Presque deux ans se sont écoulés depuis Process of a New Decline, j’imagine que les départs d’Arnaud et de Guillaume ont du jouer sur ce délai, pouvez-vous revenir sur ces départs surprenants au vu du succès rencontré avec Process les tournées plutôt de gros niveau qui ont suivi jusqu’à Transcendence ?
Mat : Oui, presque trois ans en fait, il s'est passé pas mal de choses en effet dans ce laps de temps. Guillaume et Arnaud sont partis peu après le Hellfest, en juin 2010, pour des raisons personnelles qui n'ont rien à voir avec la musique en fait. Tous deux avaient des problèmes personnels, de travail ou de santé qui n'étaient plus compatibles avec la vie du groupe. Comme tu dis, on devait enchainer des dates et des tournées importantes les deux années suivantes et ils n'auraient pas pu nous suivre, préférant laisser leur place pour ne pas nuire au groupe ou nous ralentir.

Arnaud et Guillaume partis donc, Julien et Nicolas arrivent. Comment s’est fait la rencontre avec ces deux nouveaux membres ?
Mat : Julien, que nous connaissions déjà de longue date parce qu'il avait déjà fait quelques remplacements pour nous, a de suite pris le relais l'été 2010 pour notre tournée avec Cattle Decapitation et Beyond Terror Beyond Grace. Son intégration a été facile puisque c'est un gros travailleur qui connaissait déjà le groupe. En plus, sa voix était intéressante à nos yeux car plus variée et c'était ce qu'on recherchait pour Gorod. On voulait un chanteur qui puisse sortir de temps en temps du monotone/monocorde et coller un peu plus aux différentes ambiances de notre musique. On a choisi Nicolas après avoir testé deux ou trois autres guitaristes, tous très bons techniquement. On ne doutait pas que ce serait assez rapide de trouver des guitaristes capables de jouer notre musique mais on voulait surtout quelqu'un avec qui le courant passait bien, humainement, et en qui on puisse avoir une totale confiance. Nicolas, en plus d'avoir un jeu et un son irréprochable, a été celui avec lequel on s'est le mieux retrouvé, dès les premières répétitions. Il y avait cette complémentarité au niveau du son, cette espèce d'osmose et d'homogénéité qui faisait que la musique du groupe fonctionnait à nouveau. De plus c'est un gars très posé et responsable, en qui on peut avoir entièrement confiance, on a du mal à lui trouver des défauts en fait !!!



Vous voilà de retour avec un album très fort mais avant de développer ce sujet, quand le choix d’Elmobo pour la production s’est il fait ? Et surtout, comment l’avez-vous rencontré ?
Mat : Mobo est quelqu'un que l'on connait depuis des années, il est de Bordeaux comme nous, on a eu en plus l'occasion de bosser ensemble, lui et moi, sur les mêmes groupes au niveau prod. C'est quelqu'un d'adorable, de très compétent, dont je respecte énormément

le travail… tout ce qui sort de chez lui est "gros", et c'est le meilleur dans son domaine en France à mon avis.
Pour cet album, nous avion décidé, à la base, que je ne m'occuperai plus de la production, pour que je puisse me concentrer uniquement sur les aspects « artistiques ».
Je préférais bosser avec quelqu'un avec qui je pourrais parler, me faire comprendre et échanger, c'est à dire pas forcément un super producteur hors de prix qui aurait fait de toutes façons ce qu'il voulait, mais plutôt quelqu'un de proche et autant, voire plus, compétent, qui pourrait apporter un vrai plus au groupe… voilà comment nous avons fait ce choix… la décision s'est faite avec lui autour d'un bon barbecue auquel il n'a pas résisté ! Haha…


Un album qui raconte une histoire, tout du long, cela devient rare, comment vous est venue cette idée ?
Mat : C'est une habitude chez nous, tous nos albums sont construits comme ça en fait. Jusqu'à Transcendence, on était sur la science fiction, on racontait une même histoire développée sur les 3 albums et qui se terminait sur l'Ep. Comme les goûts de Julien n'allaient pas vraiment sur la SF, il a eu l'idée de raconter l'histoire d'Olga, reine russe, et de sa vengeance totale sur un peuple ennemi, au dixième siècle. On aime bien faire les choses ainsi, on trouve que ça donne un caractère unique à chaque album, et ça aide à l'homogénéiser.

Cet album est loin d’être basique, un gros travail d’ambiance, je pense à l’intro de Birds of Sulphur ou encore aux sons entamant 5000 at the funeral démontrent un gros travail de composition, et d’arrangements alors justement, comment s’est passée la composition des titres ?
Mat : En général j'amène le morceau terminé dans sa structure, avec juste les deux guitares et une batterie programmée, ensuite on le travaille en répétition pour peaufiner la batterie. Benoit et moi ajoutons ensuite la basse. Les textes, comme souvent, arrivent juste avant le studio, faut dire que pour cet album Julien a dû vraiment effectuer un gros travail de recherche avant d'écrire ses textes! Tout ce qui est arrangements, solos, etc. se rajoutent en dernier, souvent au moment du mix, lorsqu'on a déjà tout de posé et de fonctionnel. Les intros de « Birds of Sulphur » et « 5000 at the funeral », je les ai terminées juste avant le mastering, à la base elles étaient surtout faites pour servir d'illustrations pendant les concerts. Mais je trouvais que ça mettrait un peu plus l'auditeur dans le bain, dans le contexte, si on les plaçait quand même sur le cd, n'étant pas forcément fan moi-même des intros à rallonge! Au final on est très contents du rendu.

Aviez-vous une idée précise de ce que vous attendiez d’Elmobo ou lui avez-vous laissé une certaine liberté ?
Mat : Concernant le mix, on lui a laissé toute latitude

au départ, j'avais suffisamment confiance en son talent et son expérience, de plus il connaissait bien le groupe, ce n'était pas la peine d'être derrière lui à chaque instant, et je sais comment ça peut être lourd quand on commence un mix d'être de suite redirigé...On a seulement peaufiné avec lui quelques petits détails d'arrangements et d'effets mais ce qu'il nous a proposé d'entrée était déjà très abouti et conforme à ce qu'on attendait en fait! On est super content de sa prod, ça change énormément de notre son habituel et en même temps ça ne trahit en aucune façon l'esprit de notre musique, c'est simplement parfait !

Le son des guitares m’a surpris, il y a beaucoup de passages ou elles sonnent sans distorsion tout en gardant un son tranchant, incisif, de mon point de vue cela apporte une réelle force aux titres. Était ce un choix délibéré ou est-ce venu au fur et à mesure de la création de cet album ?
Mat : Je n'aime pas beaucoup l'idée de faire deux fois le même album, encore moins deux fois le même morceau, j'ai donc essayé de tirer la musique vers des choses que je n'avais pas encore osé faire, pour ne pas me marcher dessus. Après déjà trois albums, il était temps d'oser des choses plus "exotiques" et originales je crois, en tous cas de ne pas se laisser enfermer dans un cadre condescendant et sécurisant. La prise de risque donne toujours du piment à la vie d'un groupe, c'est quelque chose qu'on ne devrait jamais reprocher à un artiste.

Cet album est moins brutal que ne l’aura été Process et beaucoup plus euh…je dirais progressif, au vrai sens du terme. En complexifiant encore plus et allongeant vos titres vous évoluez vers quelque chose de différent, pensez-vous que les fans comprendront cette évolution ?
Mat : Comme je dis plus haut, ce n'est pas ma conception de la musique de proposer toujours la même chose. Je ne vois pas l'intérêt musical de mettre des barrières autour d'un style, la culture musicale est vaste, ce serait dommage de rester cloitré et fermé à d'autres types de musique, ne serait-ce déjà que dans le genre Metal. Après, peut-être que certains fans n'apprécieront pas...ou peut-être que si...mais je veux rester libre de faire ce qui m'intéresse, sinon j'aurais fait autre chose de ma vie. Je préfère essayer d'attirer nos fans vers notre musique que de tirer notre musique vers les goûts ou les courants qui marcheraient à coup sûr.

Il y a t’il une question ou un thème que je n’ai pas abordé et que vous auriez aimé développer ?
Mat : Heuuu, oui !! J'aimerais juste rajouter qu'on sera en tournée au mois de Mars avec Obscura, Spawn of Possession et Exivious dans toute l'Europe, et qu'il y a des dates en France qu'il ne faut pas rater: Toulouse, Nantes, Paris, Rouen et Dunkerque les 27, 28, 29, 30 et 31 Mars ! RAMENEZ VOS FESSES !!!