Après avoir exploré les recoins les plus secrets de l'hiver avec son album du blanc
My Winter Storm, la voix de la Finlande revient transformée en ce milieu d'année 2010 avec son album du noir, j'ai nommé
What Lies Beneath. Nul doute que cette nouvelle sortie aura d'ores et déjà divisé, la pitoyable guerre entre pro-Tuomas et pro-
Tarja continue avec le même venin 5 ans après les faits. Pourtant, en écoutant cette nouvelle pépite, on peut bien considérer que
Tarja vit désormais loin de
Nightwish, affirmant son identité musicale et son intégrité artistique. D'ailleurs les critiques qui accusaient la chanteuse de diva capricieuse feraient bien de regarder le nombre de collaborations sur cet album, dépassant en un seul et unique album le nombre total de collaborations de
Nightwish avec d'autres artistes, et je ne parle même pas des musiciens du groupe.
Plus personnel et moins mystique, plus intime et moins mythologique
What Lies Beneath est aussi plus ouvert à d'autres pistes. Les titres sont variés, l'accompagnement musical est riche et de qualité, et les vocaux sont également variés et toujours plus puissants. Il est d'ailleurs amusant de remarquer que depuis son éviction du groupe, la chanteuse a signé deux de ses meilleures prestations vocales en studio, en deux albums successifs. Les arrangements symphoniques aussi sont toujours aussi léchés et de qualité, bien que l'album privilégie la mélodie aux pompeux arrangements, je l'encense d'ailleurs pour ce choix. Mais c'est surtout la partie purement metal qui a considérablement gagné en puissance et en qualité : que ce soit la batterie, indéniablement, qui a gagné en force et en maîtrise, mais aussi la guitare, plus incisive, plus dure mais aussi plus mélodique et riche. La basse enfin, s'affirme, renforçant le côté globalement sombre de l'album et aidant à développer certaines atmosphères.
L'album s'ouvre et se ferme sur les deux morceaux les plus novateurs : Anteroom of Death avec
Van Canto et Crimson Deep avec
Will Calhoun, choix judicieux, ces deux titres plus difficiles d'accès semblent protéger des titres parfois plus traditionnels ou attendus. Anteroom of Death est le titre le plus surprenant de l'album : inattendu, novateur, original, surprenant et sans aucun doute générateur de sentiments extrêmes. L'album s'ouvrant sur le rire de
Tarja est sans doute le signe d'une libération de l'artiste. La participation de
Van Canto sur la fin est sympathique mais n'apporte guère au morceau.
Crimson Deep est sans aucun doute la perle rare de l'album, un des meilleurs titres que la chanteuse ait jamais embellis de sa voix, elle signe d'ailleurs une prestation absolument sensationnelle : technique, puissante, émouvante, empreinte d'une puissance que bien peu peuvent s'enorgueillir. Le morceau, énergique et puissant, est rempli d'une qualité émotionnelle que les deux ballades faciles et dispensables de l'album : The Archive of
Lost Dreams et Rivers of
Lust ne peuvent que rêver. Les vocalises finales, de toute beauté ne sont pas sans rappeler le break de Sleeping Sun de
Nightwish, pour un final d'album de haut vol.
Réduire l'album à ces deux titres serait une hérésie, d'autres titres, certes plus convenus, comme
I Feel Immortal,
Until My Last Breath ou bien Little
Lies parsèment l'album, et s'ils ne révolutionnent pas le style, ils séduisent tout de même par leurs très belles mélodies et leur chant parfait. Quant au duo principal de l'album,
Dark Star, il étonne par son ambiance orientale, que l'on ne connaissait pas à l'artiste. Le morceau est de très bonne facture mais on peut émettre des réserves quant au choix du vocaliste, en la personne de Phil Labonte, chanteur de metalcore bien peu talentueux, écrasé par la voix de
Tarja dans les passages où leurs voix s'allient et n'offrant rien d'extraordinaire dans sa partie solo. La dernière participation de l'album, avec
I Feel Immortal, est une nouvelle version du single d'ouverture de l'ère
What Lies Beneath, titre qui m'avait profondément déçu à sa sortie et s'offre ici une nouvelle jeunesse avec le jeu unique du guitar hero, chacune de ses apparitions est un plaisir auditif et le solo remonte considérablement la barre du titre sans surprise auquel nous avions eu droit à l'heure de sa sortie.
Enfin je ne saurais parler de cet album sans parler de In For a
Kill, une chanson absolument magnifique et surprenante, dont le final du refrain de ce titre est marqué par une note magique qui me rappelle à chaque fois le final de Phantom of the Opera du concert qui figure sur le DVD Enf of an Era. Jouissif.
Les deux ballades de l'album sont, quant à elle, seulement bonnes, si elles sont prises seules, mais cassent l'effet de l'album. La chanteuse est bien loin d'avoir besoin de ballades de cet acabit pour émouvoir, elles n'ont guère plus d'intérêt dans l'album que de faire ressortir les autres morceaux.
Les titres bonus de la version limitée sont, quant à eux, très bons, Naiad en tête, titre qui mériterait amplement de figurer sur l'album, et We Are une chanson de bonne facture qui pourrait remplacer une des deux ballades dispensables. Le choix de ces titres en bonus est donc contestable. Enfin la reprise de
Whitesnake, Still of the
Night, plus réussie que le
Poison d'
Alice Cooper, surtout ce break central orchestral très original et bien pensé, montre une fois de plus l'amour de la Dame pour le metal.
Ainsi s'achève l'album du noir de
Tarja, un album résolument différent de son prédécesseur et difficilement comparable. Un album qui prouve que
Tarja vit, loin de
Nightwish, et un album qui n'annonce que du bon à venir.
Aden : merci pour ta chro
Je suis en train de réecouter les deux albums et, franchement, je reste sur l'opinion exprimée dans la chronique. Les albums sont différents, mais niveau intesité émotionnelle, dans WLB, Tarja assure complètement. Après, à chacun son avis. Bon, 19/20 c'est peut-être un peu trop. Disons 18.5/20 (arrondi vers le supérieur ;)
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