You Bought It - You Name It est une œuvre issue de cette époque lointaine où le
Hard Rock vivait, inconsciemment, ces derniers instants de quiétude avant que de nouvelles sensations ne viennent bouleverser un paysage serein jusqu’alors. Bientôt submerger par des idées plus sombres et plus personnelles, cultivés en des mouvances toujours plus désespéré et extrêmes (Grunge, Black, Death…), l’optimisme ambiant de ce mouvement, engendré par
Deep Purple, AC/DC ou
Led Zeppelin entre autres, puisant sa source dans le Rock et le Blues Rock, ou le partage de sensations positives festives prédominait, allait bientôt vivre des heures pénibles. De ce bouleversement profond et brutal naquirent de nombreuses sensations créatives nouvelles et enthousiasmantes. Cependant il condamna aussi, et malheureusement, nombre de formations à, d’abord, une indifférence pas toujours mérité, et, ensuite, à un inexorable oubli, pour, enfin, achever cette douloureuse agonie artistique par, le plus fréquemment, la séparation des formations ainsi délaissées. Ce chemin de croix fut celui de nombreux groupe de
Hard Rock qui ne surent pas se remettre en question afin de proposer une musique plus moderne, plus visionnaire et moins directement passéiste, s’imprégnant de cette nouvelle donne.
Avec ce You Bought It-You Name It,
Victory aura eut le discernement d’accentuer légèrement son visage le plus éclectique déjà, subrepticement, entrevu sur son précédent opus,
Temples of Gold. Débutant sur un excellent Rebel Ready nerveux, morceau de
Hard Rock véloce et tendu aux confins Heavy et aux accents US très prononcés, l’œuvre démarre sous les meilleurs auspices. Dans ce souci de vision plus nuancé il nous offre ensuite deux titres assez atypiques. Un premier, Rock-O-Matik, où, un certain groove environnant souligné par ces cuivres et par ces refrains superbes confrontés à ces riffs et à cette voix, caractéristique du
Hard Rock, nous propose un mélange séduisant. Et un second, A Time Go Passing By, où le feeling groovy est plus soutenu encore. Dès l’entame de cet excellent morceau, basse et claquements de doigts donnent le tempo, à un superbe Fernando Garcia dont, exceptionnellement, la voix se fait plus chaleureuse, moins aigus et plus charmeuse. Véritable réussite inspirée ce titre clôt un premier triptyque de toute beauté.
Si par la suite le propos semble parfois plus classiquement
Hard Rock US, tels que sur Under the Sun, la jolie ballade Man on the Run ou encore
Shotgun Wedding, l’œuvre possède, tout de même, encore quelques atouts. Ainsi le très bons No Way Tonight, certes, un peu caricaturale avec sa musique aux frontières du
Hard-FM, mais dont l’exaltation joyeuse demeure, selon moi, indéniablement communicative. Mais aussi un
God Of Sound sombre dont la tension est palpable. Ou encore un Fool et son propos aux passages énergiques à la double grosse-caisse.
Cet opus est, au final, un très bon album de
Hard Rock US aux influences, parfois, furtivement, inhabituels. Il aurait cependant mérité quelques excellents titres supplémentaires. Il aurait surtout mérité de sortir dans une période moins trouble. L’histoire, même culturelle, suit son cours et condamne, parfois, injustement certaines œuvres à l’indifférence et à l’oubli. Il en va de notre devoir de passionnés de ne pas laisser ces œuvres méritantes sombrer lentement vers une mort définitive.
merci pour cette chronique qui m'a donné envie de découvrir cet album que je ne connaissais pas, alors que j'avais pourtant posé une oreille sur tous les précédents et les avais appréciés ; il est vrai que l'époque de sa sortie était très perturbée par les changements sociétaux et donc musicaux, ce qui n'aida pas à trouver ses repères. Sinon je confirme la qualité de la galette, même si je suis plus réservé sur la prod des guitares trop crunchy à mon goût.
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