Pour les amateurs de death mélodique, on ne présente plus
Insomnium. Déjà fort de six full length depuis sa formation en 1997, le combo finlandais n’a pour l’instant fait aucun faux pas, évoluant dans un death mélodique racé et mélancolique assez unique en son genre.
Après un
Shadows of the Dying Sun toujours de bonne facture mais à qui certains reprochaient une stagnation artistique et un certain manque de prise de risques, il semblerait que les Scandinaves aient compris le message : à l’instar d’Edge of Sanity vingt ans plus tôt avec le cultissime Crimson, le quintette ose un pari bien risqué, et c’est bien un morceau unique de 40 minutes qui constitue
Winter’s
Gate, le nouvel opus d’
Insomnium. Et ce n’est pas tout : cette longue composition est en fait la mise en musique de la nouvelle primée écrite par mister Hevänen himself, et que vous pourrez retrouver en anglais sur le deuxième CD, purement narratif. Alors, pas de prise de risque chez
Insomnium?
Tout commence par ce qui pourrait s’apparenter au bruit du vent qui s’engouffre dans une plaine déserte et désolée, puis intervient une mélodie de claviers, lointaine et triste, qui remplit petit à petit l’espace sonore. Alors les amplis grondent et les guitares poussent leur premier rugissement superbe: sur un blast entraînant que l’on n’attendait pas forcément chez le combo, un riff somptueux de majesté jaillit et nous envoûte totalement, dégageant une beauté païenne rappelant le meilleur de
Finsterforst. Cette entrée en matière de haute volée nous met littéralement sur le cul, alternant riffing épique et grandiloquent sur fond de blasts imparables et parties mid tempo plus typiquement death mélo, nous servant des breaks où les envolées lyriques des guitares donnent toutes ses lettres de noblesse à un style trop souvent parodié.
On aura le droit à des passages plus lourds et saccadés, à certaines parties de guitares noires, traînantes et lancinantes, qui, enchaînant inévitablement avec des passages acoustiques à la mélancolie simple et poignante et au chant clair de toute beauté, ressuscitent avec nostalgie le spectre des vieux
Opeth. Ceci dit, le tout est d’une fluidité déconcertante, et
Insomnium est assez intelligent pour baliser sa musique de leitmotivs mélodiques qui reviennent régulièrement et auxquels on peut facilement se raccrocher, faisant ainsi défiler ces 12,51 premières minutes à une vitesse stupéfiante.
Le morceau continue et l’ambiance change, devenant plus atmosphérique, présentant un long passage langoureux et calme sur une rythmique chaloupée et presque jazzy. Les Finlandais adoptent ici un style plus narratif tirant sur le progressif, enchaînant passages assez typés 70’s - avec des envolées guitaristiques assez rock et des parties de chant clair sensibles et parfaitement exécutées - et riffing plus doom, lent, et mélancolique, appuyé par le growl puissant de
Sevänen, ainsi que la double pédale qui accentue le côté envoûtant de cette rythmique lourde et solennelle. Après la vitesse et les envolées épiques du début, place à la mélancolie et à la lourdeur.
A 24,07 minutes, un piano sombre et désolé fait office de nouvelle coupure, reprenant en notes amères et tristes l’excellent riff d’ouverture, et l’espace de deux minutes, la musique se fait à la fois feutrée et poignante. Puis les musiciens continuent à dérouler leur art doom death mélodique certes prévisible, mais toujours sobre et parfaitement exécuté. Enfin, à partir de 33 minutes, les cinq opèrent un retour à la mélodie initiale, renouant avec une rythmique fracassante qui nous ressert du blast comme pour boucler la boucle et marquer la fin de cette grande épopée viking que vous découvrirez plus en détail sur le deuxième CD.
Voilà, 40 minutes sont passées, et
Insomnium a parfaitement réussi à nous maintenir en haleine sur cette longue fresque musicale riche en rebondissements et en émotions.
Il y a bien quelques petites redondances, et certains pourront reprocher un certain manque d’intensité sur l’ensemble de l’album après un début fracassant et irrésistible, mais tout cela est inhérent au style assez particulier des Finlandais qui ont toujours préféré développer leurs passages mélancoliques au détriment du côté direct de la musique. En tous cas, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’
Insomnium parvient non seulement à conserver son identité intacte, mais réussit en plus à magnifier son style en relevant haut la main le challenge périlleux du morceau unique. Envoûtant, solide, inspiré, maîtrisé de bout en bout, progressif, et parcouru d’une émotion sincère,
Winter’s
Gate est indubitablement l’une des meilleures réalisations d’
Insomnium à ce jour. Tout simplement.
Avec le recul maintenant je trouve que le concept du morceau unique est sous exploité. Au final j'ai plus le sentiment d'entendre une succession de chansons différentes les unes des autres plutôt qu'un concept album avec un thème principal qui revient par touche. C'est dommage mais cela n'enlève en rien la qualité de cet opus de très grande qualité.
J'ai eu l'occasion de l'écouter sous une tempête de neige !! juste exceptionel !!
Cet album est selon moi l'un des chef-d'oeuvre de ce genre. Un incontournable.
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