Jeune formation bulgare originaire de Sofia du nom de scène de la chanteuse et cofondatrice
Svetlana Bliznakova, encore peu connue hors de sa terre natale mais fort active sur la scène locale depuis près de deux ans,
SEVI officie dans un registre conjuguant un hard rock et un rock mélodique bien trempés. Les qualités de composition de titres aux allures de hits en puissance, tels que « Can't Stand the
Pain » ou « Limited Edition », leur ont valu d'être à la fois rapidement et durablement placés dans les charts des radios bulgares et régulièrement invités sur les plateaux télé de la capitale. Tout s'est prestement enchaîné pour le combo et l'été 2011 fut particulièrement prolifique, malgré d'incessants soubresauts au sein de la troupe. Après nombre de changements de line up, le quintet compte désormais dans ses rangs : le bassiste et cofondateur Rally Velinov, le batteur Pavlin Ivanov, la claviériste Tania Apostolova et le guitariste Bobby Zasheff, en remplacement d'Ivan Angelov, qui réintégrera le groupe en 2016. Forts de l'accueil favorable de leurs premiers tubes, nos acolytes ont mis les petits plats dans les grands, s'étant armés de patience pour nous octroyer ce premier album full length, auto-production soignée de 11 pistes relativement brèves disséminées sur un ruban auditif de 37 minutes. Aussi, suivons-les dans leurs frasques, quelques surprises nous y attendent...
Commençons notre parcours initiatique par les pistes ayant alimenté les charts locaux, ayant retenu l'attention d'un public progressivement acquis à la cause du collectif bulgare, afin de tenter d'en déceler la substantifique moelle. Nerveux et bien enlevé, « Can't Stand the
Pain » ne manque ni de panache, ni de charme, servi avec les honneurs par les patines effilées et puissantes de la sirène, dans l'esprit d'
Ela, avec un zeste d'un
Doro des premiers émois. Des riffs rocailleux alternent avec des passages énergisants où la lead guitare rugit, laissant filtrer quelques clapotis synthétiques cristallisant une câlinante boîte à musique, ouvrant et fermant la marche du brûlot. Si une impression de déjà entendu se dégage du cheminement harmonique, l'ensemble se révèle néanmoins mélodiquement aussi accessible que magnétique. Fougueux, sauvage et regorgeant de lances incandescentes décochées en série, d'inspiration heavy rock, « Limited Edition », de son côté, envoie la sauce pour une fulminante ritournelle. Un tantinet répétitif, ce titre n'en demeure pas moins efficace par son caractère éminemment offensif, sans y perdre en mélodicité. Sanguin et dévastateur, le titre se déverse dans nos tympans, prêt à les écorcher comme il se doit, ce que l'on est précisément venu chercher dans ce registre. Enfin, quelques craquements d'un vinyle usé traversent l'espace sonore parallèlement à un délectable piano/voix, dans le sillage de Beverly Craven, à l'entame de «
Victim », qui soudain lâche les chevaux. D'obédience hard rock mélodique, cet abrasif morceau aux riffs crochetés renferme lui aussi quelques secrets de fabrication l'ayant tout naturellement amené à infiltrer les différentes voies de communication et de diffusion locales. Furieusement délétère, ce titre jouissivement offensif crache son venin tout en maintenant le cap d'un point de vue mélodique, libérant également quelques nuances propices à la captation de nos sens. On ne restera pas insensible aux subtiles variations autant qu'aux fêlures du chatoyant filet de voix de la déesse, enjolivant de fait des refrains qu'on entonnerait à tue-tête.
Par ailleurs, le groupe révèle toute sa pugnacité sur des passages hard rock bien sentis, réalisés avec beaucoup d'allant et alimentés de variations bien amenées. Ainsi, c'est brut de décoffrage et on est prêt à décoller sur le bien-nommé « Hot », titre hard rock pur jus, non sans rappeler
Bif Naked, avec quelques touches de
Doro eu égard aux séries d'accords distillées. Des effets de réverb permettent à la belle devenue lionne de chauffer l'ambiance, corroborée à de rugueux et indéboulonnables riffs. Incisif, bestial, ce morceau endiablé renferme certes quelques répétitions mais n'empêchera pas à un inconscient déclenchement d'un headbang de se manifester. De même, l'incandescent et sensuel « Run Away » lance ses riffs en tirs en rafale, fait claquer ses fûts et insuffle de prégnantes impulsions vocales tout le long. Là également, une certaine linéarité du schéma mélodique et quelques redites sont de la partie, qu'on pourra esquiver, enivré par la tourmente qui rarement ne semble lâcher du lest. Dans cette veine atmosphérique, le véloce et cinglant « Speed Up » ne se montre pas moins volcanique, nous poussant plus encore à un franc déhanché. Un bref mais fringant solo de guitare occupe l'espace, alors que l'interprète élargit d'un cran l'étendue de son spectre vocal, regagnant ainsi des notes haut perchées parfaitement tenues.
Par moments, le combo a assoupli ses frappes sans y perdre en vivacité, opérant dans un rock mélodique avec quelques touches plutôt hard, parfois bluesy selon les moments. Dune part, d'inspiration rock mélodique un poil bluesy, le mid tempo bien cadencé et à la souple rythmique « The Love We Shared Tonight » distille de sculpturaux couplets relayés par des refrains immersifs à souhait. De sémillants gimmicks à la lead guitare corroborent de savoureux arpèges pianistiques sur un parterre instrumental bien inspiré. Particulièrement à son aise dans cet exercice délicat, la belle, calée dans les médiums, resserre son timbre pour délivrer toute sa puissance et sa sensibilité, parvenant à nous retenir plus que de raison.
Plus contrasté, une douce introduction en piano/voix masque à peine la dynamique et élégante rythmique de « Fairy », plage orientée rock mélodique aux accents hard rock. On oscille entre accélérations et ralentissements tout en ne perdant jamais de vue ni la douce-amère empreinte vocale de la princesse, ni l'efficacité d'un relai couplets/refrains nourri d'un heureux liant. Le groupe s'avère non moins convaincant dans cette phase du propos. Par ailleurs, jouant sur les contrastes rythmiques, « Pleased to Meet You » lâche la cavalerie puis interrompt le cours de son avancée, le long d'un cheminement harmonique de bon augure. Une lead guitare omniprésente, au weeping bien senti sur fond de séries de notes glacées à la Marillion, assiste les déambulations oratoires d'une sirène bien habitée. Un exercice de style rondement mené qui devrait trouver écho auprès d'un auditoire déjà inspiré par les sources sus-citées.
Enfin, le collectif n'aura pas oublié ses mots bleus, retranscrits avec une grâce insoupçonnée et interprétés avec une enfiévrée volupté. D'une part, une subtile mélodicité transpire par tous les pores de la ballade bluesy « If I'm Made for Lovin' You », interprétée avec justesse et aplomb par la douce. Quelques fêlures associées à d'amples modulations auront raison des résistances des âmes les plus rétives. Classique dans son assise harmonique, non sans rappeler The Pretenders, ce morceau intimiste aux airs d'un slow qui emballe offre néanmoins de belles montées en puissance, convainc par la fine écriture de ses portées autant que par une cohésion groupale indéfectible. L'émotion requise sera assurément au bout du chemin. D'autre part, un délicat piano/voix s'inscrit dans la trame harmonique de « Into You », aérienne ballade a-rythmique, d'une sensibilité à fleur de peau, mais en proie à la répétibilité de son schéma mélodique. Plutôt linéaire et tamisée, cette pièce de clôture trouve naturellement sa place en fin de parcours, même si l'on aurait espéré plus d'allant.
A l'instar de cette initiale livraison, on comprend qu'un réel potentiel, à affiner encore, se dessine déjà. Un message musical vitaminé et frétillant, recelant quelques pépites nous est ainsi octroyé, faisant montre de compétences techniques et logistiques de bon aloi. Les amateurs de moments tonitruants, affriolants, sans témoigner d'un surcroît d'agressivité ou d'un excès de violence, y trouveront leur compte. Parfois en proie à la répétibilité de ses schèmes structurels, atmosphériques et mélodiques, le collectif devra encore arrondir quelques angles pour toucher un public élargi. Mais, pour un premier jet, le propos n'est pas sans mérites, loin s'en faut, ses tubes et titres orientés hard rock pour la plupart étant aptes à éveiller d'authentiques plaisirs. Malgré ses changements de line up, le groupe ne s'en est pas trouvé fragilisé, et, selon votre humble serviteur, il se pourrait bien que l'on soit au tout début d'une longue histoire. Suite au prochain épisode, donc...
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