Alors que le linceul gris de la disparition annoncée avait recouvert les illusions créatives des Allemands de
Victory sur un
Voiceprint (1996) décevant, le temps avait, de surcroît, déversé ces monceaux de terres sur le cercueil anonyme de ces musiciens.
Mais l'art n'est qu'un éternel recommencement.
Il ne faudra donc attendre que 7 ans avant que les Allemands ne se décident enfin à exhumer le groupe, et ne se décide surtout à composer un nouvel effort. Cet album sera baptisé
Instinct et sortira en cette année 2003.
Pour débuter l'analyse non exhaustive de ce nouvel opus commençons donc par dire qu'il y règne une atmosphère confuse quant au choix d'une orientation musicale clairement définis. Tantôt Heavy mélodique sérieux et grave (loin des frasques originelles, certes, souvent efficaces et appliquées mais parfois aussi décontractées dont
Victory usa par le passé), tantôt
Hard Rock d'obédience australienne, tantôt Rock et tantôt subrepticement proche de ce que fut leur esprit profonds d'autrefois, les saxons nous proposent de nous égarer ici dans un maelstrom aux contours difficilement saisissables.
Tant et si bien que les ressentis qui naissent à l'écoute de ce disque sont contradictoires. Autant l'efficacité de titres tels que, par exemple, le remarquable Running Scared, l'excellent Starman, Seen the Light ou encore
Instinct parviennent assez aisément à nous séduire, autant la passivité atone d'un Plastic Hero tellement loin de l'essence propre à ces germaniques et tellement plus proche de celle des américains de Motley Crue, la musicalité étonnamment australienne (que n'aurait sans doute pas renié les frères Young (AC/DC)) de Another Notch in the Bedpost ou la relative mollesse d'un Victoria's Secret qui, quant à lui, démarre et s'alourdit de volutes mélodiques très connotées (The Who) nous laisse perplexe et ne parviens que très moyennement à nous satisfaire.
Outre ces morceaux singuliers, il y a aussi ceux où
Victory ne parvient pas réellement à sublimer son univers et se contente de retranscrire, plutôt efficacement mais sans conviction, une expression qui fut la sienne jadis. Et ainsi des compositions telles que Enemy, Riding Low ou encore, par exemple, Songs of
Victory, sans pour autant avoir à rougir d'une quelconque défaillance, sont efficaces mais sans grands attraits.
De plus, au chapitre des déceptions ennuyeuses, il nous faudra aussi aborder les chants de ce nouveau manifeste. Car si la voix très caractéristique de Fernando Garcia aura souvent peiné à introduire de la nuance dans le propos de ces Allemands, celle du grand Charlie Huhn (chanteur originel du groupe qui, ici, reprend sa place), sans pour autant minimiser les talents de l'artiste, n'est pas suffisamment particulière pour insuffler ce petit supplément d'âme qui fait parfois défaut à ce
Instinct. Entendons nous bien il ne s'agit aucunement de décrier les qualités d'un vocaliste dont certains reconnaitront, à tord ou a raison, qu'il est remarquable mais simplement de pointer du doigt une interprétation qui ici, et seulement ici, conjugué à une expression musical bancale, nous offre un résultat légèrement frustrant pour peu qu'on ait gouté, comme votre humble serviteur, aux talents d'antan d'un groupe injustement méprisé et ignoré.
Instinct est donc un album décevant à bien des égards. Un album qui aura, vraisemblablement, bien du mal à convaincre un public submergé par des offres aux vertus nettement plus attachantes. Dommage.
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