Les Néerlandais de
Carach Angren enchaînent les albums depuis 2008 et leur premier "
Lammendam", avec un rythme d'un opus tous les deux ans, ce qui est franchement pas mal pour un groupe de cette trempe. On ne le présente plus, désormais, tant il a apporté un nouveau souffle au black symphonique, tirant son épingle du jeu grâce à une ambiance horrifique, cinématographique et théâtrale peu rencontrée ces temps-ci. Il aime nous raconter des histoires de fantômes, des histoires de pirates, ou encore des histoires macabres et terrifiantes. Aujourd'hui, les géants des Pays-Bas s'attaquent aux contes de fée...à leur façon. Dans l'imaginaire collectif, contes de fée riment avec princesses, bons sentiments, fins heureuses et autres joyeuseté...on en finit par oublier leur côté sombre et sinistre. Si vous en doutez, retournez donc faire un tour dans vos classiques, Perrault et
Grimm en tête. En attendant, plongez vous dans l'écoute de ce "There Is No Fairytale", qui ne dévoile rien de particulièrement gaie et gentillet...
Après trois albums inspirés et bien produits,
Carach Angren reste fidèle à lui-même. Des orchestrations inquiétantes, un violon et un piano lugubres, des choeurs mystérieux, un chant et des narrations cauchemardesques...les habitués des Hollandais retrouveront leur style, tout d'abord dans l'intro "
Once Upon a Time", pas loin de Tim Burton/Danny Elfman, mais aussi dans "There Is No PLace Like
Home" où la guitare lead vicieuse va et vient, accompagnée des orchestrations ultra travaillées, du chant black possédé de Seregor. "Violence"! nous crie-t-il. Evidemment, nous parcourons les contes les plus morbides et les plus brutaux. Les cadavres pullulent, ainsi que les créatures sanguinaires. Et cela continue avec "When Crows Tick on Windows", avec une déflagration bien sentie et un growl sympathique. Le jeu des guitares simule bien le tapement des becs des corbeaux sur les carreaux des fenêtres, apportant une atmosphère bien particulière. Sans oublier "
Two Flies Flew into a Black
Sugar Cobweb" alternant les vocaux, les rythmes, les structures, pour une progression très bien réussie et très intéressante. On est dans l'horreur pure et dure.
Et c'est sans doute ici que le bas blesse.
Carach Angren semble en faire de trop niveau horreur. Les auditeurs ont compris, depuis le temps, qu'il s'agit d' "horror metal" et le trio mise beaucoup trop sur les samples, les envolées aux violons, les notes de piano qui font peur...sans parler des cris féminins censés nous faire trembler de peur. Ici, on peine un peu à se renouveler et la force des musiciens s'envole peu à peu comme sur "Killed and Served by the
Devil". La force s'envole d'autant plus que la production semble favoriser à tout prix les claviers, la programmation, les atmosphères et les vocaux. Car côté guitares, c'est un peu faiblard et on manque de lourdeur et de puissance. On comptera rarement sur de gros riffs, de gros passages en force ou de gros moments metalliques. C'est surtout l'orchestre qui s'impose tout le long de l'album comme sur "
The Witch Perished in
Flames", malgré quelques blasts et quelques trémolos qui vont bien. Le côté black n'est plus aussi présent, ce qui justifie sans doute l'appellation "horror metal" qui circule beaucoup désormais.
Ne me faîtes pas dire ce que je n'ai pas dit. Avec ce "There Is No Fairytale", on a du
Carach Angren tout craché, sachant imposer une ambiance glauque à coup de guitares perverties, de vocaux sortant d'outre tombe et d'orchestrations malsaines...mais du
Carach Angren ayant eu la main lourde sur le côté "horror" (on frôle souvent la caricature, c'est dire) et ayant quelque peu oublié le côté extrême du black metal et la lourdeur de ses guitares : parfois, on s'ennuie. Sans parler de la prod, plus synthétique que d'habitude, rendant l'ensemble encore plus théâtral et cinématographique. J'attire néanmoins votre attention sur le titre "
Tragedy Even After", très mal placé en dernière position, mais jouissant d'un très bon dynamisme, d'une mélodie entêtante, d'orchestrations grandioses et de guitares plutôt fouillées. Il serait dommage de passer à côté et de se focaliser uniquement sur les morceaux qui ont été dévoilés ces dernières semaines...
Le problème avec ce groupe c'est qu'il est prévisible et qu'il ne faudra jamais compter sur eux pour une quelconque évolution. On pourrait échanger certains morceaux entre cet album et le précédent, on y entendrait que du feu. Même son, même prod', même choix stylistiques ... Certes si l'on aime le groupe on ne sera pas déçu, mais il n'y a absolument aucune remise en question et c'est fort dommage.
Ce groupe restera probablement un combo de seconde zone maintenant... En tout cas, il y a longtemps que j'ai arrêté de croire en ces néerlandais qui, comme tu le dis, en sont même venu a faire de l'horror metal et non plus du black (c'est même devenu la dénomination officielle!!).
Sinon globalement je suis d'accord avec DeathScorpius. Carach Angren ne serait pas ce qu'il est sans ce côté très théâtrale. Personnellement j'ai bien aimé cet album, il faut dire aussi que je ne connais pas beaucoup d'artiste dans ce genre et que du coup ça change de ce que j'écoute d'habitude...
Tout comme le dit DeathScorpius, avec Lammendam, le côté black était plus poussé, puissant... Mais avec Death Came Through A phantom ship, le groupe a changé de style misant plus sur le côté symphonique. Tout en continuant sur ce chemin, il améliore ce nouveau style sur Where The Corpses Sink Forever, qui se trouve être un album très nuancé, avec quelque touche de subtilité, comme par exemple avec le morceau The Funerary Dirge Of A Violinist, où le violon à lui tout seul arrive à nous faire planer. Ou encore Spectral Infantry Battalions qui est juste énorme (un Dreaming Of A Nightmare In Eden n'arrive pas à la cheville de ce morceau).
Avec ce nouvel album, personnellement, contrairement à toi, je trouve que le côté black est un peu plus accentué sur certaines pistes. Et le problème c'est qu'ils en font beaucoup, à la fois, niveau orchestration, du coup l'on se retrouve avec un album tombant un peu dans la surenchère... Bref comme je l'ai dit là où un simple violon peut nous faire planer, un orchestre ou une grosse orchestration peut parfois faire tout le contraire. En bref ce nouvel opus manque un peu de subtilité mais pas de nuance.
Côté technique, il n'y a rien à dire, tous les membres du groupe sont au top de leur forme et joue avec justesse.
Globalement j'aime bien cet album même s'il ne surpasse pas Where The Corpses Sink Forever qui est selon moi le meilleur (et mon gros coup de cœur). Il est relativement bon dans l'ensemble et le côté horrifique très accentuer ne me gène pas le moins du monde, en fait j'adore ça...
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