Liste des groupes Heavy Metal Victory (GER) Circle of Life

Bien malin celui qui saura s’y retrouver dans le parcours pour le moins accidenté des Allemands de Victory. Un parcours émaillé de frasques, de changements de line-up, de séparations, de réconciliations…de tout ce qui, au fond, fait la vie d’un groupe dont les acteurs principaux sont accaparés ailleurs sur des projets sans doutes moins permissifs mais beaucoup plus lucratifs, du moins souhaitons-le. Pour résumer de manière très succincte la carrière de cette formation de Hard Rock solide aux frontières d’un Heavy Metal mélodique, évoquons les deux, voire trois, grande période de sa carrière.

Il y a d’abord une première partie qui démarre en 1985 et qui s’arrête en 1996 dont les albums tels que Temples of Gold (1990) et, surtout, selon moi, You Bought It - You Name It (1992), constitueront la quintessence. Une quintessence sublimée par Fernando Garcia (chant). Cette ère se termine un peu tristement avec un Voiceprint sympathique mais loin de la maestria dont fut capable Victory en ces temps-là.

Il y a ensuite des tentatives de retours méritantes mais infructueuses notamment en 2003 avec un Instinct sur lequel on retrouvera quelques membres originelles ou en 2006 avec un intéressant Fuel to Fire composé de reprises pioché dans le répertoire du groupe avec Jioti Pacharidis (Human Fortress) au chant.

Il y a, pour finir ce court historique, en 2021, le véritable retour aux affaires de ces Allemands avec Gods of Tomorrow et l'arrivée de nouveaux acteurs, et notamment de Gianni Pontillo aux chants (Pure Inc., The Order…).

Bien évidemment un résumé est forcément imparfait et incomplet. Et ce d’autant plus dans le cas qui nous occupe ici avec un groupe dans lequel aura œuvré certains musiciens aussi talentueux que Charlie Huhn (Axel Rudi Pell, Humble Pie…), Tommy Newton, Matthias Liebetruth (Running Wild…), Fritz Randow (Saxon, Sinner…) ou encore Peter “Fargo” Knorn (Fargo), pour ne citer qu’eux.

Mais lorsque je vous aurais dit tout ça, j’aurais oublié l’essentiel qui consiste à dire qu’au sein de cette formation il y a aussi, et surtout, Hermann Frank. Le fameux Hermann Frank. Et là, évidemment, ça change pas mal de choses tant le talent, la créativité et l’inspiration du guitariste ne sont plus vraiment à démontrer.

Au vu du tumulte dans lequel est habitué à se débattre le quintet de Hanovre, on aurait décemment pu craindre que cet opus de 2021 ne soit rien d'autre qu'une pierre dans un désert avant un autre long désert aride, silencieux et vide. Une crainte que ce Circle of Life sortis en cette année 2024 vient apaiser.

Dans la droite lignée de son immédiat prédécesseur, ce disque nous propose ce que le groupe sait faire de mieux, à savoir un Hard Rock énergique, aux frontières d’un Heavy Metal mélodique, sublimé par ses individualités unies en une même voix au service du collectif. Et en parlant de voix, comment ne pas évoquer celle de Gianni Pontillo à la fois très aigu et chaude, vibrante. Une maestria qui n’est pas sans nous rappeler les meilleures heures de ce quintet.
Et dès les prémices d’un remarquable Tonight We Rock hypnotique, le plaisir nous envahit. Un plaisir que la constance de ces morceaux dans l’excellence ne viendra pas ternir tout au long de ce plaidoyer (American Girl, Count on Me, Surrender my Heart…). Même un Unbelievable World aux lenteurs lancinantes splendides n’y parviendra pas. Pas davantage d’ailleurs Reason to Love plus romantique où, là encore, Victory fait exactement ce qu’il faut pour tenir en haleine l’attention de son auditoire.

En outre, le groupe fait preuve d’un talent certain pour multiplier les nuances tout au long de ce manifeste. Mais, au fond, pouvait-on en attendre moins de vétérans aussi aguerris et aussi capables?

In fine, ce Circle of Life est bien plus organique, et bien plus vivant qu’un Gods of Tomorrow certes très bon mais sans doute un peu trop clinique. En un mot comme en cent, ce Circle of Life est bien meilleur. Peut-être l’un des meilleurs de Victory. Et sans aucun doute le meilleur depuis bien longtemps…