On ne présente plus les Pays Bas quand il faut parler de metal symphonique, les
Epica,
Delain et défunts
After Forever ayant déjà eu l'occasion de nous en faire voir de toutes les couleurs, ainsi que
Carach Angren lorsqu'on évoque le black symphonique. Le trio, depuis sa formation en 2003, n'aura eu de cesse de gravir les échelons, passant de petites démos à des albums révélateurs d'un genre et d'une personnalité atypique. Les Néerlandais ont, depuis plusieurs années maintenant, réussi à s'imposer sur une scène de plus en plus limitée, mettant en avant des histoires de fantômes bercées par un fort côté théâtral («
Lammendam », «
Death Came Through a Phantom Ship »).
Cette année, le groupe fait un pas en avant en signant chez Season Of
Mist, s'octroyant ainsi une meilleure médiatisation et une meilleure distribution. Bien que sa réputation ne soit plus à contester, il est clair qu'une telle signature ne présage que du bon pour ce trio, qui manquait de coups de pouce. Ceci fait, il est grand temps de voir comment ont évolué ces blackeux avides d'histoires rocambolesques...
Après les fantômes, les pirates et le Hollandais Volant, place à des nouvelles horrifiques prenant pour thème principal l'histoire d'un bourreau hanté par sept démons. Ces « nouvelles » peuvent aussi prendre l'allure de mini films tant elles sont, à la fois réalistes et mises en scène. On nous parle de massacres, de suicides, de cannibalisme, d'euthanasie, et, ce dans un contexte de guerre. On devine alors l'identité de ce bourreau et de ces démons.
C'est une nouvelle fois dans des atmosphères sombres et glauques que nous emmène
Carach Angren, mettant encore une fois en avant leur black symphonique très théâtral. Le combo met tout en œuvre pour rendre sa musique immersive, si bien que l'auditeur se retrouve spectateur, perdu dans une brume aveuglante et témoin de tragédies en tout genre. L'utilisation des riffs et des claviers y sont pour quelque chose ainsi que le phrasé de Seregor, qui est plus souvent dans un registre parlé voire narré que dans un chant black tout ce qu'il y a de plus classique. Laissons nous donc entraînés dans les récits du trio...
Il pleut et il fait nuit noire sur « An Omnious Recording ». Un homme se présente et nous annonce qu'on lui a ordonné de tuer sept prisonniers...les violons se veulent inquiétants, allant et venant en fonction des notes fantomatiques du piano. Les corbeaux hurlent lorsque le premier coup de feu retentit, puis un, puis deux, puis sept...puis des voix mystérieuses et effrayantes, comme celles d'âmes perdues désirant se venger. C'est dans ce contexte que démarre « Lingering in an Imprint Hauting », prenant l'allure d'une BO de film d'horreur ou d'épouvante.
Carach Angren envoie directement la sauce avec des riffs qui leur sont totalement caractéristiques, accompagnés de blast beats et d'orchestrations plus vraies que nature. Seregor alterne le chant et le parlé, tandis que le morceau avance, sans réels couplets ni refrains, si ce n'est un choeurs qui apparaît aux moments les plus opportuns.
Bien que les guitares soient parfois un peu trop mises en retrait, il faut dire que la production est carrée et on ne peut plus soignée. Les instruments ont tous leur place et leur rôle afin de transporter l'auditeur dans ces mini films d'horreur.
Carach Angren semble avoir mieux travaillé les orchestrations et les ambiances, qui, bien que toujours aussi théâtrales, évoquent sans problème de grands compositeurs tel que Danny Elfman. « Bitte totet mich » en est sans doute le meilleur exemple, avec cette atmosphère bien lugubre et sombre, proche de « The Carriage
Wheel Murder ».
Une fois de plus, les Néerlandais varient les plaisirs avec le progressif « The
Funerary Dirge of a Violinist » qui intègre sur plus de huit minutes une multitude de facettes, entre l'aspect purement black metal qui saccage tout sur son passage avec une fusion du chant crié, des riffs et des blasts beats, l'aspect purement orchestral avec l'alternance des chants (black, clair, crié, death) et le côté syncopé des guitares et de la batterie, l'aspect purement orchestral et très BO avec ce petit côté Hanz Zimmer et un soupçon de tragédie et de souffrance dans la mélodie du violon.
Qu'on le veuille ou non,
Carach Angren transforme son black metal symphonique en quelque chose de très esthétique et archi travaillé, si bien que rien n'arrive totalement au hasard. Aucune linéarité et surtout un réel don pour ne pas nous laisser sur notre faim, les Néerlandais savent apporter la progression nécessaire à notre enchantement. Et cela fait mouche, dans la mesure où on n'a aucune raison de prévoir ce qu'il va se passer. Si « Sir John » étonne avec ses relents death metal, autant dans les vocaux que dans les riffs et le mid tempo, « General
Nightmare » ajoute un côté impérial indéniable, avec ces choeurs, ces voix insistantes et ces petites paroles en français (clin d'oeil à « La Malédiction de la Dame Blanche »).
Carach Angren reste fidèle à lui même et n'oublie pas son thème de prédilection : les fantômes. «
Spectral Infantry Battalions », comme son nom l'indique, nous offre une atmosphère spectrale et très inquiétante, avec ce piano grave et ces violons effrayants. Les guitares n'ont pas le premier rôle aussi, on les sent légèrement dans le fond, camouflée par la rythmique et surtout les claviers. Le chant se veut insistant et expressif, à la manière d'un « These Fields Are Lurking » ambitieux et fantomatique.
Les Néerlandais nous offrent de nouveau une belle continuité musicale, l'auditeur n'étant pas dépaysé à l'écoute de ce «
Where the Corpses Sink Forever », et en dépit d'une production sans doute trop carrée et de l'aspect parfois étouffé des guitares, il est clair que
Carach Angren livre un excellent opus qu'on peut facilement ranger entre le dernier « The Mind Cave » de
Winterburst ou le « Nightmarish Compositions » de Bishop of
Hexen, la patte atypique du groupe en plus. C'est extrême, symphonique, effrayant et théâtral, bref, du
Carach Angren.
cet album est vraiment très bon tout autant que ces précédents ;)
Je ne dis pas qu'il faudrait toujours appuyer sur le champignon pas du tout, mais juste à certains passages pour donner du contraste.
Dans le titre "The Funerary Dirge of a Violinist" par exemple, après le passage piano/chant, la reprise est un peu molle (ce n'est ptêtre pas le mot...) et encore ça reste un passage contrasté par rapport au reste.
Je sais pas, on parle de théâtre, pour moi le théâtre a plus de contraste et d'intensité, des changements d'états, et un également comme une caricature.
Cela dit le côté "discret" de Carach Angren fait parti du charme mais y a moyen de faire mieux quelque part...
Enfin, loin d'être extrême pour moi, décevant
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