouer avec l’extrême, extrême sonore mais aussi démence des mots, des expressions, des idées. C’est un genre musical que nous aimons avant tout pour cette raison.
Ce qui est dommage, c’est qu’aujourd’hui le métal se divise en différentes chapelles qui sont autant de refuges pour des tribus qui réagissent à des codes rigides. Aujourd’hui, on s’identifie par rapport à une tribu, à l’intérieur du monde du métal. C’est ce que Jadallys rejette. La liberté c’est d’être capable de s’identifier tout seul en tant qu’être unique. Etre libre d’aimer tel style et en plus d’en aimer plein d’autres, même si la majorité des gens trouve cela inconcevable.


9) Un dernier mot pour les gens qui vont venir vous rencontrer sur la route….
Tibo : Au-delà de tout ce qui vient d’être dit, Jadallys est vraiment le contraire d’un groupe qui se prend au sérieux. Si la condition, pour être entendu, était en toute occasion de ne rien dire de peur de passer pour quelqu’un qui se la pète, alors ce serait la mort non seulement de toute création, de toute authenticité, mais aussi de toute démocratie. Nous ne sommes pas encore dans un monde de zombies inhibés par les tabous et pour ne pas se retrouver un jour dans l’univers carcéral d’Orwell, il faut parler, il faut être capable de dire tout ce que l’on a envie de dire, sans chercher à plaire, sans aucune restriction. En ce sens, merci à tous ceux qui nous aident, en nous aimant ou en nous détestant, ce sont eux qui nous poussent et nous motivent, ce sont eux qui démultiplient notre énergie et qui nous permettent d’avancer encore plus.
Pour ceux qui viendront nous rencontrer sur la route, je dirai ceci : en concert, on prend notre pied, c’est tout. Parce que la scène est faite pour cela. On vous dit à tous : venez nous voir, venez passer un moment avec nous !

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interview réalisée par Julien

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