Contre toute attente, Sevi et ses acolytes reviennent dans la course, et ce, pas moins de 4 ans suite à leur initial et encourageant album full length «
What Lies Beyond » et 3 ans consécutivement à un remarquable opus en live acoustique dénommé «
The Other Side of Sevi ». Mais, le quintet bulgare n'a pas plaint sa peine, ayant engagé le process compositionnel et scriptural de cette nouvelle offrande 2 ans avant sa sortie. Simultanément, tant les réalisations vidéo (clips des singles «
On My Own » et «
Don't Hesitate ») que les prestations live se sont enchaînées, ces dernières lui ayant autorisé l'émergence d'une aura internationale. Le collectif a notamment participé au Kavarna Rock Fest 2014, où il a été choisi pour assurer l'ouverture du show auquel ont oeuvré Europe,
Pretty Maids,
Krokus et
Gus G. Quelques mois plus tard s'en est suivi leur premier European Tour. Tout aussi riche en rebondissements, l'année 2015 les a vus assurer la première partie de
Tom Keifer (Cindarella) lors de sa prestation dans la capitale bulgare ainsi qu'une conséquente tournée dans le pays et à l'étranger. C'est dans cette énergie-là que le combo compte désormais débloquer le compteur et, in fine, faire partie intégrante des valeurs montantes inscrites dans un registre éclectique mêlant hard rock, rock mélodique et blues.
Il leur a falu, une nouvelle fois, refondre leur line up, avec l'intronisation d'invités, tel que Luca Princiotta, guitariste chez
Doro, pour nous offrir ce «
The Battle Never Ends », auto-production de 38 minutes où s'enchaînent sereinement 11 pistes d'une durée unitaire relativement laconique. Précisément,
Doro fait partie des sources d'influence du groupe, au même titre que
Bif Naked, avec un soupçon d'
Ela et de
Lacuna Coil. D'ailleurs, c'est Marco Barusso, ingénieur du son du célèbre combo italien, qui a assuré le mastering de ce présent ouvrage. On comprend que le groupe commence à élever d'un cran le niveau de ses prérogatives, octroyant dès lors une production fort soignée, au mixage équilibrant parfaitement les parties instrumentales et vocales entre elles et aux arrangements passés au peigne fin. Une mise en valeur optimale qui a pour corollaire des compositions plus abouties et tout aussi efficaces, sinon plus, que par le passé. Aussi, c'est au cœur d'une sémillante tourmente, agrémentée de passages tout en volupté, que nous invitent à pénétrer Sevi et sa troupe. Troupe au sein de laquelle s'y agrègent Pavlin Ivanov (batterie) et Rally Velinov (basse), avec le retour d'Ivan Angelov (guitare), après 4 ans d'absence, et l'intronisation récente de Dessy Markova (claviers). Mais, entrons sans plus attendre dans le vaisseau amiral pour une introspection du propos.
Tout d'abord, on passera difficilement outre les hits sus-cités, ayant fait l'objet d'une écriture exigeante et d'accords effilés. Ce faisant, au fil des écoutes, ils deviennent aptes à nous retenir plus que de raison. D'une part, dans le sillage atmosphérique de
Lacuna Coil, le dynamique «
Don't Hesitate » envoie en tirs en rafale ses riffs écorchés vif accolés à une rythmique claquante, corroborés à de flamboyantes impulsions vocales de la belle. Certes, le tracé mélodique de la piste demeure rudimentaire, et donc, s'avère aisément mémorisable, mais se déploie non sans quelques nuances le rendant plus immersif qu'attendu. Efficace et rondement mené, ce morceau, tel un rouleau compresseur, fera fi de toute résistance. D'autre part, déjà présent sur la production acoustique, «
On My Own » est repris en version orchestrale, avec le même allant et ses subtiles envolées vocales sur un mode rock bluesy de bonne facture. Suivant une souple rythmique, cette fringante plage octroie de sulfureux couplets habilement relayés par des refrains catchy, mis en lumière avec grâce par les inflexions calées dans les médiums disséminées par la maîtresse de cérémonie, non sans rappeler
Bif Naked. Une lead guitare en phase avec une instrumentation progressivement pléthorique nous assène un solo au picking alerte et bien inspiré. Autre petite pépite concoctée par le combo et qui fait mouche à chaque passage. Chapeau bas. Dans cette salve, on pourra sans mal y adjoindre l'entraînant «
Screw You, Honey », nous embarquant pour une folle embardée, alternant judicieusement de séduisants couplets et de délectables refrains. Une impression de déjà entendu se dégage de cette proposition, un tantinet répétitive, mais qui n'entame en rien l'enivrement qu'il procure, impactant davantage le pavillon à chaque reprise. On comprend que l'on est là encore aux prises avec un tube en puissance. On regrettera toutefois sa brièveté autant que sa brutale clôture.
Sinon, avec un souci accolé aux finitions, on retrouve la vivacité rythmique des premiers émois du collectif bulgare. Aussi, des riffs grassouillets emboitent le pas à un gracile clavecin sur le frondeur «
The Battle Never Ends », d'obédience hard rock mélodique. Des gimmicks à la lead guitare et des blasts en série embrasent la piste sur cette vénéneuse et secouante ritournelle, la belle se chargeant de distiller de sculpturales et grisantes attaques vocales, dans la veine d'
Ela. Ça envoie sévère et on se prend aisément au jeu, saoulé de coups jusqu'à ce que le vénérable instrument à touches ne vienne refermer la marche. Par ailleurs, évoluant sur quelques aériennes nappes synthétiques, l'atmosphérique « Goodbye » n'en demeure pas moins volcanique dans sa trame percussive, conjointement estampé du timbre écorché vif du rai de voix de la déesse. L'adhésion s'opérera sans jambages au fil d'un chapelet de rampes de claviers, des frasques d'une lead guitare libertine, répondant en écho à une série d'accords d'une rigueur extrême. N'ayant guère le temps de reprendre son souffle, on ne cherchera pas pour autant à regagner le confort d'un accueillant fauteuil, happé par la fulgurance magnétique et l'originalité harmonique de l'instant présent. Dans cette veine, le véloce « Supernatural » lance ses pics riffeux en série, délivrant, de fait, une rare débauche d'énergie communicative. C'est carré, direct, délicieusement offensif, la restitution des portées de la partition témoignant d'une confondante cohésion instrumentale. On regrettera simplement une ligne mélodique peu oscillatoire autour de son axe central et peu propice à l'adhésion, in fine. Enfin, le fulminant « One Time Thing » assène sans ménagement ses riffs assassins auxquels répond en écho une démoniaque section rythmique. Dans cette surenchère d'agressivité, la douce revêt la parure d'une lionne, rugissant bruyamment avant de fondre sur sa proie. On ne pourra que malaisément esquiver ses coups de griffes et ses crocs acérés, celle-ci nous poussant à headbanguer sans discontinuer, nous faisant dès lors vasciller jusqu'à tomber d'apoplexie.
Le combo a aussi pensé à ralentir le rythme de ses frappes, tout en conservant le pep qui fonde le caractère éminemment enjoué de la valeureuse bande. Un sulfureux moment s'immisce sur «
Destiny », mid tempo doté d'un certain tempérament insufflé par la saisissante présence vocale de Sevi. Dans le sillage rythmique de
Doro, ce passage ne ratera pas son effet, sous le joug d'immersifs refrains s'offrant à nous de même qu'un joli legato. Sur un titre à la mélodicité redoutable d'efficacité, un headbang subreptice assurément se dessinera. Dans la même mouvance, le mid tempo « Crazy » d'inspiration blues rock évolue sur des charbons ardents. Des riffs nerveux étreignant une rythmique aussi irrascible que plombante nous convient à esquisser un déhanché à peine voilé. Ainsi, une réelle poudrière s'égraine sur un mode percussif ralenti, que la belle s'ingénie à pousser à son paroxysme, partiellement interrompue par un bref mais pêchu solo de guitare. Un poil linéaire, ce titre n'en demeure pas moins furieusement addictif tant par son caractère emporté que par la colère des éléments qui l'habitent. Enfin, un riffing abyssal introduit « Bitter of
Taste », rageur mid tempo à la rythmique grasse alternant avec des passages plus émoussés du plus bel effet. On ondule volontiers cheveux au vent au fil des bestiales modulations de la belle, même si le cheminement mélodique apparaît réduit à sa plus simple expression.
Contrairement à nombre de formations de cette trempe, nos acolytes n'ont pas misé tous leurs espoirs de séduction sur des ballades aux airs de slows qui emballent, loin s'en faut. Il y en a bien une, mais qui n'a pas pour vocation de venir taquiner la fibre émotionnelle du chaland. Il faudra même venir la chercher pour en saisir toutes les subtilités harmoniques qu'elle contient. Sensible ballade au son d'un rutilant piano, « Not a Crime » charme par ses infiltrantes harmoniques autant que par son sillon mélodique aux tons pastel, qui se laissera le temps nécessaire à sa totale infiltration. Le plaisir des sens n'en sera que meilleur. D'autre part, on ne restera pas de marbre sous les déambulations des sensuelles sinuosités oratoires à la fois douces et puissantes de la sirène, voguant sur une mer limpide à la profonde agitation intérieure.
Au final, malgré quelques fragilités mélodiques et peu de variété atmosphérique, l'exercice de style convainc par une technicité instrumentale plus maîtrisée, des performances vocales plus matures, une qualité d'enregistrement de fort bon aloi et une cohésion groupale indéfectible. En outre, une recherche harmonique de fond transpire par tous les pores de cette mordante livraison et l'entreprise de séduction fonctionne de mieux en mieux, sans avoir à forcer le trait.
Outre les tubesques plages, parfois un poil trop brèves pour viser l'optimale efficacité, l'impression d'ensemble se dégageant de la galette reste en faveur du collectif, celui-ci ayant relevé le niveau d'écriture de ses compositions et resserré son jeu d'accords. Ce faisant, le groupe pourra espérer élargir le champ de son auditorat, notamment auprès des amateurs des sources d'influence sus-citées, l'habitant depuis ses débuts. Dans l'attente d'un troisième effort, celui de la confirmation, on pourra prendre le temps de s'imprégner des vibes communiquées par Sevi et ses comparses à l'instar de cette sémillante pièce en actes...
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