Et l'aventure continue, en mode acoustique, cette fois... Le point de départ de la fulgurante ascension du quintet bulgare a été amorcé par son précédent et encourageant effort, «
What Lies Beyond » (
2012), simultanément à ses nombreuses et remarquées prestations live, radio et télé locales. Peu après les trois mois consacrés au «
What Lies Beyond Tour », le groupe a souhaité conférer une coloration acoustique à son projet, reprenant de nombreux titres de sa première mouture, en les réarrangeant de manière à permettre à un public vierge ou acquis de les (re)découvrir sous un autre jour. Concept inspiré par une prestation live dispensée à la radio locale Z-Rock et qui a conduit à un concert totalement en acoustique fin
2012, enregistré au club 'Backstage' de Sofia en février 2013. Ce retravail en profondeur a précisément permis la réalisation de cet album live finement auto-produit de 9 titres égrainés sur une bande auditive de plus d'une demi-heure, un an à peine suite à l'accouchement de leur premier bébé. Une motivation indéfectible du combo qui a pour corollaire un investissement technique et artistique total, oeuvrant simultanément sur leur troisième clip vidéo.
Ce faisant, une facette intimiste et romantique de leur œuvre nous y attend, la qualité des arrangements ayant contribué à insuffler un petit supplément d'âme à plusieurs titres originellement distillés en version rock/hard rock, dans le sillage conjoint de
Doro,
Ela et
Bif Naked. Mais, le collectif, dont le line up s'est stabilisé depuis l'antérieur propos, ne s'est pas contenté de recycler ses initiales compositions pour nous rallier à sa cause, ayant opportunément rajouté deux titres inédits à cette nouvelle proposition, à l'instar de «
On My Own » et « You Don't Love Me ». De plus, une sélection drastique s'est opérée pour à la fois permettre une découverte de ses dernières compositions avortée de tout regard rétrospectif et éviter de réenclencher quelques titres phares, tels que le hit « Can't Stand the
Pain » ou les hypnotiques « Fairy », « Pleased to Meet You » et « The Love We Shared Tonight », susceptibles de tuer dans l'oeuf d'autres pistes mélodiquement moins accessibles.
Plus encore, cette livraison pourrait bien conférer une saveur particulière à ces dernières. Mais, entrons dans le vif du sujet sans plus attendre.
Comme annoncé, ces nouveaux enregistrements ont permis l'éclosion de deux titres encore inconnus du public, différenciés dans leur principe d'émission et judicieusement positionnés dans la setlist. D'une part, sur une touchante base en piano/guitare/voix, «
On My Own » feutre l'espace sonore de son paysage de notes tout de soie vêtu, avec un zeste de puissance en substance injectée sur les refrains, et ce, conjointement à une sensibilité à fleur de peau transparaissant dans les sémillantes sinuosités, avec quelques jolies montées en voix de tête, de la déesse. Des applaudissements nourris saluent déjà la prestation. D'autre part, « You Don't Love Me », plus bluesy, avec quelques touches country, laisse de légères percussions fouetter nos tympans et un banjo au picking alerte et bien inspiré nous pousser à un déhanché à peine voilé.
Plus féline que jamais, avec de franches impulsions corroborées à une insoupçonnée profondeur de coffre, la belle, pour sa part, contribue non moins à chauffer l'ambiance. Un peu répétitif, le cheminement mélodique ne saurait empêcher de ressentir la ferveur transpirant de cet instant frelaté où dansent harmonieusement les éléments. Une standing ovation se fait ouïr et nous fait comprendre qu'on aurait tort de sortir de la salle prématurément. La suite de l'opus leur donnera-t-il raison ou bien tort ?
Il est à remarquer que le combo a repris de façon totalement inattendue ses deux ballades, « Into You » et « If I'm Made for Loving You ». Pour rappel, la première nous avait laissé un goût doux-amer lors de la sortie de leur premier opus. On (re)découvre alors un morceau qui semble s'être métamorphosé, la déesse tenant davantage ses notes haut perchées, le piano la suivant toujours pas à pas, sans jamais prendre l'ascendant, et la communion est totale. Et ce, à l'instar d'une délicate plage de repos, certes encore en proie à quelques répétitions, mais qui, ici, apportent une connotation plus romantique, empreinte d'authenticité, moins perceptible sur la version studio. Un poil plus de relief de champ acoustique offre ce petit frisson qui manquait et que semble ressentir un auditoire conquis. Quant à la deuxième ballade, octroyée en un poignant guitare/voix, elle ne ratera pas son effet, loin s'en faut. Celle-ci se révèle tout aussi envoûtante qu'en version studio, avec quelques frasques oratoires bien senties dispensées en prime par l'inspirée interprète. Lorsque de somptueux arpèges au piano viennent à la rencontre d'un duo voguant avec célérité au fil de ses vibes, une onde vibratoire nous étreint le long de cet instant de félicité, apte à faire émerger une émotion d'un claquement de doigt. Une prestation remarquable entonnée à son tour par une assistance qui ne s'y est pas trompée. On l'aura compris, on ne quittera qu'à regret une piste éminemment addictive...
Sans oublier deux des hits de sa première cuvée, à savoir « Limited Edition » et «
Victim ». Totalement revisité, la première plage prend un visage plus country rock, propice à l'émergence d'un headbang subreptice. Une combinatoire instrumentale du plus bel effet nous installe sur une braise incandescente, avec non moins d'intensité rythmique que sur la première offrande. L'endiablé moment obéit aux portées de sa structure originelle, mais avec de subtiles variations un tantinet jazzy. Et la sauce prend, une fois de plus. Et que dire de «
Victim »... tout bonnement magistral ! Un profond silence s'installe d'abord. Se pourrait-il que le public ne l'ait pas reconnu dès les premières notes ? Signe que les effets de surprise sont de mise dans cette cuvée. Un ravissement de tous les instants les attend, avec des accords finement retravaillés, offrant un rayonnant et alternatif spot sur un véritable gemme.
Pas un bruit dans la salle tout le long, sinon le voluptueux guitare/voix, et la radieuse ritournelle ira à son terme sans encombres. En cruel bourreau des cœurs, la sirène use de toute l'étendue de son arsenal oratoire pour nous fair plier l'échine. C'est dire qu'il n'y a plus qu'à laisser le charme opérer et se laisser submerger par une émotion qui, assurément, n'aura aucun mal à toucher les âmes les plus asséchées. En atteste un public encore tremblotant, gagné par une émotion prestement et inconsciemment consentie, ne parvenant qu'avec grand peine à applaudir en fin de prestation, encore préoccupé par l'assèchement de ses chaudes larmes...
Enfin, les titres les plus virulents, d'obédience hard rock, ont été réaménagés à la sauce country blues, restitués avec talent et un stupéfiant filet d'inspiration. D'une part, le frondeur « Hot » dissémine ses truculentes rampes au piano et sa rythmique enjouée, alors qu'un jouissif sweeping vient nous lécher le pavillon. Non moins percutant qu'antérieurement, ce vivifiant instant offre une soufflante prestation instrumentale, la cohésion groupale étant ici à son apogée. On restera non moins suspendu aux lèvres d'une volcanique interprète, plus habitée que jamais, et ce, dans un registre qui lui sied à merveille. Quant à « Speed Up », il n'a de cesse de cracher son venin tout en se dotant d'une touche plus estampée bluesy qu'antérieurement. L'exercice s'avère redoutable d'efficacité, distillant au passage de beaux déliés à la guitare acoustique corroborés à une sautillante et grisante base percussive. Quant aux chatoyantes inflexions de la princesse, elles témoignent d'une puissance maîtrisée et d'un placement optimal, et touchent par leur caractère sauvageon et libertin. Enfin, tel un mustang en quête d'espaces infinis, « Run Away » assène ses frappes coalisées à une énergisante orchestration, piano en folie en tête. Cette piste au tracé mélodique linéaire et jouant sur la répétibilité de ses harmonies, comme pour mieux impacter l'auditeur, parvient également à nous retenir tant par les qualités techniques des musiciens que par les modulations d'une chanteuse faisant montre de maestria dans ce registre.
On ressort du spectacle enchanté par le brio instrumental et vocal affiché par le combo bulgare.
Outre les pistes inédites, le groupe a conféré une coloration harmonique singulière et nombre d'arrangements à celles déjà répertoriées dans le précédent méfait, et ce, tout en ayant veillé au respect des portées de chacune des partitions investies. En outre, une ingénierie du son de bon aloi a autorisé une sérieuse mise en valeur de la production, chaque série de notes apparaissant clairement, chose assez rare pour un live, même en acoustique. Nul doute que les amateurs de rock/hard rock ouverts aux touches bluesy, country ou jazzy y trouveront matière à satisfaire leurs exigences. Dynamique, touchant, chatoyant et d'une épaisseur artistique déjà efficiente, ce groupe a déjà les armes requises pour se propulser rapidement sur une scène metal élargie. Selon votre modeste obligé, il y a fort à parier que le valeureux collectif poursuivra son entreprise sur le long terme. En attendant, on va se rasseoir pour revivre cette demi-heure de félicité. Acoustiquement vôtre !...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire