Que de chemin parcouru par le quartet bulgare depuis ses débuts voilà déjà 13 ans ! Fort d'un actif studio de moult singles, de trois albums full length (l'encourageant «
What Lies Beyond », en
2012, suivi du palpitant «
The Battle Never Ends », en 2016, auquel succéda le chatoyant «
Follow Me », trois ans plus tard) et d'un album live, «
The Other Side of Sevi », en 2013, le groupe a également témoigné d'une intense activité scénique : plusieurs festivals à Sofia, sa ville natale, doublés de nombreux concerts en Europe, sans oublier quelques ouvertures de concerts de cadors de la scène rock et metal, dont Europe,
Nightwish,
Evanescence à Sofia, signe d'une reconnaissance par ses pairs tant des qualités compositionnelles que des prestations en live de la formation sofiote. Le temps semble désormais venu pour le prolifique collectif de porter l'estocade !
Mû par nouvel élan d'inspiration, mais connu pour ne pas chercher à précipiter les événements, le méticuleux combo revient dans les rangs, quelque quatre années plus tard, muni d'un quatrième album studio, répondant au nom de «
Genesis ». Aussi, effeuille-t-on une auto-production de 12 pistes dispatchées sur un ruban auditif de 42 minutes, concoctée par l'auteure/compositrice et interprète
Svetlana Bliznakova (dite ''Sevi''), le compositeur et bassiste Rally Velinov, – les deux concepteurs du projet –, le batteur Pavlin Ivanov et le guitariste Alexander Kirilov. Avec la participation, pour l'occasion de la pluri-instrumentiste Alexandra Zerner aux guitares, claviers et orchestrations, du chanteur américain aux puissantes inflexions Johnny Gioeli (
Hardline) et de Mirka Rantanen (
Circus Of Rock) derrière les fûts. Une belle brochette d'invités, s'il en est !
Dans la lignée de son prédécesseur, ce propos metal alternatif combine habilement les univers heavy mélodique, hard rock, électro, metal atmosphérique et symphonique ; aussi les sources d'influence seraient là encore à chercher du côté de
Lacuna Coil,
Bif Naked,
Ela,
Delain, Metalite et
Amaranthe, la touche personnelle en prime. Tout comme son devancier, ce quatrième élan jouit d'une production d'ensemble de bonne facture, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut et un mix équilibrant parfaitement lignes de chant et instrumentation, signé Marco Barusso (
Hate You). Mais embarquons sans plus attendre à bord du vaisseau amiral pour une croisière, espérons-le, ponctuée de terres d'abondance...
C'est sur une cadence soutenue que s'effectue le plus clair de la traversée, le combo parvenant alors bien souvent à aspirer le tympan du chaland. Ainsi, passée la brève mais délicate entame instrumentale d'obédience cinématique, « Intro », un headbang bien senti sera assurément généré sous l'impact des puissants coups de boutoir de son voisin de bobine, « Ghosts », mid/up tempo à la confluence de
Delain et de Metalite ; se parant d'un refrain catchy mis en exergue par les chatoyantes inflexions de la sirène, le ''tubesque'' méfait poussera à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder ni le vitaminé «
Shattered » ni le rayonnant «
Insane » tant pour l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'ils nous invitent à suivre que pour leurs grisants gimmicks guitaristiques. Deux hits en puissance à mettre à l'actif de nos acolytes, que l'on ne quittera qu'à regret.
Tout aussi vitaminées et bien que moins directement orientées vers les charts, d'autres pistes pourront à leur tour happer le tympan du chaland. Ainsi, pourvu de riffs crochetés adossés à une sanguine rythmique et de cinglants cooups d'olives, l'impulsif et ''amaranthien'' «
Genesis » génère une énergie aisément communicative. Dans cette énergie, eu égard à ses inaltérables assauts percussifs et à ses truculents schèmes d'accords, le tempétueux « The
Spell » n'aura de cesse de nous bousculer, pour mieux nous retenir, in fine, Et ce ne sont ni les sensuelles impulsions de la belle ni son fringant solo de guitare qui nous débouteront de ce ragoûtant manifeste, loin s'en faut. Enfin, pouvu d'un refrain certes convenu mais d'une redoutable efficacité et ne relâchant son étreinte qu'en de rares instants, le tonique et ''metalitien'' «
Hate You » aurait lui aussi de sérieux atouts pour nous retenir dans sa toile.
Quand le rythme de leurs frappes se fait un poil plus mesuré, nos compères trouvent à nouveau les clés pour nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, en premier lieu, «
Dark Knight », entraînant mid tempo au carrefour entre Metalite et
Amaranthe, eu égard à ses sémillants arpèges d'accords, à son refrain immersif à souhait souligné par les corrosives impulsions de la déesse et à son flamboyant solo de guitare. On pourra non moins retenir le ''lacunacoilesque'' mid tempo « Unreality » au regard de la félinité de ses couplets, de sa mélodicité toute de fines nuances cousue et de ses enchaînements intra piste des plus sécurisants. Pourvu, lui, du fin toucher de guitare d' Alexandra Zerner et des frappes sèches de Mirka Rantanen, et laissant entrevoir des couplets finement esquissés relayés chacun d'un sémillant refrain, l'engageant « Higher Than the Stars » n'est pas en reste. Mais là n'est pas l'argument ultime de nos acolytes.
Lorsque le message musical se fait plus apaisant, nos compères nous en viennent à nous livrer leurs mots bleus les plus sensibles, avec pour effet de générer la petite larme au coin de l'oeil. Ce qu'illustre, d'une part, «
Drowning », ballade romantique jusqu'au bout des ongles et aux airs d'un slow qui emballe. A mi-chemin entre
Lacuna Coil et
Delain, l'émouvante sérénade suit une sente mélodique des plus enveloppantes, sur laquelle évoluent à l'unisson les poignantes empreintes vocales de Johnny Gioeli et de la maîtresse de cérémonie. L'émotion requise ne nous étreindra pas moins sous l'impact des vibes enchanteresses exhalant des entrailles de «
World That Doesn't Fit », ballade atmosphérique d'une confondante fluidité mélodique, que n'auraient sans doute reniée ni Metalite ni
Ela. Mis en habits de soie par les ''siréniennes'' modulations de la princesse, l'instant privilégié comblera assurément les attentes de l'aficionado de moments intimistes.
A l'instar de son aîné, ce quatrième mouvement ravit par les qualités techniques et mélodiques de ses auteurs. Jouissant, en outre, d'une ingénierie du son coulée dans le bronze, les douze pistes de la goûteuse galette se suivent d'un seul tenant. Nous livrant une œuvre diversifiée sur les plans rythmique et oratoire, le combo bulgare a également veillé à étoffer sa palette en matière d'exercices de style et à affûter ses arrangements instrumentaux. Ayant, par ailleurs, gagné en maturité compositionnelle et affiné le trait de sa plume, la troupe aurait désormais les armes requises pour se hisser parmi les valeurs confirmées de son registre metal d'affiliation, et ce, en dépit de prises de risques encore timides. Ainsi, à l'aune d'un quatrième élan à la fois rayonnant et rageur, un brin enivrant, la route se poursuit sereinement pour le quartet sofiote...
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