Zău

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17/20
Nom du groupe Negura Bunget
Nom de l'album Zău
Type Album
Date de parution 26 Novembre 2021
Labels Lupus Lounge
Style MusicalBlack Atmosphérique
Membres possèdant cet album13

Tracklist

1.
 Brad
Ecouter15:53
2.
 Iarba Fiarelor
 08:29
3.
 Obrăzar
 06:58
4.
 Tinerețe Fără Bătrânețe
 07:59
5.
 Toacă Din Cer
 11:39

Durée totale : 50:58

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Negura Bunget



Chronique @ Icare

25 Décembre 2021

Un superbe linceul musical qui vient recouvrir définitivement la dépouille du géant des Carpates en un ultime hommage

Oui, Negură Bunget a bel et bien tiré sa révérence définitive depuis la mort de Negru d’un arrêt cardiaque en 2017, et si vous voulez retrouver un peu de l’âme musicale de la défunte formation, c’est désormais sur Sur Austru ou Dordeduh qu’il faut se pencher, tous deux composés d’anciens membres du fameux groupe roumain.
On peut donc légitimement se demander quel est ce nouvel album qui, quatre ans après la disparition annoncée de la Sombre Forêt Embrumée, sort de façon officielle sous Lupus Lounge ? Contentons-nous de répondre que Zău vient clore la trilogie transylvanienne initiée en 2015 avec Tău, linceul recouvrant définitivement la dépouille du géant des Carpates en un ultime hommage, et respectant en cela la volonté de Negru qui avait déjà enregistré ses parties de batterie pour cet opus.

A quoi ressemble donc le testament de Negură Bunget ? C’est simple, cet ultime album condense 51 minutes de magie pure où le temps se suspend au flanc de ces montagnes rocheuses et de ces forêts millénaires, la nature sauvage nous murmurant à l’oreille son histoire immémoriale, ses ravissements comme ses blessures et ses révoltes. Le long Brad d’ouverture est un chant païen envoûtant, une sorte de dark folk ambiant extrêmement sensible et délicat porté par les caresses conjuguées des instruments folkloriques et du chant angélique d’Inia Dinia qui nous immerge en douceur dans ces vastes étendues sauvages. C’est comme si l’âme des Balkans s’exprimait directement à travers flûte, dulcimer, tulnic, toacă, nai et kaval, les musiciens semblant n’être que les mediums d’Esprits originels majoritairement bienveillants, même s’ils peuvent se faire impitoyables et s’emballer en de brefs éclats de colère lorsqu’ils se sentent menacés, entités antédiluviennes qui daignent s’ouvrir à nous et nous partager leurs secrets oubliés.
Quand les blasts commencent à ébranler la musique au bout de 9 minutes féériques, c’est comme si la terre s’était éveillée d’un long et paisible sommeil, déroulant lentement sa croûte rocheuse dans un fracas tellurique aussi majestueux que beau ; un doux séisme continu résonne, sans réelle violence, un grondement primal et noble d’où jaillit la vie, et que les magnifiques vocaux féminins viennent nimber d’une aura sacrée, se mêlant en toute fin de morceau à des notes de guitare aériennes fondant leurs mélodies en des mélopées célestes aux accents pinkfloydiens oniriques.
On retrouve cette lourdeur grondante sur un Obrazar aux saccades lourdes creusées par une basse magmatique dont les secousses résonnent à l’intérieur de notre ventre et nous font vibrer autant le corps que l’âme. Le mur de guitares, la quatre-cordes et les claviers évanescents fusionnent en fin de morceau en une véritable osmose dont les notes paradoxalement fragiles et profondes créent une atmosphère magique et intemporelle.

Sur Tinerețe Fără Bătrânețe, après une introduction à la langueur torpide et presque sensuelle, la terre tremble et se fissure à nouveau, tonnant en des vocaux très graves et balançant des parties à la fois lourdes et rapides, sonnant plus doom que réellement black; la musique s’est durcie, à la fois plus noire, profonde et belliqueuse, rappelant parfois Lunar Aurora, déployant une puissance impressionnante, fluide, épaisse et inéluctable comme les coulées de lave qui dévalent les parois pentues d’un immense volcan, sonnant comme le sursaut d’honneur d’une nature meurtrie qui se redresse de toute sa grandeur pour balayer le ridicule envahisseur bipède qui la souille et la démembre depuis trop longtemps. Ceci dit, même lors des éruptions sonores les plus intenses, ces cinq longs titres gardent toujours un équilibre admirable et ne se départissent jamais de leur atmosphère, celle-ci nous irradiant complètement sur le magnifique titre final, Toacă Din Cer, 2,23 minutes de percussions tribales et entêtantes qui nous entraînent dans une transe rituelle avant de s’ouvrir sur un metal atmosphérique touchant d’émotions, symphonie parfaite où chant mâle et mélancolique et râles death metal épousent les notes cristallines et légères de la flûte et celles brumeuses du clavier sur un riffing tour à tour très lancinant ou plus épique. Des cors funèbres achèvent le morceau, l’album et plus de vingt ans de carrière musicale, semblant vouloir venir accompagner Gabriel « Negru » Mafa dans sa dernière demeure… La boucle est bouclée…

Pour conclure, Zău est un superbe album qui vient clore de la plus belle des manières non seulement la trilogie transylvanienne, mais plus généralement l’oeuvre d’un groupe à la musique audacieuse, sensible et poétique qui aura laissé son empreinte sur la scène black. Il s’agit simplement pour moi de l’album où la fusion entre folk, ambiant et metal est la plus réussie et l’immersion dans le folklore roumain la plus totale, peut-être l’un des meilleurs albums jamais composés par le groupe. Un magnifique chant du cygne, une musique sacrée et intemporelle qui vient enrichir et définitivement immortaliser l’héritage d’un Grand parti trop tôt. Ramas bun și mulțumesc Negură Bunget !

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