Blockheads

interview BlockheadsDepuis 92, date de sa formation, le groupe nancéen Blockheads écume l'Europe et multiplie pains et traumatismes auditifs à grands coups de grindcore old-school brut de fonderie. De retour sous les feux de l'actualité avec un destructeur tout nouvel album qu'ils vont s'empresser d'aller défendre au fameux Obscene Extreme fest en Tchéquie cet été, j'ai les ai questionné en mai 2006.

>Salut les Blockheads, heureux de vous savoir de retour. Ça commençait à faire un peu long depuis "Human Parade" en 2002. Vous étiez retenus dans un asile psychiatrique ? Sérieusement pourquoi ce délai ?
Salut, effectivement, entre "Human Parade" et "Shapes of Misery", 4 ans… Bon, il y a eu de multiples facteurs qui sont rentrés en jeu. En gros, étant donné qu'on ne vit pas de notre zique et qu'on a pas mal bougé pour des concerts en 2002 et 2003, les week- ends qui sont normalement consacrés à la compo ont été zappés. Après on s'est éloigné les uns des autres, géographiquement parlant, à cause des boulots respectifs, et il n'est plus évident pour nous de répéter chaque week-end. Tu rajoutes à ça que certains ont des enfants, donc une vie de famille à assumer, et voilà comment tu mets 3 ans à composer un album de grind… Mais bon, on ne lâche pas l'affaire pour autant…

>Bon, pour les fans de grind-core pur et dur, vous êtes incontestablement un des chefs de file en France. C'est quoi la recette pour rester au top malgré des disques à intervalles si espacés ?
Merci, écoutes, je pense qu'on pourrait sérieusement réduire l'intervalle de temps entre chaque album, mais on ne ferait que de la merde. On a besoin de temps pour prendre du recul sur les compos. On est 5 et il y a une auto- censure assez forte sur chaque morceau, et du coup c'est vrai aussi qu'on jette plein de compos en cours de route qui ne nous semblent pas au top. Donc on espère faire du bon, mais on a besoin de temps pour y arriver. Après, c'est pas parce qu'on mets du temps entre chaque album qu'on ne s'implique pas, on est toujours très motivés pour les concerts, et c'est çà avant tout qui nous pousse et nous tient.

>Vous avez enregistré votre 4ème et énorme nouvel album "Shapes of Misery" au LB Lab. Mais c'est Mieszko Talarczyk qui devait s'en occuper à l'origine, le dramatique tsunami en aura décidé autrement. Vous connaissiez Mieszko personnellement ?
Personnellement non. Après, on a joué sur trois des affiches de leur tournée de novembre 2004 et là on a senti que le courant passait vraiment bien. Maintenant, et après la disparition de Miezko, il nous est arrivé de revoir Jon dans Victims ou Sayyadina. Aller enregistrer en Suède au SoundLabs était très cohérent pour nous, sachant l'expérience musicale de Miezko, et ce qu'il a déjà produit. En plus, les Nostromo y avaient été pour "Ecce Lex" et nous en avaient dit que du bien…

>Comment s'est déroulé l'enregistrement avec Buriez ?
Buriez a été tout de suite très intéressé pour nous enregistrer, dans le sens où il n'avait jamais fait du gros grind, et comme il nous suit depuis les débuts, je crois que ça lui a fait plaisir de s'investir dans le projet du 4éme album de Blockheads. L'enregistrement en lui-même s'est bien déroulé, mais on a pu caler que deux semaines de studio, le top aurait été trois. De notre coté on a vraiment speedé pour tout mettre en boite dans les délais (enregistrement+mix), mais la pression du timing était vraiment forte. On a vu l'endurance et la concentration de Buriez à cette occasion lors de l'enregistrement et du mix, et son avis était très bon. Il a tout de suite compris dans quel sens on voulait aller, c'est-à-dire un son brut, une production très live, sans fioritures techniques sonnant aseptisée.


>Quelles sont les différences avec "Human Parade", les nouvelles voies que vous avez tenté d'explorer ? J'ai cru déceler quelques riffs atypiques, des plans rythmiques plus déstructurés qu'à l'habitude.
Je pense qu'une certaine influence crust/power violence se ressent assez, dans le sens où des groupes comme SkitSystem nous ont vraiment botté. Les différences par rapport à "Hu
interview Blockheadsman Parade", je dirais que c'est surtout qu'il n'y a pas de temps mort et que l'ensemble des compos donne un sentiment de tension et d'urgence… Pour ce qui est des plans plus déstructurés, je pense que c'est du au fait qu'on a pas envie de rester dans une voie et que de tels plans peuvent améliorer le rendu dans le sens efficacité, l'impact d'un titre. Une autre différence avec le précédent est le ton des paroles, plus engagées et pessimistes je crois. En tous cas ce qui nous tient c'est toujours la recherche d'efficacité et de puissance, on a simplement cherché une autre manière de trouver çà.

>Les influences old-school sont évidentes lorsqu'on vous écoute. D'où vient encore aujourd'hui votre inspiration ? Est-ce que vous écoutez toujours autant les premières sorties Earache/Peaceville du début des années 90 comme Terrorizer, Electro Hippies, Extreme Noise Terror, Doom, Sore Throat… ?
Oui, on en écoute encore, aussi bien pour le plaisir que pour la nostalgie. Maintenant, on n'est pas blockés sur cette période et ces groupes, même si… Parfois en répet, un plan sera viré parce qu'il sonne trop "à la X" ou "à la Y". L'inspiration, là c'est clair qu'on reste inspiré par cette scène, mais on ne se fixe pas de règles. Il faut bien faire gaffe entre inspiration et repompe. Par conte on écoute aussi pas mal d'actuel, et c'est clair que les influences que tu as ressenties sur l'album viennent de çà aussi. On reste attachés aux bases mais on adore aussi ce qui se fait de bien dans les styles qui pulsent.

>Pourquoi ne pas être resté chez Bones Brigade ? Est-ce que c'est pour rester indépendant et ne pas se sentir attaché à un même label trop longtemps ?
Non pas du tout, Bones nous a apporté ce que nous voulions pour "Human Parade", mais on a eu l'opportunité d'aller peut-être un pas plus loin dans la diffusion avec Overcome et on a saisi cette chance. Ce n'est pas vraiment qu'on quitte Bones Brigade, c'est qu'on commence avec Overcome, et les deux structures bossent ensemble de toute façon, les rapports sont clairs et francs, il n'y a pas de soucis avec çà.

>Après le split malheureux d' Inside Conflict, Overcome semble tout miser sur le grind en vous signant d'abord et avec la prochaine sortie de l'album des suisses Mumakil. Qu'est-ce qui vous a pousser à signer avec eux ?
La force de promo et de distribution avant tout, et ce sont aussi des gens qui nous connaissent depuis quelques années et qui nous ont assez souvent dit qu'ils appréciaient ce que nous faisions, largement avant d'évoquer la possibilité de bosser avec eux. Tout miser sur le grind, je ne crois pas, mais il est clair qu'ils ont décidé de toucher ce style et de plonger dans ce monde, avec leurs capacités çà peut aller loin, et avec Mumakil çà va évidement faire un plateau très cool à voir sur scène. En ce qui nous concerne, cette volonté a aussi joué pour accepter leur proposition. Etre le fer de lance de cette percée c'est plutôt cool.

>Blockheads a toujours été un groupe socialement concerné. Sur quels thèmes avez-vous écrit cette fois-ci ? Qu'est ce qui se cache derrière le titre "Shapes of Misery" ?
Le thème principal et récurent : l'exploitation de l'Homme par l'Homme, le mensonge comme outil à cette finalité. La manipulation par le mensonge, les médias, simplement pour montrer que si l'Homme a réussi quelque chose, c'est bien de profiter de tout et de décliner la misère sous toutes ses formes, pour sa réussite court terme et en ignorance complète des impacts que cela peut avoir. Du coup nous voyons la société, les droits de l'Homme et la dignité bafoués et meurtris partout, pendant que les profiteurs gèrent les ressources des autres avec le sang des autres dans l'ignorance bienheureuse des masses agglutinées dans les stades de foot...

>Comment composez-vous dans Blockheads ? Sur quel élément se bâtit un nouveau titre en général ? Comment savez-vous s'il est arrivé à maturité ?
Le test ultime reste toujours le passage sur scène. On a simplement mis sur album les titres qu'on joue en live depuis le dernier album, on ne fait pas de la promo d'album en con
interview Blockheadscert. Sinon pour la compo, plusieurs possibilités. Soit on arrive avec un plan déjà pas mal engagé, revu en répét et largement rediscuté avant de l'accepter, sur l'organisation des plans ou même sur les riffs, soit on voit çà direct en répét quand une impro devient intéressante. Dans ce cas stop, on revient dessus et c'est le début d'un nouveau morceau. Les chants se posent après en général, ce qui n'empêche pas Xav de donner son avis avant naturellement. Par contre parfois même comme çà on y arrive pas, on est pas super content, çà manque de pêche, d'impact. Là c'est l'arrêt de mort du titre et on recommence avec autre chose, quitte à repêcher des plans si ils étaient biens mais mal entourés.

>Honnêtement, vous prenez des trucs pour avoir autant la pèche ? Ce nouvel album déborde d'énergie, c'est quoi votre moteur ?
La passion de cette zique. L'envie de tout grinder sans compromis, à notre sauce, et sans se monter la tête. Rester simples et efficaces. Faire des concerts et composer, c'est çà qui nous pousse et cette énergie elle est dans la tête, le truc c'est de suivre physiquement mais sinon on pousserait encore un peu. D'ailleurs on poussera encore…

>A un an des élections présidentielles, que penses-tu du cirque médiatique auquel on assiste où Sarkozy tente de rafler les voix du FN ? "La France tu l'aimes ou tu la quittes" : tu en penses quoi ?
Qu'ils devraient prendre un peu de recul par rapport à leur recherche de pouvoir à tout prix, mais pour çà il faudrait peut-être qu'ils revoient leurs avantages une fois élus, pour que l'exercice du pouvoir ne soit plus une finalité en soi, mais bien avec l'envie de faire changer les choses. Il faudrait aussi qu'ils se posent les bonnes questions avant de stigmatiser et de suivre les idées d'un borgne dangereux. Mais bon, le problème principal vient tout de même des idées que peuvent avoir les gens. Récupérer des voix FN çà veut dire qu'il y a beaucoup de sympathisants et une force électorale de poids, et c'est çà qui nous dérange vraiment, après qu'ils essaient de récupérer c'est leur crédibilité qui s'effondre un peu plus, c'est tout. Appeler la France terre d'accueil en choisissant ses immigrants pour le "bien" du pays c'est du foutage de gueule. Point. C'est jamais en excluant qu'on règle un problème.


>Les live-reports que j'ai pu lire sur le Metal Therapy étaient très élogieuses a votre encontre. Et vous participerez au prochain Obscene fest en Tchéquie en juillet avec Dismember, Sinister, Dead Infection, Driller Killer, Gut, Internal Suffering… etc. Toujours aussi à l'aise sur les planches on dirait ?
Blockheads n'existe que pour çà… Il ne nous viendrait jamais à l'idée de ne faire que des albums et de ne pas jouer live. L'inverse si… Cà fait un moment qu'on bouge, effectivement parfois sur de grosses affiches, mais nous ce qu'on aime c'est le rapport au public, les trucs énormes c'est bien pour le nom, mais on s'éclate bien plus dans des petites salles.

>Apparemment une tournée est en préparation avec Mumakil pour la rentrée. Tu peux nous en dire plus ? Le nombre de dates planifiées… etc ?
Non, c'est encore trop tôt pour en parler. Il devrait y avoir Rennes, Paris, Reims, Genèves, les autres c'est encore trop peu engagé pour en parler sérieusement. Pour ceux interressés, voir les dates sur notre forum Eclipse ou sur notre page Myspace.

>Tes coups de cœur récents en grind français ? Perso, je viens de recevoir le split Solstis/Herpes de Crachat de Fillette et ça latte méchant ! Tu connais ces 2 groupes de l'Est de la France ?
Oui, ce sont des bons groupes, même si on a jamais joué avec HCF on les connais un peu et ça ne m'étonnerait pas qu'on se retrouve sur une même affiche.... Trepan Dead viennent de sortir un très bon album, on attends aussi Sickbag.

>Je te laisse conclure. Merci à toi pour le temps passé, all the best !
Merci à toi et à tout ceux qui soutiennent le grind, on vous donne rendez-vous aux concerts et j'espère à l'Obscene…



www.blockheads-grindcore.fr
www.overcomerecords.com
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interview réalisée par DJ In Extremis

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